Les enseignants ont défié Benbouzid

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La grève à laquelle a appelé la Coordination intersyndicale de l’éducation nationale a, pour le moins que l’on puisse dire, eu un écho très favorable notamment dans la capitale. Le secondaire, contrairement aux deux paliers du primaire et du moyen qui ont connu un suivi partiel, a été dans sa quasi-totalité paralysé. Ils étaient très nombreux les élèves qui se sont vus contraints de rebrousser chemin. C’est du moins ce que nous avons constaté hier lors de notre virée effectuée dans plusieurs quartiers de l’Algérois. Les enseignants ont, en effet, joignant l’acte à la parole, massivement suivi le mot d’ordre de grève, faisant, ainsi, fi de la décision de justice prononcée hier par la Cour d’Alger, notifiant l’interdiction et l’illégalité de la grève. Même les menaces émanant de leur tutelle, qui dans un communiqué rendu public avant-hier dans la soirée, a mis en garde ces derniers que toutes « les dispositions législatives et réglementaires prévues par la loi en cas de non-respect de la décision de justice portant arrêt de la grève seront rigoureusement appliquées”, ont été bravés. Ni les ponctions sur salaire ni le gel de la prime de rendement décrétés par le département de Boubekeur Benbouzid à l’encontre des enseignants grévistes, n’ont pu émousser la motivation des ces derniers qui, une fois de plus, ont démontré leur force et surtout leur mobilisation sur le terrain. Certaines sources syndicales avancent un taux de suivi de plus de 60% à l’échelle nationale, alors que d’autres font monter la balance plus haut. Notre source syndicale nous a fait savoir qu’à Alger le taux de participation aurait atteint les 90%. Le même taux est enregistré au niveau d’Oum El Bouaghi, Tébessa et Ain Defla, dira notre source. Lamdani du CNAPEST, contacté par nos soins, a réellement confirmé ces pourcentages en qualifiant la mobilisation des enseignants d’ »extraordinaire ». Selon lui, cet élan de solidarité constitue « une réponse claire et sincère des enseignants à la menace et au chantage alimentaire de la tutelle ». Il est temps, ajoute Lamdani, que le ministère de tutelle se penche sur le fond du problème. L’ouverture sincère des portes du dialogue est, d’après lui, une nécessité incontournable car « les promesses ne font plus régler les problèmes. Nous voulons du concret  » martela-t-il. Les cinq délégués de l’intersyndicale qui ont fait l’objet d’une poursuite en justice pour incitation à la grève ont, quant à eux, préféré s’abstenir de tout commentaire. Une des figures de proue de la coordination a tout simplement souligné « nous ne pouvons nous exprimer sur la grève et ce par respect à la décision de justice ». Il a également fait savoir qu’aucun des cinq délégués auditionnés avant-hier par la Chambre administrative de la Cour d’Alger n’a reçu sa notification. Une fois celle-ci formulée, ils saisiront le conseil d’Etat, fait-il rappeler. Au yeux des syndicalistes, ce qui se passe sur le terrain peut, à plus d’un titre, nous renseigner sur la réussite de l’action de protestation entamée par les travailleurs de l’éducation. En effet, une petite virée que nous avons effectuée à la cité Bachdjarah, un quartier connu pour son caractère populeux, suffisait pour que ce constat soit établi. La mobilisation est générale. La paralysie était visible au niveau des quatre lycées implantés dans cette zone. La participation dans les primaires et les CEM est, par contre, moins perceptible. C’est la même chose au niveau d’Alger centre, El Idrissi, Baba Arroudj, Emir Abdelkader, pour ne citer que ces trois lycées ont affiché leur participation à la grève. Du côté de l’officiel c’est le silence radio. Aucune information n’a filtré de leur département. Toutes nos tentatives de joindre le ministère de l’Education ou l’Inspection académique d’Alger sont restées vaines. Sans pour autant avancer un pourcentage, une source de l’académie a souligné que du côté est de la capitale, la grève a été « timidement suivie ». A ce titre, il y a lieu de dire que la guerre des chiffres n’a pas eu lieu en ce premier jour de grève. La cadence sera-t-elle maintenue pour aujourd’hui ?

