Deux icônes rejoignent leur terre natale

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Inhumés hier, l’Académicienne Assia Djebar à Cherchell et Roger Hanin au cimetière juif d’Alger deux monuments de la littérature mondiale, du cinéma et du théâtre ont disparu la semaine dernière, le vendredi pour Assia et le mardi pour Roger, et ont été enterrés le même jour. 

Le rendez-vous de ces deux icônes d’amour, pour l’au-delà n’exprime-t-il pas cette Algérie riche de sa diversité. L’une est musulmane, elle se dit musulmane par sa tolérance, sa fécondité et sa pugnacité dans la défense des droits de ses soeurs à la dignité à la reconnaissance comme égales de l’homme, à la liberté. L’autre est juif qui a toujours soutenu, dans les moments difficiles, l’Algérie son pays natal. Bouteflika dans l’hommage qu’il a rendu aux deux personnalités, a salué la mémoire de celle qui avait, écrit-il, « effleuré avec sa plume, le summum de l’art et de la littérature auxquels elle a rendu gracieusement leurs lettres de noblesse ». Pour le chef de l’Etat, Assia Djebar « a reflété avec grâce et éloquence l’image de son pays, l’Algérie, confirmant ses talents d’artiste tout au long d’un parcours caractérisé par un effort de réflexion créatrice dont les contours ont été tracés par une plume des plus fines ». Pour Roger Hanin, Bouteflika dira qu’il « a su, en tant que romancier, comédien, cinéaste et réalisateur, enrichir, à travers ses oeuvres, sa sensibilité et sa touche personnelle, la culture universelle et consolider les relations entre son pays, la France, et celui qui l’a vu naître, l’Algérie ». La dépouille d’Assia est arrivée jeudi à l’aéroport Houari Boumedienne puis transportée vers le Palais de la culture pour un dernier adieu en présence de sa famille et d’une foule nombreuse formée de femmes et d’hommes de lettre, de cinéastes, et de ses admirateurs. Parmi ceux qui on voulu s’exprimer sur le parcours singulier de cette grande dame, la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi et la cinéaste Fatma Zohra Zaamoum, pour ne citer que celles-là ont salué la mémoire de celle qui avait « marqué toutes les étapes de leur maturité de citoyenne et d’Algérienne », considérant Assia Djebar comme une « pionnière », en cinéma comme en littérature, tout en regrettant au passage que « son oeuvre et son exemple soient si peu exploités ». Zhor Ounissi, l’ancienne ministre qui a bien connu Assia Djebar, préfère la gratifier du titre d' »école de la littérature féminine ». Plusieurs autres personnalités du monde des arts et des lettres, à l’instar de Habib Sayah, Djilali Khellas ou encore Amine Zaoui ont qualifié sa disparition de « grande perte pour la littérature universelle », saluant les qualités humaines et intellectuelles d »une femme élégante, une grande personnalité à l’oeuvre abondante et entièrement à l’écoute des siens ». Juste après la dépouille sera acheminée vers sa ville natale où une veillée funèbre lui sera consacrée à la bibliothèque communale de Cherchell en présence de sa mère, de ses enfants, de ses proches, de personnalités du monde de la culture et de ses admirateurs. Elle a été enterrée hier en présence de ses proches, de personnalités littéraires et politiques et d’une foule nombreuse. Quant à Roger Hanin de son vrai nom Levi, pour sa part, il a été enterré au cimetière juif de Bologhine accompagné de sa famille et de nombreuses personnes représentant le monde de la culture algérienne et française. « Il a été inhumé « avec tous les honneurs et le respect dus à sa personnalité à son parcours et à la grandeur de son âme », comme l’avait assuré le président de la République. 

  Sadek A.H

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