«Avec des nouveaux diplômes nous ne ferons pas de meilleures victimes»

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Le 19 mai 1956 eut lieu la grève générale des lycéens et étudiants algériens à l’appel du FLN. En effet, c’est suite à l’appel  des dirigeants de la Révolution aux  lycéens et étudiants  de lancer une grève illimitée des cours que des régiments de l’élite en devenir avaient rejoint les maquis de la liberté. Il était, du reste, certain que le combat politique ne pouvant conduire le peuple algérien à son émancipation, les militants nationalistes  avaient opté deux ans plus tôt,  pour la lutte armée. Et dans ce contexte, toutes les organisations algériennes ont été invitées à rejoindre le front de libération. Sous la houlette d’Abane Ramdane, tous les partis algériens, ayant existé avant 1954, ont accepté de rejoindre individuellement le FLN et l’ALN. Tout compte fait, les dirigeants du front avaient indubitablement besoin des étudiants pour participer à l’organisation et à l’encadrement de la lutte. C’est dans ces conditions qu’a eu lieu, le 8 juillet 1955, le congrès constitutif de l’UGEMA en vue d’unifier les syndicats estudiantins. D’ailleurs, la présidence est revenue à Ahmed Taleb El Ibrahimi, de l’association des Ulémas. Ainsi, tout en gardant un lien étroit avec le FLN, l’UGEMA a mené un combat soutenu, aux côtés des syndicats internationaux, pour que le peuple algérien recouvre son indépendance, sous  le slogan « Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! ». Ils s’étaient assigné plusieurs objectifs, entre autres, la proclamation de l’indépendance du peuple algérien et la libération de tous les patriotes emprisonnés.  Cependant, bien que la mission ait été périlleuse, les étudiants en France ont été chargés d’expliquer au milieu ouvrier, désorienté par le Mouvement National Algérien (MNA), mouvement concurrent créé par Messali Hadj, que le FLN se battait pour la libération nationale sans qu’il y ait la moindre compromission avec la France. Sur le sol hexagonal, le président de l’UGEMA a rejoint la direction de la fédération de France. Cependant, sur le plan international, l’UGEMA devait mener le combat sur trois fronts : l’anticolonialisme, l’indépendance et l’action. Pour ce faire, l’UGEMA a défini sa politique en clarifiant  : « Notre but était clair : informer, expliquer la tragique réalité algérienne, démystifier le monde étudiant qui distingue mal la France culturelle de la France colonialiste, gagner les sympathies à notre juste cause, obtenir l’engagement concret de la communauté étudiante mondiale dans la lutte que nous menons. » On peut dire que les étudiants algériens ont été à la hauteur des attentes placées en eux. Bien qu’ils aient rompu la grève,  pour la rentrée 1957-1958, les étudiants ont poursuivi leur combat de mobilisation de l’opinion internationale. Toutefois, l’indépendance apparaissant inéluctable, les responsables du FLN ont envoyé nombre d’entre eux vers des facultés européennes et maghrébines pour former les cadres susceptibles d’assumer  des responsabilités dans l’Algérie indépendante. D’ailleurs, dans son message au IV congrès de l’UGEMA, Ferhat Abbas, président du GPRA, a admis ceci : « En six ans, la Révolution algérienne a formé parmi vous plus de techniciens que le régime colonial n’en a formés en 130 ans d’occupation ».  En somme, lors des négociations franco-algériennes, plusieurs militants de l’UGEMA ont représenté le peuple algérien lors des pourparlers ayant abouti le 18 mars 1962 au cessez-le-feu. S’il y a une leçon à retenir de cette date,  c’est bien celle de la mobilisation quasi unanime, femmes et hommes, artistes, ouvriers, sportifs, étudiants et lycéens, celle enfin de tout un peuple pour sa cause nationale jusqu’à son indépendance pleine et entière. Jusqu’à sa libération du joug du colonialisme  le plus barbare que le monde ait  connu. 

 Sadek  A.H.

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