La coordination des villages maintient la pression

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De l’électricité dans l’air, il y en avait hier à Azazga, mais ça n’a pas pour autant court-circuité, comme le laissait entendre la rumeur qui a vite fait le tour de toute la région, tôt le matin, annonçant des émeutes dans cette ville.

D’ailleurs, cette même électricité n’était pas perceptible à l’entrée de la localité du côté de la cité Tizi Bouchène, où tout le monde vaquait à ses préoccupations. Les commerces étaient ouverts et la circulation était, comme d’habitude, dense et les inévitables encombrements étaient au rendez-vous. Bref, tout était normal…en fait, s’il devait se passer quelque chose, c’était au centre ville que cela devait se dérouler et plus précisément au niveau de l’APC bloquée, faut-il le rappeler depuis le mois de septembre dernier, par la coordination des villages. Et là c’est loin d’être une situation normale. Des commerces ont baissé rideaux et la circulation était bien fluide. Les regards des présents étaient tous braqués sur le siège de l’APC où on voyait, de loin, une foule de citoyens faisant face aux forces anti-émeute, qui quadrillaient l’édifice. Du haut de celui-ci, quelqu’un prenait tout ce beau monde en caméra. Chose qui n’a pas été du goût de la foule qui le grondait. Mais que s’est-il passé ? Et bien, le maire venait d’être introduit dans son bureau. C’est ce que nous ont expliqué des badauds sur les lieux. Chose qui a été confirmé par un animateur de la coordination des villages. « Effectivement, le maire est à l’intérieur. Il y a été introduit, vers 6h du matin. Pour ce faire, on a fait appel aux forces de sécurité ». Autrement dit, donc, l’APC d’Azazga vient d’être rouverte et reconquise par le maire et son équipe de l’exécutif après prés de 7 mois de blocage et d’occupation par la coordination des villages réclamant le départ pur et simple de ce même maire et son exécutif. Plusieurs actions de protestation, dont des marches et des grèves générales ont été initiées par la dite coordination à cet effet, mais en vain. Est-ce donc pari réussi pour le maire, depuis hier ? C’est loin d’être le cas, doit-on conclure, car les protestataires qui ont envahi le siège de l’APC hier, ne décolèrent toujours pas. «  Certes, on a laissé faire aujourd’hui mais on ne baissera pas les bras. On reviendra à la charge et on maintiendra notre sit-in et on mettra sous scellés le bureau du P/APC dès ce soir », nous dit un membre de la coordination des comités des villages. Et de poursuivre «  notre mouvement est pacifique. Nous ne voulons pas entrer en confrontation avec la police, mais ce n’est pas pour autant qu’on s’avouera vaincus, nous poursuivrons notre combat, jusqu’au départ de ce maire ». À en croire les mêmes animateurs, si les pouvoirs publics ont décidé de passer à l’action hier, c’est pour permettre à l’exécutif de signer les différents budgets de la commune, dont le dernier délai, coïncidait avec la journée d’hier, 15 mars. «  Je me demande pourquoi avoir attendu 7 mois pour réagir ? Pourquoi n’ont-ils pas fait ça avant, par exemple juste après les conclusions de la commission d’enquête diligentée par la wali ? ». Ces interrogations sont d’un autre protestataire de la même coordination qui affirme que le mouvement de protestation se poursuivra malgré « cette manœuvre ». Hier d’ailleurs, et parallèlement à ce rassemblement devant le siège de l’APC les différents accès menant vers Azazga étaient fermés à la circulation. C’est du moins ce que nous ont appris les membres de la coordination réfractaire. Chose que nous n’avons pas pu vérifier, puisque la route vers Tizi-Ouzou était ouverte, du moins en matinée. Par contre, les manifestants ont campé durant toute la journée d’hier devant le siège de l’APC, guettant la sortie des élus. Chose intervenue, tard dans l’après midi. D’ailleurs, avons-nous appris d’un des membres de la coordination joint par téléphone, ces élus ont eu tout le mal du monde pour se frayer un chemin de sortie. « Le maire et un autre élu ont été empêché de sortir » nous affirmait notre source, ajoutant qu’un meeting de la coordination était au menu dans la soirée. C’est dire, en somme que le bras de fer est loin de connaître son épilogue.  Les jours à venir s’annoncent tout aussi ardus pour la ville d’Azazga qui traverse une des périodes les plus cruciales de son histoire. Le pire est d’ailleurs à craindre dès aujourd’hui, puisque l’autre clan, celui appelé «  mouvement pour la sauvegarde d’Azazga », qui se dit contre «  la substitution aux élus », soit pour le retour du maire aux affaires de l’APC, a appelé à une marche et à un sit-in devant le siège de la daïra. Reste à savoir si cette manifestation est maintenue après ce qui s’est passé hier. « Les animateurs de ce mouvement vont se réunir ce soir (hier soir NDLR) pour décider », nous disait hier une source proche du dit clan.

M.O.B   

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