Le nom de “Asseqif N’Tmana” ne peut être évoqué sans une pensée à Si Mohand U M’hand, le grand chantre de la poésie kabyle. On raconte que c’est lors de la fameuse rencontre, entre Si Mohand U M’hand et le vénéré Chikh Mohand Oulhocine que le nom du mausolée “Asseqif N’Tmana” a été cité par le premier nommé qui a, d’ailleurs, exprimé le désir d’y être enterré. A sa mort, il y a maintenant un siècle, le vœu du poète fut exaucé, en quelque sorte, même si son corps est enseveli, un peu plus loin que l’endroit souhaité. Il est, en effet, enterré au cimetière de “Thiqerravin”, plus exactement à “Timeqverte geghrivene” (le cimetière des étrangers), située sur le territoire des Aït Saïd dont Asseqif N’Tmana est le deuxième cimetière. Celui-ci est, cependant, distant du premier, de près d’un kilomètre. La confusion d’après les anciens, vient du fait que des étrangers à la région ont été induits en erreur, le jour où ils étaient venus mettre en évidence la tombe du poète. D’ailleurs, même la tombe ne serait pas celle que l’on désigne. Le bouche-à-oreille dit, aussi, que lors de l’enterrement une bouteille dans laquelle on aurait introduit un texte, écrit par les sœurs blanches, aurait été ensevelie avec la dépouille du poète. Rien ne permet, de confirmer la chose. Ce qui est sûr, cependant, c’est qu’on continue de désigner, à tort, Thiqerravin sous le nom de “Asseqif N’tmana”. Celui-ci se trouve au village “Thagensa”, en contrebas de la route nationale n°12, avant d’arriver à Aïn El Hammam. Il est plutôt connu, dan la région, comme lieu de pèlerinage, beaucoup fréquenté par les femmes qui lui attribuent des vertus diverses, entre autres celles de guérir certaines maladies après y avoir satisfait au rituel de “Asfel” qui consiste à cuire, auparavant. Asfel permet, aussi, d’éloigner de celui à qui il est destiné, “Ledjnoun” ( les démons), qui le hantent. A l’occasion des fêtes religieuses, une ouaâda est, régulièrement, offerte aux pèlerins par les habitants d’Aït Sidi Saïd.
Nacer B.
