Ces derniers temps, les gens ont tendance à boire de plus en plus l’eau minérale. Celle du robinet attire de moins en moins de consommateurs.
Simple nouvelle habitude ou méfiance ? Nous nous sommes rapprochés de certains citoyens pour tenter d’en savoir un peu plus. Boire l’eau du robinet n’est plus aussi automatique pour certaines familles à Tizi-Ouzou. Dans certains foyers de la wilaya, on semble avoir plus confiance dans l’eau en bouteille mise en vente sur les étals plutôt que dans celle distribuée par l’Algérienne des eaux. En effet, certaines habitudes se sont ancrées et les gens recourent de plus en plus à l’eau minérale. «Je préfère inclure l’eau dans mes dépenses mensuelles et être sûr que ma famille boit une bonne eau, plutôt que de boire l’eau du robinet. Je ne vous cacherai pas que je n’ai plus trop confiance», nous dira un fonctionnaire père de famille rencontré dans une épicerie du chef-lieu de la wilaya. Il ajoutera : «L’eau en plus d’avoir un goût bizarre est un peu lourde », un adjectif qui veut dire que cette eau est trop calcareuse, explique-t-il, ajoutant que cela se voit même dans les récipients qui en quelques utilisations se retrouvent recouverts d’une couche blanchâtre. Une femme au foyer abondera elle aussi dans le même sens. Elle aussi adepte de l’eau commercialisée, elle nous dira : «Là au moins on peut savoir ce que l’on boit». Même en sachant que des traitements sont faits sur l’eau avant qu’elle ne soit distribuée, la consommatrice va un plus loin en affirmant qu’avec tout ce qu’elle lit dans les journaux sur l’eau du barrage Taksebt, elle a du mal à faire confiance à la qualité de l’eau du robinet. Elle nous parlera de certains écrits lus çà et là dans lesquels on souligne la pollution de l’eau. « On y parle des eaux usées des localités environnantes au barrage qui s’y déversent en grandes quantités. Sans oublier les autres déchets qui s’y accumulent. Rien qu’à cette idée, on n’a pas envie d’en boire. Et je ne pense pas qu’un traitement puisse y faire quelque chose », dira-t-elle.
Les gens optent pour un «retour aux sources»
Notre interlocutrice nous confiera même que chez elle l’eau du robinet n’est utilisée que pour les multiples travaux de ménage et pour la douche. Il s’avère donc que les consommateurs ont réellement peur pour leur santé quant à la qualité de l’eau qu’on leur propose. La pollution de l’eau de consommation peut engendrer, comme chacun le sait, un risque même à court terme pour le consommateur. Avec le plus souvent des troubles gastro-intestinaux et des diarrhées entres autres. Dans d’autres cas plus extrêmes, la contamination de l’eau peut avoir des conséquences plus graves, et le spectre des maladies à transmission hydrique (MTH) n’est jamais bien loin. La présence de micro-organismes, bactéries, virus et parasites dans les eaux de consommation est le plus souvent due à une dégradation de la qualité de la ressource en eau, à une mauvaise protection ou un manque d’entretien des ouvrages de captages, à une défaillance du traitement de désinfection ou à une contamination de l’eau lors de son transport ou stockage dans le réseau. Et à Tizi-Ouzou, la question de la qualité de l’eau desservie se pose avec acuité au niveau des localités et villages notamment. L’eau, avant d’atterrir dans les verres, aura fait un périple de plusieurs kilomètres. Une distance à travers les toyaux des réseaux de distribution dont l’état ne rassure personne, dans la majorité des cas. Surtout lorsqu’on sait que ce même réseau, en fer, est ancien, vétuste et défaillant. Des facteurs qui entraînent des infiltrations de toutes sortes. «Déjà que l’eau ne coule pas aussi souvent qu’on le souhaite… Et quand on a la chance de l’avoir dans les robinets, l’eau n’est pas nette», souligne un habitant de Fréha. Il expliquera : «Il faut laisser couler l’eau une dizaine de minute au moins avant de la voir s’éclaircir. On a tendance à ne plus vouloir en consommer d’autant plus qu’on ignore la raison de cette insalubrité». Notre interlocuteur nous confiera également préférer consommer l’eau des sources naturelles. Un énième témoignage qui souligne un peu plus la méfiance des citoyens envers l’eau du robinet. Et comme nous le confirme une citoyenne de la localité d’Azazga, «les gens, à défaut d’avoir les moyens d’acheter l’eau commercialisée, ont tendance à s’approvisionner en eau des sources ». Elle nous dira que son mari, enseignant véhiculé travaillant dans un village de Mekla «prend chaque jour avec lui des jerricans qu’il remplit à Djemââ Saharidj connue pour ses sources ». Un retour de la population donc « aux sources » pas seulement par manque d’eau mais aussi et souvent par méfiance envers l’eau distribuée.
Tassadit. Ch.