Wassila Ould Hamouda

Le débrayage suivi à Bouira…

Comme il fallait s’y attendre et malgré les menaces d’ester en justice les personnes qui répondraient à l’appel de grève de la coordination intersyndicale de l’éducation nationale, la majeure partie des lycées et Etablissements scolaires des différents paliers ont été paralysés dans la quasi-totalité de la wilaya de Bouira. C’est toutefois ce qui ressort du point de presse animé, hier par les représentants de l’intersyndicale au niveau de l’école primaire Hassiba Ben Bouali de la ville de Bouira. D’emblée, les syndicalistes ont affiché leurs satisfactions quant au suivi de la grève à l’échelle nationale. Il était un peu moins de onze heures lorsque le coordinateur du CNAPEST de Bouira révèlera que le taux de suivi de la grève a atteint plus de 97%. “Nous parlons d’un taux effectif de la grève en terme d’établissements… sur trente-deux lycées, trente et un sont actuellement paralysés, à l’exception d’un établissement de Lakhdaria où l’on nous apprend qu’il fonctionne à 50%”. Pour les écoles primaires et autres CEM de la région Est de Bouira, l’appel à la grève a été largement suivi dans les daïras de Bechloul et M’chedallah. Pour les membres de l’UNPEF, il est actuellement difficile d’avancer un chiffre exact du suivi de la grève dans l’ensemble des établissements scolaires mais, selon eux, “Dans l’après-midi ou demain matin au plus tard, l’effet boule de neige ne manquera pas de revoir à la hausse le taux de suivi”. D’après les animateurs de ce point de presse, des syndicalistes de l’UGTA se seraient rendus, la veille de la grève, dans différents établissements primaires à travers le territoire de la wilaya afin de dissuader les enseignants de suivre le mot d’ordre de grève. Toujours est-il que cet appel ne concerne pas les personne vacataires puisque ces dernières ont été invitées par la coordination de l’intersyndicale de l’Education nationale à ne pas s’impliquer dans ce mouvement de protestation. Pour le coordinateur du CNAPEST de Bouira, il y a un certain malaise qui sévit dans le secteur de l’Education nationale, il citera entre autres plusieurs exemples à Bouira “d’établissements sans directeurs et gestionnaires depuis plus d’un trimestre, de manque d’hygiène dans les classes, l’état de délabrement de certains établissements, de présence d’amiante dans plusieurs classes, d’arriérés de salaires impayés depuis 2002, de contractuels non payés depuis plus d’une année, de l’argent des œuvres sociales dilapidé,…” et la liste est encore longue. A onze heures quarante cinq, nous nous sommes rendus au siège de la Direction de l’éducation de Bouira pour avoir un chiffre “officiel” du suivi du débrayage mais, après nous être présenté en tant que journaliste, le planton nous lancera à la figure : “Y a personne”. Peut être étaient-ils en grève eux aussi ?Hafidh. B

… Et à Boumerdès

Répondant à l’appel des représentants de cinq syndicats d’enseignants – CLA, CNAPEST, UNPEF, SATEF et SETE. Béjaïa, professeurs et instituteurs sont entrés hier, à Boumerdès, en grève pour deux jours. Selon un des représentants locaux de ladite Coordination intersyndicale, le débrayage a été suivi à 94,66%. En dépit des menaces de la tutelle, la majorité des enseignants des différents paliers s’est jointe au mot d’ordre de grève pour le 15 et 16 janvier 2006. Au chef-lieu de wilaya, les trois lycées étaient ce dimanche à l’arrêt. retenus à 8h dans la cour de chaque établissement secondaire, les potaches seront libérés deux ou trois heures plus tard. Mais dans l’école primaire Bayou-Hocine, les enseignants – après un moment d’hésitation – ont fait entrer leurs élèves dans les classes. Interrogé, l’un d’entre-eux a précisé que lui et ses collègues n’étaient point informés de l’évolution de la situation. En milieu de journée, des contacts entre établissements primaires s’opéraient pour s’entendre sur la position à adopter vis-à-vis de la grève.Côté collèges, la grève est massivement suivie particulièrement au centre-ville de Boumerdès et de sa périphérie. “On ne peut qu’adhérer au mot d’ordre de grève, pour réclamer notre droit à un mieux-être en tant qu’enseignants”, souligne un professeur d’enseignement à Tijelabine. Cette action de protestation est dirigée dans la wilaya de Boumerdès par les professeurs de lycées affiliés au CNAPEST. Les 28 établissements secondaires et l’annexe du lycée d’Afir que compte la wilaya étaient hier pratiquement paralysés, selon un membre de ce syndicat, non encore agréé. Depuis trois ans les mêmes revendications sont réitérées : augmentation de salaires, statut particulier pour les travailleurs de l’éducation et revalorisation de la retraite. Au lycée Draoui de Boumerdès, les enseignants menacent, en outre, de déclencher une autre grève au cas où l’administration procéderait à des fonctions sur la prime de rendement en réaction à ce débrayage.

Salim Haddou

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