Entre ouverture en grande pompe et fermeture en catimini, le contraste est saisissant.
Autrement dit, les contrées enfouies sous d’épaisses brumes et adossées aux piémonts des montagnes subissent les aléas d’une administration mal engagée. Sinon, comment expliquer que des projets censés désenclaver la région tombent en décrépitude par le coup de grâce des pouvoirs publics ? Les exemples sont légion à travers les différentes communes de la wilaya de Béjaïa. Le secteur de la santé détient à lui seul la palme d’or, en brillant par la fermeture de structures sanitaires en cascade. Dans la localité de Chemini, à 60 Kms du chef-lieu de la wilaya, deux dispensaires ont mis la clé sous le paillasson deux ans après leur ouverture. Implantés aux villages de Boumelal et de Zountar, les deux unités de soins n’accueillent plus les malades au grand dam de la population locale, contrainte de parcourir des kilomètres pour rejoindre l’unique polyclinique se trouvant au chef-lieu de la commune de Chemini. «La réforme sanitaire réclamée à cor et à cri n’est en fait que de la poudre aux yeux. Sinon, comment expliquer l’absence de politique de santé de proximité », s’interroge un habitant du village Boumelal. «Nous avons réclamé à moult reprises la réouverture de cette structure sanitaire, mais nos demandes ont toutes buté sur une fin de non-recevoir », poursuit un autre villageois. Approché par nos soins, le médecin-chef de l’EPSP de Chemini, Dr Slaouti, déclare en substance que les malades fréquentent peu les dispensaires en question. « On ne peut pas mobiliser un agent paramédical pour rester les bras croisés. Le manque d’infirmiers se pose avec acuité sachant qu’au niveau de notre établissement, nous enregistrons un flux massif de patients chaque jour», argumente notre interlocuteur. Il faut noter que plus de 25 villages dépendent de la seule polyclinique implantée au chef-lieu de la commune de Chemini. Les habitants du village sont durement pénalisés par ces fermetures, d’autant plus que même les moyens de transport pour aller se soigner au chef-lieu se font rares dans la région. Les personnes âgées et les enfants de bas âges endurent d’énormes difficultés liées à la défaillance de la couverture sanitaire. Les villageois soulignent par ailleurs que leurs salles de soins sont entièrement financées par la caisse du village, mais force est de constater que les pouvoirs publics n’ont pas su valoriser la solidarité des habitants, qui n’ont pas hésité à mettre la main dans la poche pour réaliser un rêve qui n’a que trop duré.
Bachir Djaider

