Entre défaillance et manigance

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La grogne des « exclus » des logements sociaux, qui secoue la ville de Bouira et diverses autres localités de la daïra, a démontré une certaine mauvaise gestion, pour ne pas dire une défaillance manifeste de la part des autorités locales, quant à ce dossier brûlant. 

Mais les services de l’APC et ceux de la daïra ne sont pas les seuls responsables de cette anarchie. Certains propriétaires, ou du moins leurs représentants, sont également ‘’coupables’’.  De quoi ? D’au moins deux des sept péchés capitaux, à savoir : la cupidité et l’avarice. 

Le chef de daïra pointé du doigt 

Tout d’abord et comme preuve que les autorités concernées ont fait preuve de ‘’bricolage’’, dans cette affaire, les listes des bénéficiaires des logements viennent d’être gelées, sur ordre du wali. Si les pouvoirs publics avaient pris toutes les dispositions et fait «  le ménage », dans ces listes de la discorde, l’annulation n’aurait pas eu lieu. Cette ‘’reculade’’, car c’en est bien une, suggère que tout n’est pas aussi net dans ce dossier. Selon M. Noureddine Amar-Khodja, un des propriétaires au niveau du haouche 26 Aissat-Idir de Bouira, le chef de daïra de Bouira serait derrière toute cette affaire. «  Le chef de daïra de Bouira, n’a pas fait correctement son travail. Il s’est permis quelques écarts au mépris de la loi ! », a-t-il affirmé d’un ton sec. Pour ce propriétaire, le chef de daïra de Bouira n’aurait pas respecté ses engagements : « Nous avions conclu un accord et signé un engagement avec le chef de daïra, stipulant que nous nous engageons à démolir et nettoyer les haouches en cas de recensement de toutes les familles. Cependant, sur 19 familles concernées, seulement neuf ont été relogées. Les dix autres, croupissent encore  dans la misère et l’insalubrité la plus totale », a-t-il regretté. M. Amar-Khodja dénoncent « les interférences » qui ont eu lieu au moment de la confection des listes. «  Je suis affirmatif sur le sujet, il y a eu des interférences pour ne pas dire collusion dans cette affaire. Nous avions respecté nos engagements, sur le plan financier, il n’y avait aucun problème. Franchement, je ne comprends pas comment ces listes ont été confectionnées », s’est-il interrogé. Il est vrai que les autorités locales, à l’instar de l’APC et la daïra, ont fait preuve d’une certaine opacité dans la gestion de ce dossier. Aussi bien le P/APC de Bouira que le chef de daïra ont maintenu le doute, voire entretenus la suspicion autour de ces fameuses listes. Au mois de juin dernier, et selon des sources dignes de foi, les services de l’APC se réunissaient jusqu’à des heures tardives de la nuit et même jusqu’au petit matin, afin d’élaborer ces listes, le tout dans le plus grand secret. Pourquoi autant de mystère ? La situation explosive dans laquelle se trouve la wilaya résulte en premier lieu de toute cette opacité et de ce flou qui entourent l’épineux dossier des haouches et du vieux bâti à Bouira. 

Manigances à tout va !

Mais au fil des évènements et des déclarations, l’on se rend très vite compte que les pouvoirs publics, comme les locataires et propriétaires,  ont été « menés en bateau » par certains individus sans scrupule, le tout sous-couvert d’un comité de quartier, ou bien représentant qui  ne représentaient au final qu’eux-mêmes et leur proche entourage. Ainsi, et d’après M. Bouchen Abdelkrim, propriétaires d’un haouche au niveau du 21, rue Aissat Idir, leur représentant, répondant aux initiales B.R, aurait « éjecté » plusieurs familles qui devaient être relogées. «  En tant que propriétaire, j’ai donné toutes les facilitations aux autorités. Personnellement, j’étais prêt à céder mon terrain, en faisant un désistement chez un notaire, mais à condition de démolir ce haouche et reloger les familles », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : «  Mais à ma grande surprise, j’ai appris que cette personne qui devait nous représenter chez le chef de daïra, nous a dupés ! C’est le chef de daïra en personne qui me l’a dit ! ». Selon M. Bouchen, le dénommé B.R a quant à lui bénéficié d’un logement, chose que nous avons pu vérifier. Pour ce propriétaire, le cas du haouche 21 Aissat-Idir, devrait être réétudié de fond en comble. «  Il y a eu absence de contrôle d’une part. Et je l’avoue volontiers, nous avons été victimes de manigances ».  Par la suite, M. Bouchen tonnera comme suit : « Mon dossier de demande de logement traîne depuis plus de 24 ans à la daïra. N’ai-je pas le droit de bénéficier d’un appartement décent, qui me protégerait moi et ma famille. Nous sommes las d’attendre ! ». Avant d’affirmer également que de nombreuses familles des haouche du centre-ville de Bouira n’ont pas, elles non plus, bénéficié d’un logement, et ce, malgré les nombreuses promesses qu’elles ont eues : « Pas moins de 10 familles habitent dans ce haouche construit en 1910 et qui menace de s’effondrer à n’importe quel moment. Toutes sont recensées et doivent être relogées dans les logements décents. Mais malheureusement, une seule famille figure sur la liste affichée. C’est scandaleux ! ».  Si on y regarde de plus près, un autre sombre personnage apparait dans ce dossier. Il s’agit du dénommé A.A.K, qui selon M. Bouchen et Amar Khodja, était de tous les coups. Il est vrai que cette personne a été désignée par on ne sait quel subterfuge, comme représentant de deux haouches à la fois, Aissat Idir et Abane Ramdane. «  Ce monsieur (A.A.K) a usé et abusé de son pouvoir de président de comité de quartier, pour orienter les listes à sa guise », nous a déclaré un propriétaire au niveau de haouche Aissat Idir. A travers tout ce qui a été relaté il est aisé de comprendre que le dossier des haouches de Bouira souffre d’innombrables anomalies. Les défaillances des uns s’entremêlent avec les manigances des autres. Le tout au détriment des familles.

Ramdane Bourahla

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