Tout reste à faire à Imesdurar

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Saharidj est l’une des communes qui a subi non seulement  de plein fouet les agressions climatiques, exceptionnellement violentes durant cet hiver, mais aussi la désertion totale des responsables depuis plusieurs années. 

Une défaillance dans la gestion des affaires publiques a non seulement engendré un frein brutal du développement mais aussi une dégradation généralisée de ce qui a été déjà réalisé faute de suivi et d’entretien. C’est le cas notamment à Imesdurar, dernier village en haute montagne qui culmine à quelques 1 200m d’altitude, a proximité du col de Tizi N’Koulalen, en bordure de la RN30. Ce village, étant abandonné à son triste sort et livré aux affres climatiques, a entamé une nette régression qui lui fait reprendre son aspect primitif d’avant l’indépendance, avec l’ensemble des ouvrage d’utilité publique délabrés, à l’image de l’unique route d’environ 02Kms qui le relie à la RN30. Le tronçon en question est défoncé avec la partie supérieure « mangée » par les éboulements, chutes de rochers et coulées de boue qui ont enseveli la chaussée et obstrué les fossés de drainage et évacuation des eaux pluviales. Un état de fait qui accélère sa dégradation. L’ouvrage suivant qui a subit les mêmes dégradations est celui du réseau de distribution de l’AEP qui, en plus de nombreuses avaries qui l’ont transformé en passoire, offre un liquide de qualité douteuse, selon les villageois que nous avons rencontrés au village. Nos interlocuteurs affirment que les réservoirs et autres répartiteurs n’ont jamais été curés depuis leur réalisation, et à l’intérieur desquels s’est formé un dépôt d’impuretés qu’ils reçoivent dans leurs robinets et qu’ils ont cessé d’utiliser pour se rabattre sur les sources naturelles comme au bon vieux temps. Cela à côté de l’un des plus névralgiques équipements dans ces villages reculés aux terrains fort accidentés et étroitement entourés de forêt vierge qui est l’éclairage public. Celui-ci n’est plus qu’un vieux souvenir, étant inopérant depuis plusieurs années, selon nos interlocuteurs. Ces derniers nous montrent des lampadaires complètement détériorés dont certains arrachés par les violentes tempêtes de vent pendent lamentablement au bout de leurs fils. En ce qui concerne l’assainissement, mis à part un tronçon qui traverse le centre du village qui a bénéficié d’une opération de rénovation bâclée l’année passée, nous avions constaté de visu de nombreuses avaries sur les réseaux de raccordement. Le liquide nauséabond coule à l’air libre et en rajoute à l’insalubrité et la pollution à l’intérieur et autour de ce village entouré aussi de dépôts de fumier provenant des nombreuses étables de bovins, ajouté au dérèglement dans le ramassage d’ordures ménagères pour boucler la boucle. Les ruelles à l’intérieur de ce village plusieurs fois centenaire n’ayant bénéficié d’aucune opération d’aménagement sont toujours à leur état primitif en terre battue sous forme de sentier de chèvres, où il n’est pas aisé de circuler. Cela pour ne citer que l’aspect apparent des plus agressifs de ce pauvre village livré à lui-même. Il serait utile de souligner aussi qu’il vit sous une menace permanente de rochers qui le surplombent, et ce, malgré que le tissu végétal formé d’arbres adultes et de luxuriants buissons forment une impeccable barrière de protection et freinent les avalanches de rochers et galets qu’ils empêchent d’arriver aux habitations. La végétation qui sert aussi à la consolidation du sol a été ravagée par des incendies en série durant ces cinq dernières années. En somme, un ensemble de facteurs à l’origine d’un exode massif des villageois qui sont partis sous des cieux moins agressifs. Ne subsiste encore à Imesdurar qu’une cinquante de familles environs, soit ceux qui n’ont pas où aller et qui se résignent à leur triste sort, ravagé par le chômage, l’isolement et la mal vie. Cela au moment où l’Etat a mis en place un important programme de fixation des populations rurales. À Imesdourar, il ne reste encore que des rescapés dont la majorité vivent de l’élevage qui lui aussi a entamé son déclin avec l’apparition d’épidémies animales qui déciment chaque année des troupeaux entiers de bovins et ovins. Le seul animal rustique qui oppose une vaillante résistance à ces maladies endémiques reste le caprin. Ce village a besoin d’un programme d’urgence pour sauver ce qui pourrait l’être encore.

Oulaid Soualah

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