Quelle réponse à la crise économique ?

Partager

La dernière réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) confirme la primauté de la tendance saoudienne portée sur le maintien des plafonds de production (30 millions de barils par jour pour l’ensemble des membres), comme elle confirme le maintien, dans une hypothèse optimiste, d’un baril à 60 dollars en moyenne. Dans ce cas de figure qui installe une sorte de nouvelle situation durable en Algérie, notre économie n’a d’autre choix que de s’adapter à la nouvelle donne, en cherchant à se procurer des recettes extérieures par tous les moyens qu’est censée produire une économie diversifiée, orientée vers la production des biens et services. Les mesures d’urgence que le gouvernement compte prendre pour alléger la facture des importations et la dépense publique, ne sont peut-être que le déclic qui permettra des mesures et des politiques plus hardies, tendues vers la réhabilitation de l’acte de produire et d’exporter autre chose que le gaz et le pétrole. Ces derniers, en établissant leur hégémonie sur l’ensemble de l’économie nationale, ont fait perdre au pays et à sa jeunesse tous les réflexes de la bonne gouvernance économique. La rente a remplacé l’effort. L’école et l’université ont vu leu niveau chuter vertigineusement, car situées en dehors de la sphère des besoins de la société. Ces besoins étaient largement, et maladroitement (avec la dérive des politiques publiques), assurés par l’argent du pétrole. Comment faire reprendre aux Algériens le goût du travail et les réflexes professionnels qu’avaient leurs aînés ? C’est là une œuvre titanesque qui convoque aussi bien les secteurs de la formations que le climat administratif (banques, fisc, foncier,..) devant présider à la relance de l’investissement productif, aussi bien national que de partenariat avec l’étranger. La mise à niveau de la ressource humaine algérienne, sur les plans technique et managérial, paraît une mission dont on ne peut plus faire l’économie. Il s’agit de réhabiliter l’école et l’Université ainsi que la formation professionnelle, dans le sens d’une adaptation au marché du travail. Un marché qui peine à tracer ses repères, mais qui, inéluctablement, va finir par s’établir, avec toutes ses formes de compétition et de créativité. Le climat des affaires est, lui aussi, appelé à un toilettage à grande eau, pour permettre aux capitaines d’industrie, aux universitaires et aux partenaires extérieurs de l’Algérie d’exploiter les potentialités qui sont encore en friche dans les domaines du tourisme, de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’industrie sous toutes ses déclinaisons, y compris la pétrochimie pour laquelle l’Algérie n’avait pas montré d’ambitions particulières, allant jusqu’à importer des produits finis issus du pétrole (plastique, carburants, huiles mécaniques,…). En même temps que la révision du code des investissements, par lequel l’Algérie compte apporter une dynamique et un souffle nouveaux aux activités productives, principalement dans les domaines qui sont restés jusqu’ici pratiquement en friche, une nouvelle vision est appelée à s’installer aussi dans le domaine de l’exportation, sachant que, en dehors des produits gaziers et pétrolier, notre pays n’engrange que 3% de recettes de ses exportations par rapport à l’ensemble des recettes extérieures, ce qui correspond à environ 1,8 milliards de dollars, montant qui, en réalité comprend des recettes provenant de certains produits issus de la transformation des hydrocarbures.

Avec une telle balance, considérablement disproportionnée, voire bancale, l’Algérie s’expose à des aléas qui, d’une façon quasi régulière, montrent leur capacité de nuisance à travers l’effondrement des prix du pétrole sur le marché mondial, cet aléa a été renforcé et aggravé au cours des années 2012 et 2013 par le recul de la production algérienne; ce qui s’est traduit par une régression de 12% des exportations. Ayant engagé des chantiers titanesques à travers les plans quinquennaux, lesquels se traduisent par une commande publique colossale et un budget de l’État toujours tiré à la hausse, l’Algérie se trouve, à chaque assaut de la chute des prix du pétrole, dans une situation peu envieuse, faite de graves interrogations et de menace sur la paix civile.

Dispositif de soutien aux entreprises exportatrices

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appelle à « abandonner le climat de pessimisme ambiant ». Cependant, peut-on développer un optimisme béat, qui ne serait pas suivi d’actes concrets allant dans le sens de contrebalancer le mouvement du désagrégement économique? Dans l’immédiat, l’urgence réside dans la réduction de la facture des importations. Les premières mesures prises par le ministère du Commerce sont salutaires. Licences d’importation basées sur les besoins réels par secteur, séparation des activités d’importation et d’exportation- arrêter les anciennes raisons sociales « import-export »-, et incitation à l’exportation. Ce dernier segment, la diversification des exportations, est sans doute la solution qui devra être renforcée et pérennisée. Mais, comment ? D’abord, par le soutien aux exportateurs potentiels existant sur le marché et conte lesquels des murs bureaucratiques ont été dressés auparavant. Il y a lieu d’insuffler une nouvelle dynamique à l’Algex (agence algérienne d’exportation) de façon à ce qu’elle accompagne les acteurs économiques portés sur l’exportation. La diplomatie économique (ambassades et consulats algériens à l’étranger) devrait aussi montrer plus de punch et d’esprit marketing. Ensuite, l’effort devrait se poursuivre sur les activités et métiers laissés à l’abandon et qui peuvent produire pour l’exportation. Des segments de l’agroalimentaire ne demandent qu’un petit « coup de pouce » pour se mettre sur le marché international, en s’investissant, bien entendu, dans le conditionnement et le design selon les exigences du marché international. « Nous avons des entreprises algériennes qui exportent, actuellement, avec leurs propres moyens alors que la quasi-totalité des entreprises mondiales, exportatrices, bénéficient des aides de leur gouvernement. D’où la nécessité de la mise en place d’un dispositif de soutien à nos entreprises exportatrices », expliquait Amara Benyounès à la fin de l’année dernière. 

Amar Naït Messaoud 

Partager