Les agriculteurs s’inquiètent

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Soleil sans partage, chaleur accablante, précipitations inexistantes, décidément, le temps fait la nique au calendrier. Alors que l’équinoxe de septembre nous fait basculer subrepticement dans la saison d’automne, aucune baisse du mercure ni dépression atmosphérique ne sont annoncées à l’horizon. Les rares et éphémères convulsions qui secouent l’atmosphère ne donnent lieu qu’à des simulacres de pluies, souvent chargées de terre. Implacablement, l’été joue à d’interminables « prolongations », pour étendre son empire et son emprise jusqu’aux portes de l’hiver. La tendance à la continentalisation du climat ne présage rien de bon. Les conséquences sont d’autant plus dévastatrices que cette aridité s’inscrit dans la durée. D’ores et déjà les agriculteurs sonnent le tocsin. Ces damnés de la terre sont mis à rude épreuve par une disette hydrique prolongée. « Cette année, on a vraiment touché le fond. Nous avons quelque peu anticipé sur cette situation inédite, en réduisant de plus d’un tiers le périmètre cultivé. En dépit de cela, nous avons du mal à irriguer correctement », souligne un maraîcher du village Akhnak, dans la commune de Seddouk.  La rareté des précipitations a induit une baisse drastique du niveau des nappes phréatiques, obligeant les fellahs à recourir à d’incessants et onéreux travaux de fonçage de leurs puits. « Cela devient de plus en plus difficile de cultiver son lopin de terrain. Si cette tendance ne s’inverse pas dans les années à venir, il ne fait aucun doute qu’aucun exploitant ne pourra tenir le coup, encore moins rentabiliser son exploitation », s’inquiète un agriculteur de Tazmalt, en alertant sur la menace qui pèse sur la survie de la filière. Les effets pervers du stress hydrique sont, du reste, visibles sur les vergers des plaines de la vallée de la Soummam, autant que sur le couvert végétal des zones de montagne. Faisant figure de nec plus ultra en matière d’endurance et de longévité l’olivier arbore un feuillage flétris et des baies rabougries. Tout aussi rustiques, des arbres comme le frêne et le figuier prospérant aux quatre coins de la wilaya, voient leurs peuplements respectifs se réduire comme une peau de chagrin. Même une plante prosaïque comme le laurier rose, qui poussait à profusion sur le substrat sablonneux et humide du lit de la Soummam, a déserté son biotope. Au delà des enjeux économiques qui se posent en termes de survie pour les gens de la terre, c’est la biodiversité qui prend un sacré coup. C’est dire que le péril est à nos portes !

N. Maouche

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