Des habitants du village de Tiskimine, dans la commune de Smaoune, à une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, ont procédé dans la matinée d’hier, à la fermeture de la voie ferrée, obligeant ainsi l’autorail Béjaïa-Alger à faire demi-tour avec ses passagers jusqu’à la case de départ, comme si la direction de la SNCF ou les voyageurs avaient quelque chose à voir dans le différend qu’ils ont avec leur APC. Cette action extrême et héroïque à leurs yeux, ils l’ont décidée après avoir fermé durant deux jours, le siège de la mairie de Smaoune, mairie dont relève leur village. Leur revendication est d’avoir leur part du PCD 2015 (plan communal de développement), dont le montant total s’élève à plus de 6 milliards de centimes. La somme qui leur reviendrait servirait à la réfection de la route de leur village. Quoi de plus légitime pour des villageois qui ont le mérite de continuer d’habiter dans des maisons ancestrales et de travailler leurs terres que de solliciter la réfection de la route qui mène à leur village. Mais a-t-on vraiment besoin de recourir à ce moyen ultime pour faire entendre leur voix ? D’autant plus que l’édile de la commune aurait déclaré la veille, sur les ondes de la radio locale, que « la réfection du village de Tiskimine est inscrite au programme de la commune pour l’exercice 2015 ». En décidant de bloquer la voie pour l’autorail Béjaïa-Alger, les protestataires ont-ils réfléchi aux désagréments qu’ils causeront aux centaines de voyageurs qui se rendent à Alger ? Qu’ont-ils à voir ces derniers dans la réfection de la route de leur village ? Parmi ces voyageurs, il y en a qui ont à rejoindre leur lieu de travail, ceux qui ont des rendez-vous d’affaires importants ou des rendez-vous médicaux… Lors d’une journée scientifique organisée récemment à Béjaïa sur les dialyses, les médecins ont déclaré qu’à cause de la fermeture des routes, plusieurs malades meurent dans les voitures sur les routes avant d’atteindre les générateurs de dialyse à l’hôpital. A-t-on le droit moral pour revendiquer son droit et de priver les autres de leurs droits ?
B. Mouhoub