C’est la crise à bouira !

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Le problème du manque de transport public, au niveau de la wilaya de Bouira, se pose toujours avec acuité.

Cette problématique, car s’en est bien une, s’est carrément taillée la part du lion lors de la dernière session de l’APW, dans la rubrique « divers ». En effet, bon nombre d’élus ont dénoncé le « calvaire » des citoyens, à vaquer à leurs occupations ou bien se rendre à leur lieu de travail ou pire encore, se soigner faute de moyens de transport. Un élu de la commune de Maâla a notamment élu toute l’assistance en évoquant le cas de certains villageois perchés à plus de 1 000 mètres d’altitudes et qui, faute de transport, ne peuvent guère se permettre le « luxe » d’aller se soigner en ville. Même si dans les grandes villes, à l’image du chef-lieu de la wilaya et les grandes agglomérations, cette « pénurie » se fait moins sentir. Ainsi, c’est du côté des petites et moyennes agglomérations, ou encore dans les villages et autres bourgs, que les citoyens se retrouvent coupés du monde. En effet, dans les communes de Kadiria, Maâla, Zbarbar, Bouderbala, Souk Lekhmis, pour ne citer que celles-ci, les transporteurs privés rechignent encore à s’y déplacer.

Des villageois coupés du monde

 

Les exemples ne manquent malheureusement pas afin d’illustrer cette situation pour le moins cauchemardesque que vivent les usagers. Dans la commune de Bouderbala, à plus de soixante-dix kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, les villageois sont carrément coupés du monde faute de moyen de transport. En effet, depuis plusieurs mois déjà la situation est devenue quasi insupportable pour les citoyens. Ces derniers ont adressé selon un élu de la région qui s’est exprimé lors de la dernière session de l’APW, plusieurs correspondances aux responsables de la DTW, afin de manifester leur ras-le-bol et leur désarroi. D’après certains usagers rencontrés, cette insuffisance en matière du transport public serait due au manque des autorisations d’exploitation des lignes de transport sur l’axe routier Bouderbala – Lakhdaria et Kadiria. Lors de notre passage sur les lieux, il nous a été donné de constater que ses habitants souffrent quotidiennement du manque de transport. Ils attendent des heures pour qu’un quelconque moyen de transport de transit vienne de Lakhdaria, des transporteurs desservants Kadiria, via la localité de Djebahia. Le même cas est signalé du côté de la commune d’Ain Laloui, sise à 20 kilomètres au sud-ouest de Bouira. Rencontrés sur les lieux, des citoyens de Aïn Laloui nous ont informé que les premières victimes de ce déficit restent, notamment les écoliers et les travailleurs qui ne peuvent arriver à l’heure à leurs établissements scolaires et leurs lieux de travail pour les travailleurs. «Ça a trop duré ! On en a marre de ce diktat imposé par les transporteurs. Tout le monde est au courant de la situation, mais l’on s’obstine à faire la sourde oreille. On nous avait promis une ligne Aïn Laloui-Bouira pour alléger le transport, mais jusqu’à présent rien n’a été fait. Nous passons de longues heures à attendre à l’arrêt de bus, en vain». Même topo au niveau du petit bourg de Kerfala, relevant de la commune de Djebahia. En effet, ce petit hameau, situé sur les hauteurs de ladite municipalité ne dispose pratiquement pas d’arrêt de bus, au grand dam des citoyens. Ainsi et selon plusieurs témoignages, les usagers sont obligés de parcourir plus de 12 kilomètres à pied, afin de regagner l’arrêt de bus le plus proche, situé à l’intersection entre Kadiria et Djebahia. «Depuis plusieurs années, on n’a pas cessé d’exiger l’installation d’un arrêt de bus pour nous et pour nos enfants, mais à chaque fois, les autorités concernées font la sourde oreille !» explique ce père de famille. Et d’ajouter pour exprimer son inquiétude : «Je suis obligé de sortir très tôt de mon domicile et chercher un taxieur clandestin afin qu’il me dépose à proximité de mon lieu de travail. J’en ai quotidiennement pour 400 DA de frais de transport ».

Le bonheur des clandestins

Comme le dit si bien l’adage, «le malheur des uns fait le bonheur des autres». Les autres sont, pour le cas qui nous intéresse, les chauffeurs de taxis ou encore les fraudeurs. L’un comme l’autre profitent allègrement de la situation pour faire «leur beurre» sur le dos des citoyens. En effet, ils ne semblent se soumettre à aucune réglementation. Ils imposent leur diktat de la pire des manières aux usagers. Cette loi de la jungle on la retrouve du côté de la tarification appliquée par ces «professionnels», comme ils aiment à se définir. Ainsi, pour un trajet d’à peine 2 à 3 kilomètres, ces taxieurs exigent 100 voire 150 DA. Pour deux kilomètres de plus, ils en redemandent 100 DA de plus. Pour parcourir une dizaine de kilomètres, l’addition peut s’avérer très salée. À titre d’exemple, le prix d’une course Kadiria-Lakhdaria, à 15 km l’une de l’autre, est fixée à 300 DA, voire 400 aux heures de pointe. Afin de comprendre l’origine de cette tarification hallucinante, attache a été prise avec le représentant de ces «professionnels» du transport. Cependant, et à notre grande surprise, on s’est retrouvé face à plusieurs représentants «auto proclamés», ne jouissant d’aucune crédibilité auprès des taxieurs. D’ailleurs, ces derniers nous ont clairement dit : «Nous n’avons pas de représentants!», cela en dit long sur l’anarchie qui prédomine dans le secteur. Face à cela, certains citoyens se rabattent sur les clandestins qui proposent des tarifs tout aussi prohibitifs, mais avec une certaine disponibilité que les taxieurs n’offrent pas. Ainsi, certains usagers, pour se rendre à leurs domiciles, sont obligés de faire appel à des clandestins qui profitent eux aussi de l’absence de contrôle pour imposer leur diktat aux clients. «Pour regagner mon domicile, le soir, je suis obligé de payer 450 DA pour un taxi clandestin, sinon, je devrais faire du stop et ce n’est guère évident. Moi, je me permets de louer quotidiennement un véhicule, mais il y a ceux qui ne peuvent pas», dira un habitant de la commune de Kadiria, qui fait quotidiennement la navette entre sa commune et Bouira-ville. Et d’enchaîner : «Bouira est devenue, ces dernières années, une grande ville. De ce fait, un plan de transport urbain s’impose». Ceux dont le revenu est faible n’ont d’autres choix que de faire le long parcours à pied.

Ramdane B.

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