Presque plus aucun espace de détente ne semble échapper à une mauvaise réputation, ce qui fait fuir les familles et dissuade plus d’un de les fréquenter.
Cela se constate un peu partout en Kabylie, dans les endroits censés justement recevoir les populations. Dans la wilaya de Bouira, beaucoup de bruit a été fait un certain moment sur la forêt d’Errich, attenante au périmètre urbain, laquelle abritait, et qui abrite toujours, des groupes de jeunes qui s’adonnent à la consommation de l’alcool et de la drogue. Actuellement en pleins travaux d’aménagement, il n’y a pratiquement que l’allée centrale qui inspire un peu de sécurité pour les familles. Autour du petit lac de la retenue collinaire et dans les profondeurs des bois, pourtant bien desservis par des pistes, les couples et les familles se hasardent rarement. Dans l’autre bijou touristique, à savoir le barrage de Tilesdit qui s’étend sur les communes de Bechloul et El Asnam, le même phénomène est observé avec, en plus, l’isolement des lieux par rapport au milieu urbain. En effet, ce majestueux lac, dont le pourtour dépasse les 30 Kms, situé au pied de la station climatique de Tikjda, est, en plus de ses fonctionnalités économiques, supposé servir de lieu de récréation et de détente pour les familles. Il est la réplique aquatique, sur les rives de l’Oued Sahel, de la station de Tikjda. Les deux sites sont situés sur le même versant Sud du Djurdjura et se complètent merveilleusement sur le plan esthétique. Mais, il se trouve que les jeunes « désaxés » en ont décidé autrement. Dès le début de l’après-midi, des dizaines de jeunes s’y rendent en voitures. Certains s’adonnent à la boisson à l’intérieur même du véhicule, généralement sur les routes qui donnent accès au barrage, d’autant plus que les abords des routes et du barrage sont généralement boisés ; et d’autres se livrent, sur les petites « plages » ou au-dessus des calanques donnant directement sur le plan d’eau, à l’alcool ou à la drogue. D’ailleurs, tout le long de la bande périmétrale du lac, et en particulier sur la rive droite allant jusqu’à la digue, des montagnes de bouteilles et d’autres détritus jonchent le sol, contrastant tristement avec la verdure des bois et la couleur bleue de l’eau. Les familles des villages les plus proches ou celles descendant de Tikjda et tentées de couronner leur sortie par une visite sur le lac de Tilesdit sont vite dissuadées par l’atmosphère régnant sur cette perle rare (le barrage de Tilesdit). Quant au projet de zone touristique, entrevue un certain moment par la Direction du tourisme de la wilaya de Bouira pour ce site, il n’a apparemment fait l’objet d’aucune suite, même si l’ancien wali avait fait établir une fiche technique en ce sens en 2009, censée être suivie d’une étude.
N.M.Taous