«Tamazight officielle…Tamazight obligatoire »

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C’est à l’appel du collectif des étudiants Amazighs de l’université de Bouira (CEAUB) que plusieurs centaines d’étudiants du département de la langue et culture amazighes ainsi que d’autres départements de l’université de Bouira ont sillonné plusieurs artères de la ville pour revendiquer l’officialisation de la langue amazighe, l’abolition du caractère facultatif de son enseignement ainsi que la généralisation de celui-ci à travers l’ensemble du territoire national.

«Tamazight officielle…Tamazight obligatoire »,  « 15 postes en deux ans ! », étaient les principaux slogans scandés par les étudiants. Des enseignants de Tamazight de la wilaya de Bouira, ainsi que des membres de la première promotion des enseignants de Tamazight ont également participé à cette action. La marche, qui s’est ébranlée vers 10h à partir du principal campus de l’université de Bouira, a été ponctuée par deux sit-in. Le premier a eu lieu devant le siège de la wilaya, où une minute de silence eut été observée par les manifestants à la mémoire des martyrs de la démocratie et de la cause identitaire. La seconde halte a été observée devant le siège de la Direction de l’éducation de Bouira, où un porte-parole du collectif des étudiants a lu une déclaration adressée aux différents responsables locaux et contenant plusieurs revendications. Une prise de parole a été organisée par les manifestants. Les étudiants ont interpellé une nouvelle fois, le premier responsable du secteur de l’éducation de la wilaya à propos du manque des postes budgétaires dans la wilaya alloués à l’enseignement de Tamazight, mais aussi à attirer son attention sur la nécessité d’en finir avec cet enseignement facultatif de cette langue. Les intervenants se sont, par la suite, étalés sur leurs revendications, à commencer par l’exigence de l’officialisation de Tamazight dans la prochaine constitution. « L’Algérie perdra à jamais son identité si Tamazight ne sera pas officialisée », dira l’un des intervenants, avant d’ajouter : « L’Etat doit respecter ses engagements pour la promotion, la généralisation de l’enseignement de Tamazight ». Concernant l’enseignement de Tamazight à l’échelle de la wilaya de Bouira, les intervenants ont été unanimes à déclarer « que la wilaya de Bouira a été marginalisée, et ce, vu le nombre dérisoire de postes destinés à l’enseignement de cette langue ». A ce propos, l’un des participants dira : « La ministre de l’Education nationale parle d’absence de demande sociale pour l’enseignement de Tamazight. Nous sommes tous là pour démontrer à la Ministre que la demande sociale existe effectivement, et la wilaya de Bouira qui a été longtemps à la marge, doit aujourd’hui avoir sa part entière des postes budgétaires destinés à son enseignement ! ». Dans leur déclaration, les étudiants du CEAUB ont largement critiqué le nombre « insuffisant » des postes budgétaires destinés à l’enseignement de Tamazight, débloqués à l’occasion du dernier concours organisé par le ministère de l’Education. « Les postes pour Tamazight sont attribués comme des miettes. Une provocation de plus, sinon, comment peut-on admettre ce quota humiliant réservé pour Tamazight. Sur les 19 000 postes ouverts, notre langue n’a eu que 209 postes, soit un pourcentage de 1% ?! », lit-on dans ladite déclaration, dont les rédacteurs ont tenu à interpeller la ministre de l’Education nationale pour le respect de ses engagements pour la généralisation et la promotion de Tamazight. « Au moment où on spécule d’une éventuelle officialisation de la langue berbère, ajoutant à cela des engagements consignés entre le HCA et le MEN, pour une prise en charge réelle de cette langue, on assiste à une marginalisation dans le terrain, et cela se traduit avec l’ouverture de seulement 15 postes dans les deux dernières années dans la wilaya de Bouira, qui est dotée d’un département de langue et culture amazighes depuis déjà sept ans ! », ajoute-t-on. Vers la fin de leur missive, les membres du CEAUB ont dénoncé ce qu’ils affirment être « une politique d’exclusion de l’ensemble historique amazigh dans son environnement naturel et réel ». Vers la fin de leur action, les étudiants se sont ensuite dispersés dans le calme le plus total. A noter également qu’aucun incident n’a été signalé tout au long de cette marche. 

O.K.

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