Hommage à Amroun Mehani

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À l’occasion du printemps berbère et du printemps noir et pour rendre hommage au grand artiste Amroun Mehani décédé le 20 avril 2012, l’association Tiwinin de Bouzeguène village a organisé, avant-hier, la deuxième édition du concours de dictée en tamazight, au complexe historique du colonel Mouhand Oulhadj qui sert de centre culturel, et ce, en collaboration avec l’inspection de l’éducation de la daïra de Bouzeguène.

En effet, l’association Tiwinin a choisi de revendiquer l’officialisation de la langue amazighe par le biais d’un concours de dictée en tamazight pour les élèves des classes d’examens, des cycles primaire et moyen. Les invités de Bouzeguène village, élèves, parents, enseignants, directeurs d’écoles et autorités, venus des quatre communes d’Ifigha de Ain El Hammam et de Tizi Rached, ont été chaleureusement accueillis par les citoyens. A 10h, les 52 élèves venus de 26 écoles primaires, tous armés de volonté pour se distinguer, ont commencé l’examen sous le regard attentif de leurs accompagnateurs (enseignants et directeurs). Entre 11h et midi, vint le tour des 79 élèves des 9 CEM de passer l’épreuve, qui s’est déroulée  à la grande salle dans une ambiance exceptionnelle. Juste après, les élèves et leurs parents ont effectué une visite guidée au musée se trouvant pas loin du centre culturel. Les enseignants ont corrigé les copies des candidats suivant le barème des examens officiels ; et par voie d’élimination, ils ont sélectionné les dix premiers puis les trois lauréats de chaque niveau. Après un repas auquel tout le monde a été convié les chorales d’Ait Ferrache et d’Illoula ont interprété deux belles chansons, l’une d’Amroun Mehani intitulée Jeddi et l’autre d’Ideflaouene. Ensuite, l’association a distribué des diplômes de reconnaissance à tous ceux qui ont contribué au bon déroulement de l’événement, dont les préparatifs ont duré plus de deux mois. Les honorés furent les enseignants de la langue amazighe des établissements scolaires participants et tous les candidats, lesquels récupéreront leurs diplômes chacun dans son école. 13h30, c’est l’heure d’annoncer les résultats, et c’est l’élève Kamylia Chaker du CEM Houra qui remporte le prix spécial Mehani Amroun. Cette jeune fille de quinze ans, du village Mansoura, dans la commune d’Ait Ziki, a gagné un lap top Tochiba, un lot de livres et un diplôme. Approchée, cette jeune élève a tenu à remercier vivement ses parents qui l’ont accompagnée, ainsi que son enseignante. « Je suis très heureuse pour le prix que je viens de décrocher. Tamazight, c’est une langue que j’aime beaucoup, et notre devoir c’est de tout faire pour la préserver», dira la lauréate. Son père n’a su cacher son émotion, tout fier de sa fille : «le fait de participer à la préservation de notre langue et notre culture un cadeau en soi. L’association qui a initié cet événement est à féliciter et à encourager». Le deuxième prix dans cette catégorie est revenu à Belabbas Liliane d’Ahrik, élève du CEM Houra également. Liliane avait pour rappel décroché l’année passée, le prix Mouloud Mammeri. Elle et Hammar Massyl, qui a décroché la troisième place, ont gagné des lots de livres. Pour ce qui est des candidats du cycle primaire, Younsi Abdellah du village Houra, qui suit ses études à l’école primaire d’Ahrik s’est distingué en décrochant le premier prix. On lui a attribué un ordinateur portable de marque Tochiba, un lot de livres et un diplôme de succès. «Je suis amazigh, c’est mon devoir de maitriser la langue de mes ancêtres. Je suis fier de mon identité et de cette distinction », dira le petit Younsi Abdallah. Abdellah a fait le bonheur de ses parents, fiers de lui et de ce qu’il a réalisé. Ils lui souhaitent d’autres réussites et remercient tous ceux qui ont organisé l’événement. Younsi Amine de l’école primaire Houra est classé deuxième, après Abdellah. Il est suivi de Mazeghrene Lytissia du village Agoucim, d’Illoula. À ceux là on a offert des livres et des diplômes. «Je tiens à remercier les initiateurs qui permettent à nos enfants de veiller à la préservation  de notre langue ; c’est ainsi que nous appuyons pacifiquement la nécessité et l’urgence d’officialiser Tamazight. Il est de notre devoir d’aider les associations qui font ces merveilles, comme Tiwinin», affirme Bessaha Mourad, P/APC de Bouzeguène. Après l’annonce des lauréats, Nna Ouardia, veuve d’Amroun Mehani, a pris la parole pour remercier les organisateurs de cette initiative. «Le combat pour l’officialisation de la langue amazighe s’organise de plus en plus. Cette association en est l’exemple concret ; c’est avec ce genre de concours que nos enfants apprennent à aimer et défendre leur amazighité leur langue et culture, valeurs et identité. L’espoir est permis quand on voit l’intérêt que portent ces jeunes pour tamazight. Cette dernière a besoin d’être rédigée pour sa transmission et sa «vie». Sa négligence est intolérable», nous dira Gaoui Yahia, porte parole de ladite association. Pour finir en beauté la troupe théâtrale d’Ait Lahcene, en collaboration avec le théâtre régional Kateb Yacine, a présenté une pièce théâtrale intitulée «Yennayer». L’association promet en outre que l’événement sera organisé chaque année. « Je trouve que l’édition de cette année est parfaitement réussie, et ce, sur tous les plans. Notre objectif est de préserver tous ce qui a trait à notre identité. La langue amazighe, nous devons l’enseigner aux enfants, cela relève de notre responsabilité», confie Amroun Omar, secrétaire général de Tiwinin.

Fatima Ameziane 

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