Le fil de La Dépêche

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Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de la bipolarisation du monde- née à la suite de la seconde guerre mondiale-, les tendances générales qui se dessinent sur le plan de la géostratégie du monde est la suprématie des Etats-Unis d’Amérique, la recherche effrénée de nouveaux horizons dans le domaine des matières premières, la montée des périls terroristes, alimentés par le désenchantement des peuples anciennement colonisés et opprimés, après l’euphorie des choix socialistes des années 1970, les difficultés des choix environnementaux susceptibles d’offrir des alternatives viables pour un développement durable, le flou qui se dessine pour les énergies dont aura besoin l’humanité dans quelques décennies sachant que l’énergie fossile- outre le fait qu’elle soit limitée dans le temps- pose des problèmes de production, de commercialisation et de transformation si bien que certaines convoitises qui lui sont liées ont fini par créer le chaos et l’instabilité dans certaines zones du monde. Ce que les spécialistes de la géostratégie appelaient naguère les ‘’conflits de moindre intensité’’ et qui permettaient de neutraliser les deux grands blocs (l’OTAN et le Pacte de Varsovie) en servant de zones tampons (Angola, Cuba, Timor Oriental, Afghanistan, Cachemire, Proche-orient,…) ont, depuis quelques années, pris l’allure de véritables conflits nationalistes, ethniques, religieux ou frontaliers. En se penchant sur les questions culturelles et sociologiques travaillant le milieu du 20e siècle, André Malraux disait que le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas. Le triomphe du capital, l’inexorable loi des échanges et du commerce mondial et le progrès, insoupçonnable il y a quelques années, de la technologie de l’information et de la communication ont annihilé une bonne partie des rêves socialistes d’autant plus que les régimes qui s’en réclamaient usaient et abusaient des pouvoirs dont ils disposaient au point de se transformer en monstres et en bourreaux de leurs peuples (Ceausescu, Jaruzelski, Saddam Hocine,…). Les replis identitaires, ethniques et religieux qui s’en suivirent sont considérés comme une réaction à la faillite d’un modèle qui a toujours prôné la justice, l’égalité et l’élévation de l’homme au rang de premier objectif du progrès. Les désillusions ont été à la mesure des espoirs et des rêves qui ont nourri de telles idéologies au point d’installer une instabilité chronique dans certains pays au nom de la religion ou d’une ethnie. L’Algérie a eu à vivre le purgatoire du terrorisme islamiste pendant plus de dix ans. Issu d’un pluralisme politique frelaté à la naissance, le courant politique islamiste prétendait réparer les injustices, les humiliations et les brimades endurées par les Algériens sous les régimes successifs depuis l’indépendance. Pour cela, ce courant- favorisé par une conjoncture internationale où certaines puissances espéraient voir s’installer un pouvoir à leur solde et favorisé aussi par la déliquescence des valeurs culturelles et la décrépitude des structures de l’Etat rongées par la rente- allait se servir du messianisme classique qui consister à vouloir instaurer la ‘’république idéale’’. Crue par une frange de la population soumise à un énorme matraquage mystico-religieux, cette idéologie allait plonger l’Algérie dans les abysses de l’histoire. Plus d’une dizaine d’années d’assassinats, de troubles, de larmes et d’incertitudes seront amplifiées par une transition économique trop longue qui sécrétera des contingents de chômeurs, des comportements asociaux mêlant banditisme, drogue, suicide, éclatement des cellules familiales,…Les douze mois de l’année 2005 ont été suivis par les organes de la presse nationale écrite d’une manière ‘’pluraliste’’, c’est-à-dire, qu’au-delà des faits et des événements, ces titres font des choix- aussi respectables les uns que les autres- dans la manière de traiter l’actualité, de fixer les priorités et d’émettre des opinions.Politique : le tonneau des DanaïdesNée au lendemain des événements de la Kabylie qui allaient inaugurer le nouveau siècle sous le nom émouvant et révélateur de ‘’Printemps noir’’, ‘’La Dépêche de Kabylie’’ ne cessera de suivre le processus de dialogue entamé entre le gouvernement et les aârchs de Kabylie. Une année après la réélection de Bouteflika, le dialogue prit son rythme de croisière. Tout au long du premier semestre de l’année 2005, une alternance de craintes et d’espoirs accompagnait les différentes phases des pourparlers. C’est pendant cette période qu’un grand nombre de conditions préalables appelées ‘’incidences’’ furent aplanies : conflit sur les arriérés de payement des factures d’électricité, réintégration des travailleurs suspendus pour cause de participation aux émeutes du Printemps noir,…Le dialogue pour la mise en œuvre de la Plate-forme d’El Kseur allait buter sur une question que tout le monde appréhendait comme étant un point d’achoppement prévisible : la revendication de l’officialisation de Tamazight. Dans l’objectif de dépasser momentanément un malentendu né probablement d’un manque de mûrissement de la question, les deux parties en vinrent à s’accorder sur la nécessité de dissoudre les assemblées locales en Kabylie issues du trop controversé scrutin d’octobre 2002. Au mois de juin, le gouvernement prit la décision d’aller dans le sens de la revendication des aârchs en révoquant ceux qui étaient affublés du qualificatif d’ ‘’indus-élus’’. Pendant toute la saison estivale, le sujet de la dissolution des assemblées de Kabylie (APC et 2 APW) et la préparation des élections partielles animèrent la vie politique locale. Le thème des élections en Kabylie allait vite être talonné- et même parasité- par un autre rendez-vous politique d’envergure : la Charte pour la réconciliation nationale et la paix, projet par lequel le président Bouteflika compte parachever le processus de réconciliation nationale initié par la loi sur la Concorde civile de septembre 1999. Ces deux thèmes politiques majeurs ont alimenté les colonnes de la presse nationale, les activités des partis politiques et les discussions des citoyens en pleine période de vacances. C’est connu, en Algérie, l’été est le moment idéal pour des retournements politiques, des rumeurs à tout va et la préparation des coups fourrés. A fleurets mouchetés ou à attaques frontales, les membres de l’alliance présidentielle ont essayé de se positionner, chacun selon ses moyens et ses forces, de façon à apparaître comme étant le grand ‘’timonier’’ de la scène politique algérienne : Ahmed Ouyahia en utilisant sa double casquette de Premier ministre- qui lui permet une visibilité à nulle autre pareille des grands enjeux de la république- et de secrétaire général du RND ; Aboudjerra Soltani en assumant difficilement l’héritage de Mahfoud Nahnah et en se servant de l’UGEL sur les campus universitaire comme jadis le FLN se servait de l’UNJA ; et, enfin, Abdelaziz Belkhadem, grand redresseur devant l’éternel dont l’obsession depuis une année est la révision constitutionnelle.

Amar Naït Messaoud

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