Des instructions ont été données, il y a un peu moins d’une année, par le wali de Béjaïa, aux chefs de daïras, pour une meilleure prise en charge des doléances des citoyens, notamment en ce qui concerne la délivrance des permis de conduire et des cartes grises. « Vous êtes tenus de délivrer ces documents en l’espace d’une journée », leur avait-il enjoint, tout en les exhortant à améliorer le service public. Pour ce faire, une commission de wilaya en charge de « réhabiliter le service public » a été installée. Elle a pour mission d’établir, puis de transmettre, mensuellement, des rapports détaillés au ministère de l’Intérieur. Cette démarche s’inscrit dans l’esprit des dernières instructions du gouvernement visant à lutter contre la bureaucratie et l’amélioration du service public. Dans ce cheminement, le chef de l’exécutif de wilaya a instruit les chefs de daïras à l’effet d’instituer des journées de réception des citoyens et trouver des mécanismes pour la prise en charge de leurs doléances. Des doléances qui seront transmises à la commission de wilaya qui se réunira tous les lundis au siège de la wilaya. Même les week-ends, a-t-on promis, des permanences seront assurées. N’empêche que le fossé entre administrés et administrateurs n’a cessé de se creuser au fil des années, en dépit des multiples notifications adressées aux directeurs de l’exécutif de wilaya, les chefs de daïra et les P/APC. Malgré cette panoplie de mesures, les citoyens peinent souvent à obtenir des documents au niveau des différents services publics. Des citoyens sont contraints, très souvent, de faire d’innombrables allers et retours et auxquels on demande à chaque fois de nouvelles pièces pour la constitution des dossiers. Des pièces des plus superflues. « Je viens tous les jours au niveau de ce service pour renouveler mon permis de conduire, mais le préposé au guichet, après m’avoir toisé me dit de revenir une autre fois sans me fournir la moindre explication », fulmine un quadragénaire, accosté à la daïra de Béjaïa. La complexité des procédures d’instruction des dossiers conduit à des lenteurs exaspérantes. Le pire, c’est le manque ou carrément l’absence d’informations pour les citoyens, concernant les suites réservées à leurs doléances. Les conditions d’accueil ne sont pas non plus reluisantes. Avec les nouvelles assemblées populaires communales et de wilaya élues, les citoyens espéraient non seulement une meilleure prise en charge de leurs problèmes mais aussi des rapports plus humains avec ceux qui sont supposés les représenter. A chaque demande d’audience avec le maire, les citoyens reçoivent dans la figure les sempiternels « le maire est en réunion, le maire est en conférence, le maire est très occupé revenez la prochaine fois ». A croire qu’on fait exprès de programmer toutes les réunions le jour réservé à la réception du public. Et quand l’entrevue est enfin obtenue, l’agent d’accueil, usant et abusant de son poste, s’offre un malin plaisir à narguer les citoyens au lieu de les orienter correctement. Heureusement, il existe encore des mairies où les citoyens sont bien reçus et écoutés avec tout le respect qui leur est dû. Mais il arrive souvent, dans certaines communes, que des citoyens, qui en ont assez d’être balancés d’un service à un autre sans que personne ne règle leur problème, demande à voir le premier magistrat de la commune pour lui exposer leurs problèmes et lui suggérer éventuellement des solutions, mais c’est là qu’ils apprendront, avec dépit, que le maire n’est jamais présent. Dans certaines communes, si ce n’est la plupart, avant d’avoir l’insigne privilège de discuter avec le maire, le pauvre citoyen aura à revenir plusieurs fois et à subir à chaque fois l’arrogance et le mépris du planton. Et quand enfin le citoyen entre dans le bureau de l’élu des citoyens, celui-ci, au lieu d’écouter son administré exposer son problème, lui coupera plusieurs fois la parole par des mots du genre « Je ne dispose pas de la bague de Salomon ».
F.A.B.