Les oubliés de la tripartite

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Si le début de l’année 2015 a été synonyme de bonne nouvelle pour une importante partie d’employés de la fonction publique, notamment avec l’approbation de l’article 87 bis du code du travail et l’augmentation sensible de leurs salaires de base, d’autres catégories ne sont pas concernées par cette augmentation, à l’image des jeunes employés du filet social de l’agence nationale de l’emploi (A.N.E.M), recrutés dans le cadre de différents dispositifs d’emploi, tels que les contrats de pré-emplois (DAIP, CTA, CIP et CID). 

àBouira, certains jeunes recrutés dans le cadre de ces dispositifs pensent qu’au-delà des questions du SNMG et de l’article 87 bis, rien ne pourra réellement changer pour cette catégorie particulière de travailleurs. Les modalités d’application du code du travail en cours ne leur permettent pas de bénéficier de toutes nouvelles augmentations des salaires de base, car ils sont toujours confédérés comme des travailleurs non-permanents. Pour ces derniers, la meilleure solution serait, donc, d’intégrer l’ensemble des jeunes du pré-emploi dans les postes qu’ils occupent, notamment au niveau des services de l’administration publique. Une solution qui serait difficile à imaginer pour les pouvoirs publics, compte tenu du nombre important de jeunes recrutés à base de ces dispositifs et de l’indisponibilité des postes budgétaires suffisant au niveau de ces directions. À l’heure actuelle, seules les entreprises à caractère économique (privé ou publique), peuvent envisager l’intégration de cette frange. « Les conditions de travail et les salaires du pré-emploi doivent être revus. Après toutes les augmentations dans la Fonction publique et la finalisation des négociations dans les entreprises du secteur public, l’on s’attendait à une offensive du principal syndicat en faveur de notre catégorie, malheureusement il n’en est rien », se désole Smaïl. A, porte-parole du collectif des travailleurs du pré-emploi de la wilaya de Bouira. D’après notre interlocuteur, à l’échelle de la wilaya de Bouira et depuis 2011, pas moins de 35.000 jeunes  chômeurs ont été recrutés dans le cadre de ce dispositif. « Actuellement au niveau de la wilaya de Bouira, tous les établissements publics ou privés engorgent des travailleurs du pré-emploi. Le nombre le plus important est à signaler au niveau des établissements scolaires, où chaque école regroupe une moyenne de 26 employés du filet social ou du pré-emploi », soulignera-t-il. Une occasion est offerte à Abdelmadjid Sidi Saïd et ses camarades pour redorer leur blason en prenant en charge une catégorie sociale importante qui n’a pas la chance d’avoir un défenseur. « Nos salaires sont parmi les plus bas du pays. Certains de nos amis travaillent toujours avec un salaire de 8 000 DA par mois, c’est vraiment aberrant ! », ajoute notre interlocuteur. Et d’enchainer : « Même une augmentation de nos salaires sera la bienvenue, mais notre principale revendication est de nous intégrer dans des postes permanents ! ». Au mois d’Avril dernier, le conseiller à la présidence, M. Ahmed Ouyahia, s’est engagé lors d’un meeting électoral tenu à Bouira « d’intégrer au moins 50% de cette frange d’ici la fin de l’année en cours ». Effectivement, le ministère de l’Intérieur ainsi que la direction nationale de la fonction publique ont engagé de nouvelles démarches visant à recenser et à établir un fichier national des jeunes du pré-emploi, et ce, dans l’objectif de les intégrer progressivement. Les premiers secteurs concernés sont les Collectivités locales et l’Éducation. D’après certains employés, certaines APC auraient même demandé des dossiers et des demandes pour chacun de ces derniers, chose qui a suscité un grand espoir auprès d’eux .Mais malheureusement et à leur grand malheur, aucune suite n’a été donnée à ces démarches depuis le mois de septembre dernier. Un autre geste est également attendu par ces centaines de milliers de travailleurs sans voix, une augmentation comme pour tout le monde. Prendre en compte les salariés du pré-emploi, devrait être une petite révolution et mettrait du baume au cœur de beaucoup d’Algériens. Que ces travailleurs ne puissent pas être les éternels oubliés des décideurs économiques !          

O. K. 

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