De tous les incendies qui se sont déclarés dans la région de Draâ El-Mizan, celui qui a touché la commune de Aïn Zaouïa, notamment Boumahni et Laâziv N'Cheikh, a été le plus dévastateur.
Vers les coups de dix-huit heures de la journée de lundi dernier, un départ de feu qui s’est déclaré au lieu-dit Aghdhi se propagea dans toute cette vaste contrée. Les flammes ayant pris dans les oliveraies et les chênes-lièges ont atteint des dizaines de mètres de hauteur faisant déjà craindre le pire aux habitants des villages à la lisière de ce massif forestier. Toute la population s’est mobilisée avec les moyens du bord (bêches, pelles, râteaux, branches d’arbres) et s’est attaquée aux flammes avant l’arrivée des sapeurs-pompiers de l’unité de Draâ El-Mizan. Sitôt sur les lieux, les soldats du feu ont commencé à organiser les secours en formant un cordon de sécurité autour des habitations menacées. La lutte contre les flammes a été sans merci, mais la situation est très vite devenue intenable. Avec l’arrivée de tout l’exécutif et du maire qui a écourté son congé des renforts ont été demandés, notamment de Tizi-Ouzou. La colonne mobile de la protection civile a été alors dépêchée sur les lieux. Et c’est ainsi que la lutte a continué jusqu’à six heures du matin de la journée de mardi. Les agents de la protection civile n’ont quitté les lieux qu’après l’extinction du dernier foyer. Si ce gigantesque feu de forêt a été finalement circonscrit, il ne restera de cette belle végétation luxueuse et de ces oliveraies et vergers que des cendres. L’endroit n’est plus que désolation. Depuis cette catastrophe, parce que c’en est une, les oléiculteurs se rendent chaque matin dans leurs champs regarder, impuissants et abattus, leurs plantations parties en fumée. Ils n’ont plus que l’espoir d’être indemnisés. « A chaque fois qu’une catastrophe naturelle a eu lieu, les pouvoirs publics étaient là accordant aux victimes des indemnisations. Mais ça n’a jamais été notre cas, nous les propriétaires des oliveraies. Au mieux, ce sont de jeunes arbres qui sont mis à la disposition de personnes ruinées. Certes, il est important de remplacer les arbres décimés, mais il faudrait quand même compenser la perte de la récolte qui ne viendra que dans au moins une dizaine d’années. Notre situation doit être traitée comme toutes les autres, comme défini dans le cadre des calamités naturelles », nous dira cet oléiculteur de Laâziv N’Cheikh qui a perdu plus de cent oliviers. Pour en savoir plus sur les conséquences de cette nuit cauchemardesque de lundi à jeudi, nous avons rencontré M. Ahmed Mammeri, maire par intérim, qui nous confiera : « C’est une véritable catastrophe. En dépit de la mobilisation de toute la population, puis de la protection civile, les flammes ont tout ravagé. Certaines habitations à Laâziv N’Cheikh et à Ath Maâmar ont presque été décimées par les flammes. Je salue encore la population qui s’est volontairement engagée dans la bataille contre les flammes. La lutte s’est poursuivie durant toute la nuit ». Et d’ajouter : « Je tiens à remercier les éléments de l’unité de sapeurs-pompiers de Draâ El-Mizan qui sont intervenus dès qu’on les a appelés, sans oublier bien sûr la mobilisation de le colonne mobile de la protection civile venue en renfort. En tous les cas, les habitants des villages non loin des feux sont restés sereins et courageux notamment avec le dispositif déployé tout autour. Il faudra maintenant procéder à faire un bilan des pertes (oliviers et autres arbres fruitiers) pour une éventuelle reconstitution de ces plantations qui sont souvent la seule ressource des habitants de la région ».
Amar Ouramdane

