Le ministre des Travaux Publics, M. Abdelkader Kadi, s’en est violemment pris, avant-hier vendredi, lors de son déplacement à la wilaya de Médéa, aux entreprises «récalcitrantes» activant dans son secteur. Ainsi, le ministre a exhorté les entreprises défaillantes à «mettre un terme aux dépassements injustifiés des délais de réalisation contractuels des projets routiers», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : «Il faudrait en finir avec les retards et les dépassements injustifiés des délais de livraison des projets inscrits au profit du secteur des travaux publics». Ces remontrances peuvent largement s’appliquer et concerner les entreprises activant au niveau du tronçon autoroutier reliant Bouira à Lakhdaria, sur une distance de 33 kilomètres. En effet, ce projet, qui devait s’achever cette année, accumule les retards et les arrêts. Les entreprises engagées dans ce chantier, à savoir l’ETRHB Haddad et Altro, le tout chapeauté par l’Agence nationale des autoroutes (ANA), ont fait montré une défaillance manifeste dans la gestion de ce dossier. Et pour cause, les travaux de mise à niveau de cette portion d’autoroute, avancent à pas de tortue, pour ne pas dire qu’ils sont carrément à l’arrêt. Les automobilistes empruntant ce «tronçon de la mort», tant son état de délabrement est avancé sont exaspérés de le voir un jour terminer. Depuis leur installation au mois de novembre 2012, ces entreprises ne cessent de se dérober à leurs engagements. Pourquoi? Et bien, c’est là que le qualificatif «injustifié», prend tout son sens. Car et de l’aveu même du wali de Bouira, ce projet connaît des «retards injustifiés». Nulle opposition, ni la moindre contrainte technique n’ont été relevées, qui pourraient justifier et expliquer tant d’atermoiements. La seule explication plausible réside dans l’incompétence et la défaillance des dites entreprises. Interrogé à ce propos, le DTP de Bouira a soulevé à demi-mot, ce constat, en déclarant : «Le tronçon Lakhdria-Bouira nous pose un véritable problème. Cependant, je ne peux rien vous dire à ce sujet, car il ne relève pas de mes prérogatives. De plus, il y a des entreprises qui en ont en charge. Seul le ministre peut débloquer la situation.» On peut en déduire de cette déclaration que même les responsables locaux sont agacés par cette situation pour le moins kafkaïenne. Mais l’ANA a également sa part de responsabilité dans cette affaire. Comment? Jusqu’à preuve du contraire, c’est à cette agence qu’incombe la tâche de suivre et d’évaluer l’avancée des travaux. Et dans le cas échéant, ces travaux sont au point mort. La négligence de l’ANA, car s’en est bien une, a été dénoncée à maintes reprises par l’actuel wali de Bouira qui n’a pas hésité à «charger», l’année dernière, cette agence en la qualifiant d’incompétente. Une année s’est écoulée et peu de choses ont évolué! Alors, à partir de ce constat peu reluisant et même accablant, des questions se posent d’elles-mêmes : Jusqu’à quand les autorités publiques et plus précisément le ministère de tutelle doit-il accepter le «diktat» de ces entreprises? Qu’attend le ministère pour prendre les mesures qui s’imposent afin de délivrer ce projet des «griffes» de ces entreprises défaillantes? Au mois d’avril dernier, le wali de Bouira avait annoncé que des «changements majeurs» allaient intervenir dans ce dossier. Jusqu’à présent, rien de concret n’a été avancé du moins publiquement.
Ramdane Bourahla