Les citoyens d’Ath Yekhlef, Thamourth Ouzemour ou encore ceux d’Assif Assemadh éprouvent une grande répugnance à traverser à gué la rivière d’Assif n’Sahel qui reçoit l’ensemble des rejets d’assainissement des daïras de M’Chedallah et Bechloul. Un calvaire qu’ils endurent à chaque campagne agricole, notamment celle de ramassage d’olives, pour la bonne raison que l’ensemble des citoyens de ces deux villages possèdent des terrains agricoles, dont des oliveraies, de l’autre côté du cours d’eau.
Ce sont de vastes surfaces qui s’étendent sur des dizaines de milliers d’hectares de terrains qui rivalisaient jadis avec ceux des hauts plateaux (Hodna) en matière de rendement, tant sur le plan qualitatif que quantitatif en blé dur. Donc, du début à la fin de l’une des campagnes agricoles, ces citoyens sont soumis à un obligatoire et surtout dangereux «bain de jambe» à l’aller et au retour, soit matin et soir dans cette eau saumâtre et vaseuse que forme le dépôt des impuretés composant les eaux usées d’autant plus que les citoyens choisissent un passage où le cour d’eau est moins violent avec une faible gravitation et un lit large, et c’est justement en cet endroit que le niveau de la vase est plus élevé. Une pénible et repoussante corvée qui s’impose à nos fellahs, notamment les non véhiculés qui sont plus nombreux, car l’unique pont de la région qui enjambe cette rivière est celui d’Assif N’sahel à proximité du carrefour d’Ahnif, soit à 4 km d’Ath Yekhlef et à 7 km de celui de Hagui dans la commune d’El Adjiba. Ainsi, durant la campagne oléicole, ces pauvres agriculteurs qui n’ont que ces lopins de terre pour faire vivre leurs familles, traversent deux fois par jour en file indienne cette rivière. Il est fréquent de voir des femmes portant des bébés sur le dos traverser à pied comme tout le monde. Pourtant, des solutions existent à condition que ce cas relaté sensibilise les gestionnaires de la cité. La solution réside dans la réalisation de passerelles pour piétons qui peuvent être aménagées à moindre frais en récupérant les poteaux en acier d’une presque centenaire ligne électrique de moyenne tension réalisée dans les années 1920 par les Français, pour le transport du courant entre la centrale électrique d’Illilten, dans la commune de Saharidj, jusqu’à M’Chedallah sur une distance de 25 Km à raison d’un poteau tous les 250 m. Cette ligne étant abandonnée depuis les années 1970, ce sont des centaines de poteaux en acier d’une résistance à toute épreuve qui ne demandent qu’à être récupérés et utilement recyclés. Il suffirait d’une grue, un porte char et enfin un poste à souder ajoutés à une petite dose de volonté de se rendre utile à la société et d’improvisation, pour tirer d’affaire ces fellahs et mettre un terme à cette incroyable situation qui y prévaut encore en 2014, avec toutes ses répercussions sur la santé de ces villageois. Les agricultures d’Ath Mansour en majorité jardiniers qui ont leurs vergers sur la rive opposée à celle d’Ahnif qui ne sont autres que les légendaires jardins de Thaghzout n’Ath Mansour, vivent la même contrainte que ces deux premiers villages sus cités. De leurs vergers, hélas, ne subsiste encore que… la légende, la plupart ayant abandonné cette activité pour les raisons évoquées et une pollution à grande échelle depuis que la commune de Chorfa a commencée à bombarder le lit d’Assif n’Sahel en ces lieux par des chargements quotidiens d’ordures ménagères il y a une dizaine d’années. Notons pour conclure que l’APC d’El Adjiba a tenté cette expérience de la passerelle dans les années 1960, un ouvrage qui n’a cessé de servir durant toutes ces années. Malgré le fait qu’il soit sommairement réalisé il témoigne d’une initiative intelligente et honorable pour ses concepteurs. Cet ouvrage est toujours visible à partir de la RN5.
Oulaid Soualah