Le wali malmené à Biziou

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Le wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, a vécu, hier, l’«enfer» à Akbou.

Venu, cette fois-ci, en tant qu’«intermédiaire», afin de convaincre les habitants de Biziou de rouvrir la décharge fermée depuis quatre mois, le premier magistrat de la willaya a failli y laisser des plumes ! Sa mission a tourné court, vu le climat de tension qui régnait à Biziou, où les différents belligérants semblaient prêts à en arriver aux mains ! Visiblement dépassé par la situation, le wali, et malgré ses supplications aux habitants des deux communes de s’entendre dans le calme, n’a pas pu maîtriser la situation. Il fut obligé de quitter les lieux, pour ne pas dire «chassé» par les citoyens d’Akbou qui lui lançaient : «Vous êtes complice. Le wali, dégage». En se déplaçant à Biziou, M. Hamou Ahmed Touhami fut accueilli par plusieurs habitants du village, visiblement en colère. «Nous sommes des voyous, ne vous approchez pas de nous», «Dégage !». «Non à la réouverture de la décharge». Tels sont les messages scandés devant le wali par certains villageois. Finalement, le wali est descendu de son véhicule, allant à la rencontre de la population. Plusieurs personnes lui ont exprimé leur ras-le-bol. Ils profitèrent de la présence du wali pour lui énumérer les manques dont souffre leur localité. Les locaux commerciaux abandonnés, l’absence d’infrastructures de base et d’autres revendications. Mais pour la décharge ? Pas question de la rouvrir ! Entêtés et obstinés, les habitants n’ont fait aucune concession. Malgré la lecture du wali du message de l’assemblée générale des citoyens d’Akbou qui sollicitent, à travers ce document, fraternellement leurs concitoyens de Biziou de rouvrir la décharge au moins «temporairement» et «sous conditions», le message n’a pas été reçu. «Pour l’amour du ciel, rouvrez cette décharge. Vos frères de l’autre côté souffrent également», leur a-t-il dit. «Nous souffrons depuis 30 ans», répondent les citoyens de Biziou. Se rendant personnellement au niveau de la «décharge de la discorde», le wali ne cacha pas son étonnement. La décharge, qui est un domaine communal d’Akbou, a en effet beaucoup perdu de sa superficie, rognée par des industriels de la région. Durant sa tournée, le wali demandera à ses accompagnateurs des explications, notamment les noms des investisseurs limitrophes. à propos de la briqueterie Belhoul, le wali a posé des questions à l’un de ses fils présent sur les lieux. «Comment avez-vous eu ce terrain ?», lui demanda-t-il. «Nous l’avons acheté de la coopérative des moudjahidines», lui répond son interlocuteur. Celui-ci expliquera qu’en 1983, la parcelle de terrain de 2 hectares était exploitée par la coopérative des Moudjahidine qui y fabriquait de l’hourdis. «En 1991, la fabrique a déclaré faillite. Nous l’avons achetée en 1992 pour 160 millions de centimes », révélera-t-il. «Nous n’avons rien rogné de la décharge», tiendra-t-il à préciser. Néanmoins, un responsable confiera au wali que la briqueterie a avalé un morceau du terrain de la décharge, ajoutant que l’ouverture de cette fabrique avait reçu un avis défavorable au niveau du Calpiref. Il est donc légitime de s’interroger sur qui a alors signé le permis de construire à cet investisseur pour alimenter son usine notamment en gaz et en électricité haute tension. Qui a donné l’autorisation d’exercer cette activité ? Selon des documents, signés du 28 février 2012, c’est Mourad Bechir, vice-président, qui signe un avis favorable permettant à cet investisseur d’exercer l’activité briqueterie sur le terrain situé à Taharacht, mis en location à M. Belhoul par la commune. Par ailleurs, le permis de construire ayant lien à l’alimentation de l’unité en gaz a été signé le 31 juillet 2012 par le maire intérimaire, Karim Harzoune. Et le plus récent permis de construire, ayant lien avec l’alimentation électrique, a été conjointement signé par le maire actuel Abderrahmane Bensbaâ et Dalila Seghiri, vice-présidente chargée de l’urbanisme, en date du 17 février 2013. On comprend donc que Belhoul avait eu toutes les autorisations nécessaires ! Comment peut-on alors parler maintenant de l’illégalité de cette usine. Seule une enquête approfondie pourra éclaircir la situation. Pour en revenir à la visite tumultueuse du wali, à sa sortie de la décharge, des citoyens d’Akbou et de Biziou avaient envahi les lieux. Le premier magistrat de la willaya a essayé de convaincre les citoyens, mais en vain. La situation a failli dégénérer. Le wali, avant de repartir, précipitamment, a qualifié ce cas de «très complexe» et «sensible». Vers 15h encore, les deux camps se faisaient face, chacun essayant de convaincre l’autre de son bon droit.

Menad Chalal

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