Né à Clamecy (Nièvre, en Bourgogne), vers le centre – est de la France, le 29 janvier 1866, dans une famille de notaires depuis des générations, Romain Rolland y passa toute son enfance. De 1873 à 1880, date à laquelle ses parents déménagèrent pour s’installer à Paris, Rolland poursuivit se études au collège de Clamecy qui porte aujourd’hui son nom. A Paris, il entra au lycée St-Louis en 1880, puis, en 1882, au lycée Louis le Grand. Il tenta d’accéder, en 1884 puis en 1885, à l’Ecole normale supérieure sans succès. En 1886, il y fut enfin reçu. Il opta au départ pour une agrégation de philosophie avant de se raviser, car méfiant à l’égard de l’idéologie dominante – toute son œuvre en a, par la suite, témoigné- et de préparer celle d’histoire qu’il obtint en 1889. En 1895 il obtint un doctorat es lettres dont la thèse porte sur les origines du théâtre lyrique moderne et de l’histoire de l’opéra en Europe.Entre ces deux dates, 1889 et 1895, il séjourna à Rome, où il enseignit l’histoire à l’école française de Rome, pendant deux ans, puis pris un congé suite à une maladie, il sillonna l’Italie, travailla à ses thèses. Il épousa Clotilde Bréal en 1892. Après Rome, il exerça comme professeur d’histoire aux lycées Henri-IV et Louis Le Grand, comme professeur d’histoire de la musique à la Sorbonne et comme professeur d’histoire de l’Art à l’Ecole normale supérieure. Il quitta définitivement l’enseignement en 1912 en remettant sa démission à l’université, pour se consacrer entièrement à ses œuvres.Romain Rolland commença à produire d’abord dans le théâtre, si l’on excepte sa thèse de doctorat, déjà citée, et une thèse sur le déclin de la peinture italienne du XI jusqu’en 1902. Sa première œuvre théâtrale « Amour d’Enfants » remonte à 1888, date à laquelle il entama l’écriture de son très célèbre roman « Jean-Christophe », paru d’abord de 1904 à 1912 aux « Cahiers de la quinzaine » avant d’être publié en dix volumes. L’œuvre de Romain Rolland est aussi prolixe que profonde. Elle compte une vingtaine de pièces théâtrales consistant, en majorité, en des drames historiques et philosophiques. Dans le domaine du roman, Rolland fait œuvre d’innovateur, puisque c’est à lui que la littérature doit l’existence du roman-fleuve dont « Jean-Christophe » fut le premier du genre, qui lui permit d’obtenir le prix Nobel en 1915, suivi d’un deuxième roman en sept volumes » L’âme enchantée » publié entre 1922 et 1933, puis, en 1943, « La Cathédrale interrompue » en trois volumes dont le dernier fut publié après la mort de l’auteur en 1945. Des biographies de grands artistes comme « Vie de Michel Ange » (1907) et « Vie de Beethoven » (1903) témoignent de l’intérêt qu’il porta aux artistes, comme ses thèses et son enseignement témoignent de celui qu’il porta aux arts. A partir de 1915, année où il obtint le prix Nobel, mais aussi celle où il publia son manifeste pacifiste « Au dessus de la mêlée » qui traduit la grandeur et la profondeur de son âme, et ses positions résolument pacifistes, R. Rolland s’engagea et se confirma de plus en plus dans des questions humanistes et universelles. Pacifiste, il le fut tout le long de sa vie. Son patriotisme refusa de s’enfermer dans les nationalismes chauvins mais s’épancha sur l’universel : « Pour l’internationale de l’esprit » (1918), « l’Evangile Universelle » (1930). En 1924, il publia une œuvre consacrée à Gandhi, « Mahatma Gandhi ». Entre 1929 et 1933, il consacra une série de biographies aux sages et philosophes indous : « Vie de Vivekananda », « Vie de Ramakrishna ». il rend un hommage solennel à Rousseau, dont il partage beaucoup de qualités de l’esprit, à travers « les Pages immortelles de Rousseau » (1938). Dans son œuvre « Le voyage intérieur » (1942), il se livre à une méditation dans une introspection sur les profondeurs de l’être. Romain Rolland fut proche, sans y adhérer, du Parti communiste français et favorable à la révolution russe dont il condamna cependant la violence. Des hommes qui influencèrent sa personnalité et son œuvre, l’on citera Rabindranath Tagore, que le destin voulut qu’il soit son prédécesseur direct dans l’acquisition du prix Nobel (1913), Spinoza, Rousseau, Tolstoï, Dostoïevski, Gandhi, mais aussi les grands maîtres de l’art : Michel Ange, Beethoven Wagner…Mais Rolland inspirât une grande admiration à des géants de la pensée, comme Sigmund Freud, qui était pourtant son aîné de dix ans et difficilement suggestible, il chercha à entretenir une amitié et une correspondance avec Rolland, amitié qui fut fructueuse.Romain Rolland mourrat à Vézelay le 30 décembre 1944, avant de voir la fin de la guerre qui aura tant bouleversé son âme.
Mourad B.