Les parents d’élèves préparant les examens de fin d’année (BAC, BEM ou sixième) sont de plus en plus inquiets quant à l’avenir scolaire de leur progéniture. Les retards accumulés suite aux fréquentes fermetures des établissements scolaires pour cause de grèves des enseignants ou d’intempéries « ont atteint un seuil critique », nous confie un parent qui ne voit de solution que « les cours de rattrapage qui sont dispensés sans interruption, qu’il pleuve ou qu’il vente ». Incontournable pour nombre de parents, « ce remède à tous les maux » n’est plus l’apanage des villes où il n’est plus un luxe. Devenu à la mode, il a atteint les villages les plus reculés. « Je n’ai pas attendu cette année pour me rendre compte que mes enfants nécessitent une aide en dehors de l’école », nous confie un fonctionnaire, avide de relever le niveau de ses enfants, « surtout pour les matières scientifiques sur lesquelles je ne fais pas de concession ». Cartables sur le dos, les enfants que nous avons rencontrés un vendredi nous disent qu’ils se dirigent chez un professeur « pour des cours ». « Grâce à ces leçons, nous obtenons de bonnes notes, car, à dix par classe, nous comprenons mieux qu’au CEM », disent-ils avant d’ajouter : « de toute façon, les parents disent qu’il faut suivre ces cours si on veut réussir ». La plupart des parents sont convaincus que l’école n’offre plus le minimum à leurs enfants. Des enseignants des écoles privées ou des diplômés au chômage ne lésinent pas sur les affiches placardées, parfois près des établissements scolaires, pour attirer les potaches. Peu importe la compétence du personnel ou les conditions d’accueil des enfants. Personne n’en a cure. L’essentiel est qu’ils rattrapent une partie des leçons perdues. Ils n’ont ni week-end, ni jour férié et encore moins de vacances pour se reposer. Les élèves des classes d’examen, même ceux du primaire, se découvrent un engouement particulier pour les cours de soutien scolaire. Dispensées généralement par des professeurs, employés de l’éducation nationale, à des groupes de moins de quinze enfants, les leçons sont suivies avec plus d’assiduité qu’à l’école. Quant aux honoraires, ils diffèrent d’un professeur à un autre. À mille dinars par enfant, certains parents se disent « satisfaits » alors que les petites bourses mettent en avant « la discrimination entre les riches et les pauvres qui n’auront pas les mêmes chances aux examens ». Il faut signaler, cependant, que dans la plupart des villages, dotés d’associations culturelles, des universitaires volontaires dispensent, gracieusement, des cours aux candidats aux différents examens. L’ouverture des écoles pour des cours du soir, comme au bon vieux temps, serait peut être une solution qui sera du goût de tout le monde.
A.O.T.