Sadiya n l’euro s’invite chez Kaci l’angoisse avec une taqecwalt pleine s tagheddiwt d yisekkinen. Elle revenait de Tala n baylek.
– Je t’ai ramené de quoi mijoter aqedduh n tzemmit.
– Tanemmirt na Sadiya ! Ça tombe bien, Dezdeg ihemmel tizemmit.
– Il est là ?
– Il va arriver d’un moment à l’autre. On compte faire un tour du côté de Tafsut 80.
Le lendemain, lewhi n l3ecra yafiten-id lhal di 29 mars 1980. Tamurt tezegzew. La Kabylie est couleur arc-en-ciel. Tibannagin aussi. Pas un hidjab, pas une barbe. Aqbuc coule à flot di Tizi-ouzou et alentours. Deux gendarmes longent en toute quiétude l’artère principale de la ville. Trois étudiants éméchés sortent de chez Winnat. Parmi les trois adeptes de Bacchus, Kaci reconnaît le futur délégué des ârchs et, plus tard, député du FFCD. Le futur parlementaire fredonne : « Et si tu n’existais pas, Dis-moi pourquoi j’existerais ? Pour traîner dans un monde sans toi… ». Crise de hennounisme noyée dans un aqbuc ! Ses deux compagnons, moins éméchés, essaient tant bien que mal de le maintenir debout comme…un « zède » imazighen. Les deux gendarmes de tout à l’heure reconnaissent le futur délégué. Ils arrêtent une voiture et demande au chauffeur de conduire les trois étudiants à Oued Aissi. Cool, les gendarmes ! Ajadermi qui vient au secours d’un amoureux mélancolique ! La scène est presque émouvante.
Les trois iminigen se rendent à la mairie du parti unique. Les portraits de Chadli et de Messadia occupent tous les murs. Le planton en chef de l’édifice s’énerve dans un arabe très classique contre un citoyen un peu trop rouspéteur à son goût.
– Qultu laka ghayru mumkin an tara rais lbaladiya
– Acimi akka ?
– Inahu fi ijtima3 !
– Lmir-agi dima fi ijtima3 ! Ur teffegh s-ya alama zrigh-t ?
– Sawfa texruj aw unadi ila derk el watani
– Isem-is yemma-k s ta3rabt ?
Le planton en chef appelle din din la brigade de gendarmerie : « un mucewec s’attaque aux tawabet el umma en dénigrant ellugha el 3arabiya… »
Cinq minutes après, les deux gendarmes émouvants de tout à l’heure embarquent le citoyen rouspéteur. Deux hirondelles annonçant Tafsut voltigeaient au dessus du fourgon cellulaire. Les bourgeons étaient à quelques jours d’éclore.
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr
« L’hirondelle ne fait pas le printemps, mais le chameau fait le désert »
A.Capus
P.S : Salim et karima ont retenu Tafsut pour convoler en justes noces. Il était temps !
Félicitations frangin ! Félicitations Karima ! Faites du bon travail, fabriquez-nous des kabytchous printaniers dignes d’Avril 80 !

