L'agriculture boudée par les jeunes

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Malgré sa vocation essentiellement agricole, la wilaya de Bouira ne voit aucunementre refléter cette tendance dans le choix des jeunes dans la formation et l'enseignement professionnels.

Tel est le dur constat du directeur de la formation et de l’enseignement professionnels de la wilaya, fait au cours d’une journée d’études organisée, jeudi dernier, à l’INSFP de Drâa El Bordj, autour de cette thématique. La rencontre a regroupé les principales structures intervenant dans le secteur de l’agriculture, à l’image de la direction des services agricoles, la conservation des forêts, la chambre de l’agriculture et les centres de formation, particulièrement l’Institut national spécialisé de formation professionnelle de Lakhdaria. Sur l’ensemble des stagiaires et apprentis, près de 20 000, pris en charge par les différents centres et instituts de formation, seule une quarantaine d’entre eux ont opté pour des spécialités en relation avec les activités agricoles. En haut du podium, vient le secteur du bâtiment et travaux publics, avec 25 % des stagiaires. Viennent par la suite les métiers des services et des travaux domestiques (administration, informatique, couture,…). Le directeur de la formation professionnelle de la wilaya a invité les partenaires dans le secteur de l’agriculture à réfléchir aux raisons qui grèvent l’attractivité des métiers de la formation aux métiers de l’agriculture et à la manière de remédier à cette situation, sachant que la wilaya de Bouira s’ouvre de plus en plus à la diversification agricole au vu des nouveaux périmètres irrigués programmés dans la région et au vu aussi de la nouvelle vocation oléicole de ses communes pré-steppique du Sud. Les intervenants ont relevé le caractère encore traditionnel et familial de l’organisation des exploitations agricoles, non ouvertes sur le nouveau management et la technicité. Il se trouve que, comme l’ont rappelé les représentants des services agricoles et la chambre de l’agriculture de la wilaya, même les journées de formation de courte durée (de 1 à 5 jours maximum) organisées au profit des agriculteurs sur des thématiques bien précises (greffage, taille, élevage apicole,…) ne sont pas bien comblées du fait d’un fort taux d’absentéisme. Il arrive que seuls un ou deux agriculteurs se présentent. Pour remédier à une telle situation, il est proposé de lier la mobilisation de toute forme de soutien de l’État au préalable de la formation dans le métier. C’est là d’ailleurs une expérience menée depuis 2014 par la conservation des forêts dans le soutien à l’élevage apicole. Le dossier du porteur de projet n’est définitivement validé que lorsqu’il effectue ses journées de formation dans les centres de formation de la wilaya. Concernant les métiers que les entreprises agro-forestières n’ont pas encore intégrés dans leur organisation, il a été proposé à ce que des formations soient assurées pour des postes comme « ouvrier sylvicole », « élagueur »,… à charge pour le maître d’ouvrage qui élabore les cahiers de charges pour des appels d’offre d’intégrer ces postes et de contraindre les entreprises à les recruter pour pouvoir bénéficier de marchés publics. Une autre idée a aussi fait son chemin dans les débats, celle consistant à former des jeunes dans des métiers où ils pourront s’installer à leur compte en fondant des entreprises de prestation de service (traitement phytosanitaire, désinfection des étables,…), quitte même à ce que les jeunes s’organisent en coopératives. Se voulant comme un espace de concertation pour accompagner le monde agricole dans le domaine de la formation, la rencontre de jeudi dernier a permis de défricher un terrain encore peu investi par la réflexion. Le défi actuellement est celui consistant à anticiper la demande en matière de formation professionnelle, face à des activités agricoles et agroalimentaires appelées, dans un avenir proche, à se diversifier et à solliciter plus de technicité.

Amar Naït Messaoud

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