François Maspero, l'éditeur le plus engagé durant la guerre d'Algérie

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Militant anticolonialiste, formé dans le sillage des batailles pour la liberté des peuples, Francois Maspero, décédé samedi à l’âge de 83 ans, était incontestablement l’éditeur le plus engagé durant la guerre d’Algérie aux côtés des membres de la fédération de France du FLN. Toute sa vie, son marqueur était resté fixé à gauche, nourri par les luttes des peuples partout où la liberté était spoliée, en Indochine d’abord et en Afrique du nord ensuite, particulièrement en Algérie, pendant la guerre de libération nationale durant laquelle il avait exprimé les sentiments les plus anticolonialistes, révolté par les pratiques de torture et les massacres commis par la puissance coloniale. Issu lui même d’une famille de résistants, Maspero avait tissé des liens forts entre son univers livresque et la lutte du peuple algérien en s’élevant vertement contre le massacre, par la police française, des dizaines d’Algériens à Paris les 17 et 18 octobre 1961et la répression de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Ses publications avaient grandement contribué à mettre à nu la machine répressive exercée par la France coloniale. Son engagement pour la cause algérienne l’amena à divorcer du parti communiste français (PCF) pas assez engagé à ses yeux en faveur de la lutte du peuple algérien. Il quitte le PCF et continue à dénoncer les guerres menées contre les peuples colonisés. Il était aux côtés d’Amilcar Cabral pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert et se joignit à Aimé Césaire, fondateur du mouvement de la littérature négritude, et à Léopold Senghor, ancien Président sénégalais, pour la défense des valeurs humaines en Afrique. Il hérita du philosophe français Jean Paul Sartre son amour pour la liberté et subit les influences de nombreux penseurs de gauche portés sur l’action.

Il se définissait lui même comme un partisan de la praxis. Jamais les évènements ne l’ont démenti sur ce plan, rappellent ses proches.

Jusqu’à 1982, date à laquelle il passe le témoin à sa fille, François Maspero est resté une référence dans le monde de l’édition et, indéniablement, un exemple de la critique littéraire qui a vu défiler de grandes plumes dont les mots étaient ciselés dans le creuset du combat politique.

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