Depuis la fin du mois de juin, la situation au niveau de la Société Groupement des Matériaux de Construction/ SPA, l’ex SNMC, sise sur la RN 68 au lieu-dit El Mers, n’est plus au beau fixe. Le torchon brûle entre quatorze actionnaires, sur les vingt-cinq que compte ce groupement, et la direction de ladite société. Dans leur pétition, datant du 28 juin 2014, dont nous détenons une copie, les signataires demandent, en plus des éclaircissements sur la « gestion opaque » des affaires de la société le retrait de confiance au directeur. « Lors de l’assemblée générale tenue le 21 juin dernier, le directeur s’est contenté seulement de faire la lecture du bilan financier. Quant au point relatif au renouvellement du conseil administratif, il l’a évacué de l’ordre du jour prétextant que les statuts de l’entreprise sont clairs à ce sujet et il n’est pas possible de procéder à son renouvellement », nous confiera M. Amichi Rachid, l’un des actionnaires. Ce dernier et deux autres actionnaires, que nous avons rencontrés nous diront, par la suite, que le directeur recourait au licenciement abusif de travailleurs et qu’il utilisait les moyens de la société à des fins personnelles. « Nous avons décidé d’entamer une grève à partir du 5 août, mais le jour venu, nous avons constaté que tous les travailleurs étaient mis en congé. De toute façon, le compte bancaire de la société est bloqué il ne fera rien. Nous demandons son départ », ajoutera le même interlocuteur. Les pétitionnaires rencontrés, selon leurs dires, ont décidé à aller jusqu’au bout. Pour en savoir plus sur la situation de cette entreprise par actions qui fait vivre au moins trente-cinq familles sans compter bien sûr les travailleurs embauchés temporairement, selon son plan de charge, nous avons pris attache avec son directeur. D’emblée, M. Améziane Menad, nous dira que les desseins de quatre à cinq actionnaires qui sont d’ailleurs soit licenciés, soit en congé maladie à l’origine de cette pétition, ont été dévoilés. « Les griefs retenus contre le conseil de l’administration ne sont que mensongers. Ils veulent déstabiliser la gestion de la société en nette amélioration », nous confiera-t-il. Et de poursuivre : « Le conseil de l’administration accusé de gestion opaque a hérité d’une situation de pré faillite et de cessation de paiement de la SPA (arriérés de dettes fiscales, domaniales, salariale et parafiscale de plus de huit millions de dinars et actif négatif de près de quatre millions de dinars jusqu’au trente juin 2011. Ce conseil d’administration accusé de tous les maux n’a réellement pu activer qu’à partir de l’exercice 2012 à cause des difficultés de toute sorte qu’il a rencontrées ». Le directeur dans une réplique transmise aux pétitionnaires, par voie d’un huissier de justice, le treize juillet dernier, détaillera la situation de la SGMC par des chiffres qui, nous dira-t-il, ont été approuvés par le commissaire au compte et lus devant l’AG au mois de juin dernier. « Que ces signataires sachent que le déficit de l’exercice 2011, qui est de l’ordre de plus de dix millions de dinars, est imputable au conseil d’administration sortant dans lequel certains pétitionnaires activaient. En 2012, le résultat de l’exercice a vu un équilibre charges-produits et en 2013 un résultat bénéficiaire de plus de six cents millions de dinars et un actif net positif de plus de quatre millions de dinars. Et au lieu d’encourager et de renouveler la confiance à ce conseil, ils trouvent l’audace et le moyen de le révoquer. Ce n’est qu’un règlement de compte affiché et un moyen de vouloir mener la société à la dérive qui sont visés à travers cette pétition », soulignera le directeur dans ladite réplique. Concernant la vente des matériaux de construction, M. Améziane exhibera devant nous un registre de commerce légal arraché au profit de la société en guise d’apport par cette vente de matériaux. Pour ce directeur, si réellement ces pétitionnaires étaient convaincus de la véracité de leurs « accusations », ils porteraient l’affaire devant le tribunal qui est la seule autorité territorialement habilitée à trancher sur le tort ou la raison des uns et des autres. « Pour le renouvellement du conseil d’administration, les statuts de l’entreprise, datant de 1999, sont clairs à ce sujet. Il est élu pour un mandat de six ans renouvelable. Le seul cas où son renouvellement est accepté si les demandeurs comptabilisaient 75% des actions de la SPA et ce n’est pas du tout le cas», nous éclairera à ce sujet le premier responsable de la SGMC. De son côté le représentant syndical de l’UGTA affirmera qu’aucune demande de grève ne lui a été transmise. En guise de conclusion, le directeur estimera que les objectifs de l’entreprise sont atteints et il dira que jusqu’au jour où le compte de l’entreprise est bloqué tous les salaires des travailleurs sont versés à l’exception de celui de juillet pour la raison évoquée ci-dessus. « Actuellement, l’affaire du blocage du compte par la BDL est en justice. Alors, j’ai préféré mettre le personnel en congé en attendant la suite qui sera donnée à cette affaire », nous dira M. Améziane qui appelle les signataires de la pétition à porter plainte devant la justice pour mauvaise gestion et révoquer par la même occasion le conseil d’administration. « Puisque les choses ont pris cette tournure, nous informons ces actionnaires qu’une plainte vient d’être déposée contre le conseil d’administration ayant activé entre septembre 2010 et juin 2011 pour mauvaise gestion », telle est l’autre information fournie par notre interlocuteur. « Je terminerai par informer l’opinion publique que le chiffre d’affaire de l’entreprise de 20 millions de dinars est passé en 2013 à 127 millions de dinars. C’est dire que les indicateurs de gestion sont positifs », conclura M. Améziane Menad. C’est un conflit qui ne vient que de commencer. Quel sera le sort de la SGMC qui a été sauvée de liquidation en 2011 ?
Amar Ouramdane