H’nifa, la Piaf kabyle

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H’nifa, de son vrai nom Ighil Larbâa Zoubida, est née le 4 avril 1924 dans le village d’Ighil-Mehni, commune des Aghribs, dans la daïra d’Azeffoun. Elle n’avait que six ans quant elle dut suivre sa famille à Alger. La seconde guerre mondiale fit que vers 1940, elle revint au village où Zoubida, passionnée de poésie, chantait dans les fêtes et faisait déjà l’admiration de ses voisines. Son père la marie de force à son ami. Elle n’avait que 16 ans. Ne pouvant supporter les sévérités de son époux, elle fugue et se retrouve de nouveau à Alger. « C’est ainsi que débute « le prélude à la vie d’errance » de la jeune femme, comme l’écrivait un journal. En 1947, elle épouse un agent de la RSTA. De cette union naquit une fille mais ne tarda pas à divorcer. Et pour nourrir sa mère et sa fille, elle travaille comme femme de ménage et là le hasard la fit rencontrer avec Chérifa qui a dû savourer sa voix. Elle lui propose de franchir le seuil de la RTA. Sa rencontre avec Cheikh Nordine, détecteur de talents et de voix, lui fait réussir son test de voix. Admiratrice de la chanteuse syrienne Sihem Refki, elle n’eut pas de mal à enchaîner des succès grâce en partie à Amraoui Missoum, Cherif Keddam et Kamal Hamadi.Sa voix nasillarde d’une empreinte de mélancolie fait traverser ses chansons émouvantes d’une grande sensibilité. Elle participe à deux films. La misère qui ne lui laissait pas de répit, « lmahna », mot qu’on retrouve dans beaucoup de ses chansons, finit par l’emporter. Elle meurt dans sa chambre à Paris le 23 septembre 1981 laissant un répertoire de quelque 63 titres que garde jalousement la discothèque de la chaîne II. En novembre, son corps est rapatrié et à l’initiative d’Abdeslam Abdennour, assisté de Cherif Kheddam, sa tombe à El Alia est aménagée. En 1992, un hommage des plus grandioses lui est rendu par des associations d’Aghribs. De grands noms de la chanson kabyle, comme Ait Menguellet, Matoub, Izri, Ferhat, Ouazib et bien d’autres stars, ont répondu à l’invitation. En 2007, c’est une association culturelle de Souamaa, « Issegh », qui la fait revivre à la Maison de la culture Mouloud Mammeri.                                                                  

Ali B.

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