Chemini : La galette en vogue

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Signe d’un changement ostensible du mode de consommation des Algériens, la galette, autrefois jalousement préparée par les femmes, fait son apparition sur les étalages des supérettes et autres épiceries. Désormais, la galette qui est traditionnellement préparée à base de semoule tient une place de choix auprès du consommateur lambda. De facto, ce pain traditionnel a fait son apparition dans les grandes villes depuis des lustres, mais ces dernières années, les villages kabyles connaissent eux aussi l’arrivée-surprise de la galette. Sur les hauteurs de l’Akfadou, les ménages ont de tout temps consommé la galette, aghrum akouran ou Lmatlou3 qui accompagnent chaque repas. Les femmes kabyles excellent dans la préparation de ce pain de maison que d’aucuns ne peuvent y résister. Mais, force est de constater que les habitudes culinaires changent de main, dont la galette qui n’est plus l’apanage des femmes au foyer. « Se procurer de la galette chez un commerçant du village, c’était peine perdue dans un passé récent. Aujourd’hui, la galette a changé de main pour concurrencer le pain ordinaire », se désole un père de famille. Au chef-lieu de la commune de Chemini, pratiquement tous les commerçants vendent de la galette. Cédée à 40 dinars, la galette revient en vogue auprès des ménages, notamment les personnes âgées, les personnes malades et les femmes fonctionnaires.  Faute de temps ou de maladie, les amateurs de ce pain traditionnel préfèrent jeter leurs dévolus sur la galette que de consommer du pain ordinaire, souvent de piètre qualité et indisponible à la fois. De nos jours, la vie devient très prenante pour les femmes actives, de surcroît fonctionnaires de leurs états, et la notion du temps devient une denrée rare. Disposant de moins de temps pour rester derrière les fourneaux, notamment durant la semaine, ces femmes se disent ravies de trouver leurs « galettes bénies », habituellement préparées à la maison, proposées dans les commerces d’alimentation générale et des supérettes. À quelques encablures du chef-lieu de Souk-Oufella, le village de Tiliouacadi, véritable caverne d’Ali Baba, dans les épiceries et autres magasins qui pullulent comme des champignons, la galette se vend elle aussi comme des petits pains. Nous écoulons des dizaines de galettes par jour. «Des consommateurs habitués viennent acheter leurs galettes chaque matin, notamment les vieilles femmes qui rechignent à l’idée de consommer le pain ordinaire», avoue un commerçant dudit village. Et d’ajouter : «C’est une opportunité pour certaines femmes de préparer des quantités de galettes, ce qui leur permettra forcément d’avoir un argent de plus».        

Bachir Djaider

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