Nous sommes le dimanche, à vingt minutes de l’appel du muézin à la prière du Maghreb. Le portail de l’école Ibn Rochd, sise rue de la Liberté au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, s’ouvre et quelques 400 à 500 personnes entrent et s’attablent pour rompre le jeûne. Les couples et les femmes seules prennent place dans la salle de la cantine de l’établissement, tandis que les hommes seuls eux sont placés autour de tables installées dans la cour. Cette opération de solidarité dénommée Meidat Ramadhan a été initiée par l’APC de Béjaïa. Le chef cuisinier, El-Hachemi Bouabdellah, nous expliquera que tous les repas sont à consommer sur les lieux et que tous qui se présentent à sa porte à l’heure f’tour sont les bienvenus. Il nous précisera : « ce sont surtout des voyageurs, des ouvriers des chantiers environnants qui ne peuvent renter chez eux et des camionneurs qui viennent charger des marchandises au port. Nous recevons également des veilleurs de nuit qui viennent rompre leur jeûne et rejoignent juste après leurs postes de travail. Nous accueillons aussi quelques SDF et autres personnes démunies de la localité ainsi qu’un certain nombre de réfugiés syriens ». Notre interlocuteur nous dira par ailleurs qu’il y aurait une autre structure qui prend en charge d’autres personnes tels un grand nombre de Nigériens qui ont fait leur apparition ces dernières semaines à Béjaïa. Pour ce qui est du menu, le chef cuisinier nous confiera que les repas sont constitués de ce que la plupart des gens mangent chez eux durant le mois du ramadan. « Il y a évidemment de la chorba frik ou langues d’oiseaux avec viande, une salade, un plat de résistance qui varie d’un jour à l’autre : soit une bonne assiettée d’olives dénoyautés avec poulet, soit des haricots blancs ou du bon couscous. Tous ces plats sont toujours garni d’un bon morceau de viande ». Le dessert, nous dira notre interlocuteur, varient entre des yaourts, des bananes, des nectarines ou des pêches. Nous apprendrons également qu’un plat témoin est gardé pendant 24 heures au réfrigérateur à toute fin utile. Quant aux boissons, il y a à chaque table des bouteilles d’eau minérale et des limonades bien fraîches. A noter qu’une équipe composée de 25 personnes, dont six volontaires, tient les lieux et les ustensiles dans un état de propreté irréprochable. Notons enfin que si l’essentiel du ravitaillement de cette Meidat Ramadhan est assuré par l’APC, à qui revient bien sûr tout le mérite de cette action, les dons de certains bienfaiteurs ne sont pas à négliger. Et la prise des repas, assure le chef cuisinier, se déroule chaque soir dans une ambiance familiale.
B. Mouhoub