Un accouchement tourne au drame

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Plusieurs dizaines de personnes ont organisé, hier, une marche de protestation suivie d'un sit-in devant le portail de la maternité privée « Lalla Khedidja » de la ville de Bouira.

Les manifestants ont dénoncé à travers leur action, ce qu’ils qualifient de «nombreuses négligences et de mauvaises conditions de prise en charge des patientes dans cette clinique privée», après le décès, mercredi dernier, d’une jeune mère de 25 ans, M. Zakia originaire de la commune d’Ahnif, à l’est de la wilaya de Bouira, qui avait donné naissance à une fille auparavant.

La mort de la parturiente (la 2ème depuis le début du mois, ndlr) est survenue à l’hôpital «Bachir Mentouri» de Kouba (wilaya d’Alger) après son transfert, en raison d’une forte hémorragie. Lors de cette manifestation, les marcheurs, dont les proches et parents de la défunte, ont déployé des banderoles sur lesquelles était écrit: «Pour une commission d’enquête ministérielle», «Clinique Lalla Khedidja = Abattoir». A travers cette action de protestation, les protestataires dont la majorité sont des proches et des voisins de la défunte, réclament la mise en place d’une commission d’enquête ministérielle, et ce, afin de mettre toute la lumière sur le décès de la jeune maman.

Pour le père de cette dernière, il n’y a nul doute, il s’agit d’une faute médicale qui a conduit au décès de sa fille, «Ma fille a été admise le lundi 06 juillet, tous son bilan de santé était tout à fait normal, c’est la raison pour laquelle, elle a été admise pour accouchement normal», nous dit-il. Toujours sous l’état du choc, notre interlocuteur ajoute : «Le lendemain matin, un chirurgien de cette clinique, et après l’avoir consulté a suggéré qu’on lui fasse une césarienne. Sans nous donner d’autres explications, ils ont directement procédé à cette opération durant la même journée, vers 20h de la soirée. Quelques heures après l’opération, ma fille a été placée à l’étage supérieur et les médecins nous ont indiqué que l’opération a été faite avec succès». Jusque là tout semblait normal, mais ce n’est que vers 3h du matin, que les choses commençaient à se compliquer pour la malheureuse jeune maman.

En effet, toujours selon le récit de son père, sa fille commençait à ressentir des douleurs consistantes, quelques heures seulement après l’opération: «Juste après la fin de l’effet de l’anesthésie, ma fille a commencé à ressentir des douleurs atroces au niveau du ventre, les médecins et les infirmiers qui étaient de garde, cette nuit-là n’ont même pas répondu à ses appels de détresse, ce qui l’a poussé à nous appeler par téléphone pour demander de l’aide, car elle ne pouvait plus supporter ces douleurs et aussi la négligence du staff médical sur place», affirme notre interlocuteur, avant de rajouter: «Quelques minutes après, j’ai essayé de rappeler ma fille, car je n’avais pas les moyens de me déplacer jusqu’à Bouira, cette soirée, mais à ma grande surprise son téléphone était éteint ! Je n’avais pas le choix, je devais me déplacer avec son conjoint.

Au cours de notre route, un médecin nous a appelé via le téléphone de ma fille, et nous a demandé de chercher en urgence des poches de sang A-, et c’est là que nous avons compris que le notre fille était en danger». Après de nombreuses transfusions de sang, et voyant son cas, de plus en plus, s’aggraver, la patiente a été transférée vers l’hôpital de Kouba, à Alger où elle a été admise en urgence au service réanimation. Une évacuation qui suscité beaucoup d’interrogations auprès des membres de sa famille: «Si elle nécessitait une évacuation, pourquoi on ne l’a pas transférée vers un hôpital tout proche, ici même à Bouira ou Lakhdaria, pourquoi aller jusqu’à Kouba et faire 02 heures de route?», s’interroge le mari de la défunte, ajoutant: «En plus, ma femme a été transportée dans une ambulance vétuste, qui date de 2005 et qui n’a même de climatisation, surtout que les médecins étaient obligés de lui faire des transfusions sanguines en continue!».

Finalement, la jeune maman a succombé vers 07h de la même matinée, laissant ainsi, derrière elle de nombreuses interrogations sur les circonstances de son décès. D’après le rapport délivré par les services de cet hôpital, il s’agirait d’une mort naturelle. Une version totalement contredite par les parents de la patiente, qui dénoncent«un scénario fomenté pour camoufler la mort suspect de notre fille !». Ces derniers réclament à cet effet, une autopsie générale de la jeune maman. «Nous allons déposer plainte auprès des autorités judiciaires compétentes, pour mettre toute la lumière sur ce décès», dit le père de la défunte.

La direction de la clinique s’explique

De leur côté les responsables de cette maternité réfutent en bloc les accusations des parents de la défuntes. Pour eux, les médecins spécialistes, présents lors de l’accouchement, ont accompli sérieusement leur travail et ont essayé par tous les moyens de sauver la vie de cette jeune maman: «il n’y’a jamais eu de négligence dans ce cas, au contraire nous avons mobilisé tous les moyens pour sauver sa vie. Au moins trois médecins spécialistes ont suivi son cas (un gynécologue, un radiologue et un chirurgien), et l’ont même accompagnée à l’hôpital de Kouba», nous dit le professeur Younci, directeur de l’établissement.

Pour ce dernier, la patiente a eu des complications après son opération, chose qui a conduit à une importante hémorragie interne: «La défunte a eu plusieurs complications, la plus grave parmi elles, était un hématome du foie, c’est pour cela que nous étions obligés d’injecter régulièrement du sang frais au cours de l’évacuation». Interrogé sur les raisons du choix de l’hôpital de Kouba pour l’évacuation de la pertinente, notre interlocuteur affirme que ce choix a été fait à base de la réputation de cet hôpital, son service de réanimation-obstétrique notamment: «C’est le meilleure service de réanimation du centre du pays. En plus, les hôpitaux de Bouira ne disposent pas des moyens dont dispose cet hôpital, donc c’est dans l’objectif de sauver la vie de notre patiente que nous l’avons évacuée vers cet hôpital».

O.K

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