L’œuvre de Mouloud Mammeri revisitée

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L’entreprise d’organisation de manifestations culturelles, économiques et scientifiques (EMEV) a organisé avant-hier samedi, au niveau du centre culturel Ahcène Mezani de Larbâa Nath Irathen, une journée sur l’œuvre de Mouloud Mammeri, sous le thème « Mammeri l’Amusnaw ».  Pour décortiquer l’œuvre de cette grande pointure de la littérature algérienne, plusieurs spécialistes en la matière étaient présents, en l’occurrence Abdenour Abdeslam, Boussad Saim, Rachid Belil, Lakhdar Maougal. En effet et afin de cerner l’œuvre de Mammeri, la dite entreprise a programmé plusieurs conférences. « C’est un honneur pour nous de parler de Mammeri ici à Larbâa Nath Irathen. Cet amusnaw a permis de remettre au goût du jour Si Mohand Ou M’hand et Boulifa, rendant ainsi ses lettres de noblesse à la Kabylie. Et c’est grâce à ses travaux que la langue amazighe, notamment avec Tagermeth N’tmazighth, a pu émerger », dira le responsable de cette entreprise. La première communication fut présentée par le chercheur Abdenour Abdeslam sur la « Lettre d’Arezki At wandlous à son professeur Poiré ». Il a insisté sur le fait qu’Arezki, personnage phare de l’œuvre de Mammeri « Le sommeil du juste », a découvert l’incompatibilité des cours de son professeur qui lui parlait de la civilisation, de la littérature, de la fraternité et de l’égalité mais surtout de la « lumière » apportée par les colons pour les colonisés, c’est-à-dire le peuple Algérien. Au final, Arezki découvre la triste vérité masquée. Une vérité amère qui remet tout en cause. Il commence alors à se poser des questions sur les vraies raisons de la présence des colons, surtout leurs buts d’acculturation, de déracinement du peuple Algérien. Le deuxième conférencier, à savoir Hessas Hakim, maître conférencier d’Alger, a fait un compte rendu de la lecture d’Abderezzak Dourari, sur la réception de « la colline oubliée ». Mais aussi, il revient sur les critiques, que se soient littéraires ou journalistiques, concernant cette œuvre. En fin, la dernière conférence a été animée par Lakhdar Maougal, chercheur universitaire. Ce dernier est revenu sur le théâtre de Mammeri, notamment sur « la mort absurde des aztèques ». Le conférencier a insisté sur le fait que Mammeri, l’intellectuel hors pair, n’est pas seulement anthropologue, mais il est aussi ethnologue et homme de lettre. Dans cette œuvre, Mammeri revient sur un peuple qui est les Aztèques, qui étaient décimés et surtout détruits par les Espagnols. Une culture de plus de 400 ans détruite en moins d’une année seulement. Une œuvre qui nous met face à cette réalité qui, quelque part, décrit notre réalité qui a connu le même sort avec l’arrivée des colons Français. Est-ce qu’en a le droit de détruire une quelconque civilisation et surtout au nom de quoi détruire cette culture ? Un visionnaire qu’a su transposer cette réalité des Aztèques sur la notre. Surtout il faut s’interroger sur le pourquoi des choses mais encore, qu’est ce qui peut justifier cette destruction qui, pour Mammeri, rien ne peu justifier ça ? D’autant plus qu’on ne peu pas civiliser un peuple qui a déjà sa propre civilisation, tradition, culture… Effectivement, la recherche de Mammeri a porté loin ses racines dans l’histoire millénaire de thamazgha, pour nous présenter d’illustres figures comme Saint Augustin, Ibn Khaldoune, Boulifa, Chikh Mohan Oulhocine, Si M’Hand Ou M’hand, dont l’œuvre incommensurable est rentrée dans l’histoire universelle. Le public de son côté était subjugué par la masse du travail de ce grand homme qu’est Mammeri et souhaite que d’autres rencontres de ce genre soient organisées le plus souvent.

Y. Z.  

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