Un handicapé moteur âgé de 49 ans, M. Chouya Mustapha en l’occurrence, s’est retrouvé seul après la mort, il y a deux semaines, de son vieux père qui s’occupait de lui du mieux qu’il pouvait pour «le maintenir» en vie, sa mère étant morte dès son jeune âge. Informés par des voisins, nous nous sommes déplacés mercredi dernier au domicile de ce pauvre malheureux qui vit dans une chambre humide, qui n’a rien à envier à une cellule, tant des infiltrations des eaux de pluie à partir d’une toiture usée étaient à l’origine d’une forte humidité qui régnait dans cette pièce sans aucun confort ni meubles, sinon un lit usé et des couvertures. Sur les lieux, nous avions constaté aux premiers abords que cette «loque» humaine est sous l’effet d’une hypothermie après avoir quitté son lit pour ramper jusqu’à la porte en s’aidant de son seul bras valide, laissant derrière lui une traînée de ses besoins naturels. N’ayant pas de couches, ses vêtements mouillés ont rajouté un grain au froid qui régnait dans cette minuscule pièce, sans chauffage par ces journées glaciales. Le malheureux qui claquait des dents, tout chétif et n’ayant que la peau sur les os, nous a affirmé qu’il ne mangeait par tous les jours à sa faim et affiche un début d’anémie. S’il est toujours en vie, c’est grâce à deux femmes âgées qui viennent lui apporter un peu de nourriture et lui faire un semblant de toilette. Nous apprenons de son frère aîné qui nous a autorisés à prendre des photos, que cet homme a exercé durant 03ans en qualité de maître d’internat au CEM Amrouche Mouloud dans les années 1980, avant d’être appelé sous les drapeaux. C’est juste apès avoir effectué son service national qu’il est tombé subitement malade en perdant l’usage de ses deux pieds et de son bras droit, et en devenant presque aphone. La seule phrase qu’il arrive à articuler distinctement est « yella Rebbi » (Dieu existe) en levant son bras valide l’index pointé vers le ciel. Un poignant geste et une déchirante vision de son visage sur lequel se lit une forte angoisse qui démontrent que ce malheureux est lucide et tout à fait conscient de sa lamentable situation et d’un lendemain incertain après la mort de son père, sinon celui d’une atroce et lente mort à moins d’une prise en charge immédiate. Interpellé le jour même à propos de ce grave cas social, le maire de M’Chedallah, qui était en compagnie de l’un de ses adjoints originaire de Raffour, tout en affirmant ne pas être informé de ce cas, dira que l’APC n’a aucun moyen de lui venir en aide, sinon entamer les procédures nécessaires pour son hébergement au centre d’accueil des personnes âgées et celles en détresse à Bouira. Reste à espérer que ces procédures ne prendront pas beaucoup de temps. Dans le cas contraire, cet handicapé moteur qui souffre le martyre est voué à une mort certaine dans un proche avenir, d’autant plus que les deux vieilles bénévoles qui s’occupent un tant soit peu de lui et dont l’âge frôle les 80 ans affichent des signes d’essoufflement et d’impuissance à continuer leur œuvre de bienfaisance et d’assistance, au même titre que son frère qui avoue être incapable de s’occuper de lui. Aussi, les pouvoirs publics sont vivement interpellés au même titre que le mouvement associatif et la société civile en général pour réagir à temps pour mettre un terme au calvaire de ce pauvre handicapé avant que l’irréparable ne se produise.
Oulaid Soualah