Un débordement unique depuis…1957

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La situation est, on ne peut plus, catastrophique au lieu-dit Ighil Ouguemoun, dans la commune de Smaoun, suite aux dégâts considérables causés par les fortes crues de l’Oued Soummam sur le réseau d’AEP alimentant les villes de Bejaïa, Amizour, El Kseur et les localités avoisinantes, depuis le barrage de Tichy Haf, laissant des milliers de foyers sans eau depuis déjà une semaine.

Les fortes précipitations de ces derniers jours ont mis le plus important cours d’eau de la région en furie et la vitesse de ses crues a atteint, croit-on savoir, 5 millions de litres/seconde, et de 1 million de litres/secondes 5 jours après. Le débordement du lit de l’Oued, unique en son genre depuis 1957, n’a rien laissé sur son passage, il a emporté une bonne partie d’une exploitation agricole se trouvant sur ses berges, ainsi que le pont totalement effondré coupant carrément la circulation sur le CW 21, reliant entre elles 3 communes Amizour, Smaoun et Timezrit. Au 5éme jour, mardi dernier, une forte délégation accompagnant M. Hamou Ahmed Touhami, Wali de Bejaïa s’est déplacée sur les lieux pour constater les dégâts causés surtout sur la canalisation desservant en eau potable plusieurs villes de la Soummam, dont le chef-lieu de wilaya, et ce dans le but de trouver les mesures urgentes à entamer dans l’espoir de rétablir l’alimentation en eau des foyers en manque. « La première mesure que nous voyons possible en ce moment est avant tout celle de dévier le cours de l’Oued pour permettre une intervention sans risque des agents sur la canalisation de l’eau et y voir le degré des dégâts causés, car avec cette montée d’eau menaçante, il est impossible de s’y approcher » dira le wali devant la presse présente sur place. Difficile de progresser à l’endroit où se trouve le segment abîmé de la conduite de Tichy haf et qui n’est visible que partiellement en surface des eaux.  Les premiers coups de pioches sont déjà donnés pour réaliser une nouvelle canalisation sur le côté gauche du lit de l’Oued où se trouvent déjà des engins.  Les autorités locales de la wilaya ont de surcroît fait appel à l’entreprise chinoise retenue pour la réalisation de la pénétrante pour une aide beaucoup plus matérielle et logistique avec des engins et surtout des grues qui permettront donc de manipuler cette géante conduite d’eau noyée. Il faut signaler que cette entreprise chinoise a failli perdre un engin qui tentait de s’approcher des crues de la rivière, et c’est à ce moment-là que tout le monde mesura le risque. Un travail contre la montre est entamé et la protection civile, par sa contribution a assuré un éclairage nocturne pour que les travaux soient menés sans relâche jour et nuit. Après plusieurs heures d’efforts, le niveau a sensiblement baissé et des agents des services hydrauliques ont pu s’approcher de la canalisation qui hélas a complètement rompu, nécessitant donc quelques jours pour une réparation définitive qui assurera le retour à une alimentation normale en eau de Tichy Haf. Malgré les deux jours d’accalmie du ciel, voila deux BMS concernant en plus la région de la Soummam qui pourraient hypothéquer toute progression des travaux afin d’arriver néanmoins à réparer la canalisation et mettre fin à une pénurie ressentie fortement par des milliers de foyers. Même si l’ADE a pris des mesures pour alimenter les ménages par des citernes, en mobilisant quelque 25 camions qui sillonnent les quartiers de la ville de Bejaïa, cela reste très en deçà des besoins des ménages en eau. En ce moment, les travaux menés consistent à emboîter le segment « aquatique » de la canalisation à cet endroit par la construction d’ouvrages mettant en sandwich la conduite pour la protéger d’autres crues et procéder après au raccordement qui permettraient le rétablissement définitif de l’alimentation en eau, mais cela demandera quelques jours à rajouter au temps passé de la disette. L’on se pose la question par ailleurs pourquoi des mesures contre toute crue n’étaient pas prise bien avant, sachant que le lit de l’Oued n’a jamais cessé de s’élargir au détriment de ses berges sans cesse phagocytées par les eaux. Des habitants de Smaoun, riverains de la rivière témoignent que, durant la décennie 90, des crues de l’oued Soummam ont dévasté cette partie au statut de division du périmètre hydraulique DPH en emportant trois lots constituant trois exploitations agricoles individuelles (EAI). Actuellement, il ne reste qu’une portion d’une seule EAI verdoyante située sur la berge droite et juste à quelques mètres du pont effondré du CW 21. Ce dernier fait partie de ce lot de dégâts causés par les eaux de la rivière et qui ont isolé partiellement la localité de Smaoun après l’effondrement totale du pont. Outre le paysage sauvage, paradisiaque et unique en son genre de la vallée de la Soummam, précisément à cet endroit appelé Ighil Ouguemoun, avec une dense végétation et verdoyantes surfaces formant les berges de l’Oued, l’on peut dire que ce lieu-dit constitue pour le moment le Triangle des Bermudes qui fait peur aux plus grand engins, après qu’il a emporté un pont entier et une géante canalisation des plus robustes. Les habitants de Smaoun, plus particulièrement ceux du village Boualoun, craignent que les pouvoirs publics mettent beaucoup de temps à s’occuper de cet accès coupé car en ce moment, la préoccupation va droit au réseau AEP.

Nadir Touati 

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