Des citoyens crient leur colère

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Les mal-logés, résidant au siège du Croissant rouge algérien, ont procédé, dans la journée d’hier, à la fermeture de la rue Rabah Souibes, menant vers la clinique Sbihi, ainsi que celle longeant le stade Oukil Ramdhane, toutes deux au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Ils usèrent de pneus, de troncs d’arbres et autres poubelles en feu, pour couper les deux artères à la circulation. Ils dénonçaient le retard enregistré dans leur relogement. Les manifestants ont accroché des banderoles sur les murs du siège du CRA, sur lesquelles on pouvait lire : « Non à la marginalisation ! », « SOS habitations sous risque d’effondrement », ou encore « Depuis 1994 à ce jour que des promesses, nous sommes étrangers chez nous »…etc. En effet, 19 familles vivant au siège du CRA et dans des baraques de fortune implantées sur le terrain de la dite structure, vivent dans la précarité depuis 1994. « Cela fait 20 ans que nous attendons d’être relogés. Les autorités nous ont promis des logements dans la zone des dépôts du quartier Sud-ouest, des logements de type (RHP) (résorption de l’habitat précaire). Nous les avons visités récemment. Les logements sont terminés mais on nous a dit qu’il restait encore les assainissements à faire… Mais jusqu’à quand allons nous attendre ! Inquiet de ne rien voir venir, nous avons décidé de passé à l’action », nous indiquera l’un des protestataires.  Les protestataires nous ont fait visiter quelques-unes de ces habitations de fortune. Nous avons pu constater que ces dernières sont effectivement sur le point de s’effondrer. Elles sont sillonnées de fissurations au niveau des murs et du plafond. Les eaux usées coulent à même le sol. Les différentes familles ne sont séparées les unes des autres que par des rideaux. Et celles-ci s’entassent à trois ou à quatre dans des pièces exiguës. « Comme vous pouvez le voir, nous vivons, ma famille et celle de mon fils, dans une seule pièce, séparés juste par un rideau. Aucune intimité. La nuit, nous sommes obligés de faire nos besoins dans un seau pour ne pas sortir la nuit. Même les sanitaires de l’extérieur, c’est nous qui les avons improvisés… », nous confiera l’une des résidentes. « J’habite ici depuis 20 ans. Mes quatre enfants ont tous grandi ici, dans cette précarité. Jusqu’à quand allons-nous attendre ! Nous avons tout supporté durant toutes ces années, dans l’espoir d’être un jour relogés. Les rats grouillent entre les jambes de nos enfants et les égouts coulent à ciel ouvert. Ce sont là des conditions de vie inhumaines. Nous voulons vivre dans un logement décent, c’est tout ce que nous demandons », poursuivra la mère de famille.

Karima Talis

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