Les violentes perturbations climatiques, ponctuées de tempêtes de vent particulièrement fortes, d’abondantes chutes de neige et de pluies diluviennes durant 20 jours, à partir de la fin de la 2ème semaine de janvier, ont provoqué de véritables désastres sur les terrains agricoles, les infrastructures d’utilité publique et les habitations.
L’ampleur des dégâts s’explique aussi par la période de longue sécheresse enregistrée auparavant. En effet, de nombreux villages, notamment ceux des communes de montagne, telles Saharidj et Aghbalou, se sont trouvés coupés du reste du monde à deux reprises durant la 2ème décade du mois de janvier suite à d’abondantes chutes de neige, qui ont nécessité une mobilisation générale de tous les moyens humains et matériels des organismes étatiques de la région, réquisitionnés pour porter secours aux citoyens bloqués dans leurs villages, en dégageant les voies d’accès à l’aide de chasse neiges et de niveleuses. Plusieurs agglomérations de haute montagne, situées à plus de 900m d’altitude, comme Ath Hamad, Ath Illiten et Imesdhurar dans la commune de Saharidj, Takerboust, Ivehlal, Ighil Ouchekrid et Ath Hamdoun dans celle d’Aghbalou, ont durement souffert donc de cette neige pendant plusieurs jours. Les villageois ont dû attendre deux à trois jours pour voir les routes complètement dégagées. Il est à noter que ces tempêtes ont été précédées par des bourrasques de vent particulièrement fortes, ayant porté un coup sévère à la récolte d’olives arrivée à maturité qu’elles ont jetée par terre en secouant énergiquement les oliviers dont les branches étaient chargées. Une bonne partie de cette récolte a été complètement perdue. Les arbres fruitiers, comme les pommiers, cerisiers et autres poiriers sur lesquels le processus de l’éclosion des bourgeons a commencé au même titre que les fleurs de la future récolte ont été aussi durement affectés par ces éléments naturels déchaînés. Le verglas qui s’en est suivit après les chutes de neige leur a portés le coup de grâce en brulant tout ce qui est tendre et fragile, en plus d’être à l’origine d’une épidémie de grippe saisonnière qui s’est généralisée et qui a terrassé des familles entières, du fait d’être extrêmement contagieuse. Quant aux asthmatiques et autres malades broncho-pulmonaires âgés, ils en ont aussi subi les conséquences. D’ailleurs, il ne se passe par un jour sans qu’un ou deux de ces malades chroniques ne soit terrassé par les crises provoquées par ces perturbations climatiques ; cela en plus de voir le service des urgences de l’EPH de M’Chedallah pris d’assaut H24 par ces malades, qui nécessitent une assistance médicale à base de respiration artificielle. Il n’en demeure par moins que les retombées les plus spectaculaires sont les éboulements, les affaissements, glissements de terrains et coulées de boues. Ce phénomène est en partie lié à la topographie de la région montagneuse, en partie escarpée et fort accidentée. Nous citerons à titre d’exemple l’effroyable affaissement de terrain à Selloum, dans la commune d’Aghbalou, qui a mis tout un quartier en péril, où plusieurs habitations sérieusement menacées nécessitent une urgente évacuation. Toujours dans la même région, plusieurs tronçons de la RN15, entre Selloum et le col de Tirourda, ont été dangereusement fragilisés par des éboulements survenus sur les accotements inferieurs. À M’Chedallah, c’est le sinistre glissement de terrain, survenu il y a trois ans au village Ath Yevrahim, au lieu-dit Aarkove, qui s’est sensiblement aggravé provoquant la panique parmi les riverains dont les habitations sont situées à moins de 20m du cauchemardesque cratère. Dans la commune de Saharidj, c’est la centrale électrique d’Ath Illiten qui a été directement menacée par un glissement de terrain qui s’est produit sur un haut talus du côté supérieur, dont un tronçon de quelques 50m s’est carrément détaché et s’avance inexorablement vers cette centrale électrique. Ce mouvement de terrain a emporté sur son passage le minuscule ouvrage de soutènement qui a cédé dès les premières poussées. Notons enfin que les lignes électriques de transport d’énergie ont subi aussi leur part de dégâts, à l’image de la ligne de haute tension qui dessert les wilayas de Bouira et Tizi-Ouzou, dont plusieurs longueurs de câbles ont chuté à Tizi-N’Koulal. Cela sans oublier la chute de 04 pylônes de celle de la moyenne tension, survenue à proximité du barrage Tilesdit. Conséquence : la distribution de l’électricité dans toute la région a été complètement chamboulée durant une semaine. Il est à souligner, qu’en matière de mouvement géologique, le plus dur est à venir avec le retour du beau temps et le réchauffement climatique. La vigilance est donc de mise.
Oulaid Soualah