La plus ancienne huilerie toujours en activité

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La plus ancienne huilerie de M’Kira est toujours en activité malgré tous les aléas des campagnes oléicoles qui se succèdent bon an, mal an.

Ainsi, pour les plus anciens, la cheminée qui fume, jour et nuit est le signe sans conteste que l’huilerie de Tighilt-Oukerrouche ou comme on l’a toujours appelée «Thimaassarth N’Hadj» est en activité. «C’est une très ancienne huilerie qui n’a pas beaucoup changé autant qu’il m’en souvienne, c’est-à-dire à partir des débuts des années 1960, soit après l’indépendance», nous confie ce sexagénaire du village voisin Talazizt dont le défunt père y avait travaillé comme ouvrier. Rencontré à la terrasse du café du stade qui fait face à cette ancienne maison en toub avec sa toiture en tuiles qui abrite l’huilerie, il nous apprend que durant longtemps, elle fut la meilleure parmi toutes les autres et elle recevait les récoltes de tous les oléiculteurs de la commune et même des localités environnantes comme Ait Yahia Moussa et Timezrit d’autant plus que le propriétaire assurait le transport tant pour rapporter les sacs d’olives que pour les bidons d’huile, à la fin de l’opération. Cependant, au cours de ces dernières années, beaucoup de choses ont changé à commencer par l’apparition des huileries modernes qui sont devenues très concurrentielles et ont supplanté immédiatement les anciennes surtout par leur rapidité et leurs très grandes capacités à traiter d’importantes quantités de fruits. «Il est vrai qu’avec l’installation des nouvelles huileries, les oléiculteurs dont beaucoup gardent de mauvais souvenirs car ils avaient perdu certainement une ou deux récoltes qui s’étaient gâtées car ils avaient attendu trop longtemps leur tour, le rendement est élevé : vingt deux à vingt cinq litres par quintal alors qu’auparavant c’était à peu près douze litres avec le même poids.» ajoute notre interlocuteur. Arrivé près de ce moulin à huile, l’aire de stockage est presque vide si ce n’est deux petits sacs alors que toutes les huileries modernes, en cette fin de campagne oléicole n’en continuent pas d’enregistrer quelques bonnes dizaines. «Chaque année, je mets en marche l’huilerie et tout son matériel à commencer par la grande chaudière qui fonctionne avec du bois, les presses hydrauliques ainsi que le broyeur avec ses deux grosses pierres», nous déclare le jeune Hocine qui a pris la relève de son vieux père qui lui également l’avait héritée de son défunt père « El Hadj » décédé quelques mois après l’indépendance. «Le plus ancien moulin à l’huile du village de Tighilt-Oukerrouche se trouve à l’intérieur du village, ses vestiges existent toujours et c’était surtout à la force des bras et d’un mulet qu’il fonctionnait alors que celui-ci, il était moderne à une certaine époque, à partir des années 1940 avec l’introduction des moteurs à mazout. Ce n’est qu’en 1985, avec l’électricité que le ronron assourdissant a disparu mais malheureusement, les oléiculteurs, à commencer par notre famille ont jeté leur dévolu sur les huileries modernes pour nous abandonner», regrette Hocine qui garde l’espoir que tôt ou tard, son huilerie reprendra le dessus car tout le monde, maintenant redécouvre les vertus de l’huile que l’on obtient qu’avec les anciennes huileries.

Cependant, à notre dernière question de savoir pourquoi il n’a pas demandé un crédit pour monter une huilerie moderne comme tant d’autres comme lui l’ont fait, le jeune Hocine n’a répondu que par un silence éloquent. Sûrement à cause des multiples problèmes qu’il aurait rencontrés.

Essaid Mouas

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