Plusieurs communes mises à nu

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Les dernières averses qui se sont abattues sur la région ont mis à nu les carences en matière d’aménagement urbain à travers bon nombre de communes de la wilaya de Bouira.

Plusieurs villes et villages se sont réveillés envahis par les eaux et la gadoue, faute de réseau d’assainissement et autres canaux de drainage. C’est presque une «tradition» à Bouira. A la moindre ondée, des quartiers sont inondés et les artères des villes se transforment en piscines à ciel ouvert. Aussi bien à Sour El Ghozlane, El Hachimia, Bechloul, Saharidj, El Esnam et Lakhdaria, les citoyens ont été confrontés au même scenario, à savoir des quartiers inondés et des marécages boueux en plein centre-ville. En effet, dans la commune de Sour El Ghozlane, à une cinquantaine de kilomètres au Sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira, le quartier El Djebsa, La cité Hamidou, le lotissement Loucif Djelloul et le quartier Laaifaoui, pour ne citer que ceux-là ont été envahis par les eaux. Les habitants se sont réveillés les pieds dans l’eau. Pourtant, les pluies tombées n’étaient pas très importantes. Comment expliquer donc tous ces dégâts occasionnés par si peu de précipitations ? La réponse, selon bon nombre de citoyens interrogés, résiderait dans la vétusté des canalisations d’évacuation des eaux de pluies et autres réseaux d’assainissement, qui seraient dans un état lamentable. «Il est tout à fait normal que nous soyons inondés. Les bouches d’égouts sont complètement obstruées et les installations d’évacuation des eaux usées remontent à Mathusalem!», lancent certains citoyens, fulminant de colère. Du côté de la commune de Lakhdaria, ce sont les cités des 32 et 480 logements, Kerchiche et Tizi El Bir qui ont été durement affectées par ces pluies. Ainsi, les habitants devraient impérativement se munir de bottes et de pelles, afin de sortir de chez eux, tant la boue avait envahi leurs quartiers. Au quartier des 32 logements, où les travaux d’aménagement ont été pour ainsi dire, bâclés par un entrepreneur peu consciencieux, les riverains ont été «choqués» par l’ampleur des dégâts. «On est envahi par les eaux et la boue. Les canalisations sont obstruées. Par conséquent, l’eau s’infiltre jusqu’à nos maisons», fera remarquer un habitant. Au niveau d’El Hachimia, une municipalité distante d’une vingtaine de kilomètres au Sud-est de la ville de Bouira, la situation n’est guère reluisante. Ainsi, bon nombre de quartiers de cette municipalité se sont retrouvés «submergés» par la boue. En effet et lors de notre passage sur les lieux, les quartiers des 50 logements, la cité du colonel Amirouche, le lotissement des 120 logements, pour ne citer que ceux-là se sont métamorphosés en piscines grandeur nature. Cette situation est aggravée par le fait que la quasi-majorité des avaloirs et canalisations de la ville sont en piteux état et obstrués. Selon certains citoyens interrogés à ce propos, le chef-lieu de leur localité est «abandonné». «Cette situation est le résultat du laisser-aller des services de l’APC. À chaque ondée, la ville devient un immense champ de patates! », se désolera Ahmed, résidant de la cité de l’ALN. Du côté de cette dernière, la boue a envahi la chaussée, les trottoirs, charriant, sur son passage, diverses immondices. À proximité de cette cité se trouve le principal arrêt de bus de la commune. Le même constat a été fait du côté de la localité de Saharidj. Cette dernière est devenue un véritable bourbier. A titre d’exemple, le boulevard central, qui constitue l’unique voie d’accès, a pris les contours d’un authentique marécage, qui a paralysé la circulation tant des véhicules que des piétons, et ce, à cause de la boue liquéfiée, des amas de déblais transformés en boue par la pluie et enfin l’accumulation des eaux pluviales sous formes de mares le long de ce tronçon de la RN30. Ce tronçon est complètement défoncé y compris les trottoirs, d’où l’impraticabilité de ce boulevard central, étroitement bordé des deux côtés par des alignements de bâtisses. Dans la commune de Bechloul, le chef-lieu de daïra, suite aux quantités considérables des eaux de pluies enregistrées, s’est transformé en une mare d’eau. Ainsi, les différentes ruelles de ce centre urbain se sont retrouvées enclavées dans la gadoue, situation qui a, par la suite, compliqué les déplacements des riverains. A pied ou à bord d’un véhicule, tous les accès ne sont, pratiquement, pas faciles à emprunter. Cet état de fait, rappelé à plusieurs reprises dans ces mêmes colonnes, a, cette fois-ci, une autre interprétation des faits. Avant, c’était l’aménagement urbain qui n’a pas encore figuré dans l’agenda des projets attribués à cette commune ; mais aujourd’hui, le cas se présente autrement. Il s’agit des travaux d’assainissement et d’aménagement urbain en cours de réalisation qui sont à l’origine de cette situation. Rappelons que ces deux chantiers ont été engagés au mois d’août dernier, et cinq kilomètres de bitume sont au programme pour justement mettre fin à cette situation qui touche le chef-lieu à chaque tombée de pluie. En outre, ce n’est pas uniquement le centre urbain qui est touché par la gadoue, mais le topo est le même tout le long de la RN5, traversant cette localité. Là aussi, ce sont les travaux de la réalisation d’un boulevard qui ont généré cette situation. Enfin, à El Esnam et comme rapporté dans note édition d’hier, les habitants de la cité du 1er Novembre se sont insurgés contre le manque d’aménagement de leur quartier, en fermant la RN5. Tous ces exemples démontrent bien que Bouira reste, et ce, en dépit des assurances des autorités locales qui ont mis en place un plan anti-inondations de près de 70 millions de dinars, une zone extrêmement inondable.

R.B/S.M

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