«C’est un complot ourdi par le RCD»

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Radié du RCD pour «non-respect de la ligne du parti», M. Ibalidène Boussaâd charge son désormais ex-parti et évoque « un complot » qui vise sa destitution de la tête de l’exécutif de la commune d’Ighram.

A priori, 11 élus, (07 RCD, 03 FLN, et 01 RND) sur 15 que compte cette APC, ont déposé une plainte contre leur maire, élu en 2012 pour un second mandat. Selon nos sources, le maire «décrié» serait poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation. «Dilapidation d’argents publics, malversation et faux et usage de faux» sont entre autres les principales inculpations formulées, à son encontre par ses détracteurs. «Il a été auditionné dernièrement par la brigade de la gendarmerie nationale d’Akbou et comparaitra probablement devant le procureur général, qui décidera des suites de l’affaire», révèle-t-on.

«Ceux qui veulent me destituer n’ont qu’à attendre les élections de 2017», riposte le maire. Selon lui, un «complot» est bien ourdi par certains élus constituant «un groupe occulte» avec la bénédiction du RCD, afin de le destituer et du coup «mettre la municipalité dans le chaos». «Je fais confiance aux institutions algériennes, contrairement au parti du RCD qui prétend être démocratique, alors que sa réalité est autre», estime M. Ibalidène. Il ajoute : «Je demande la dépermanisation des deux vice-présidents de l’APC». Le 12 mars 2015, le courant ne passe plus entre le maire et son «fidèle» vice-président de la même obédience (RCD), en lui retirant les délégations de signature suivi du retrait des permanisations à deux de ses vice-présidents. «Depuis quatre mois que j’ai demandé le retrait de ces deux élus, comme d’ailleurs le code communal me le permet entièrement, mais à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse de la DRAG. J’ai demandé à rencontrer le wali à trois reprises mais sans suite. Ils empochent leurs salaires, alors qu’ils sont en grève et je possède des preuves flagrantes», fulmine le maire d’Ighram. Selon des sources dignes de foi, «le vice-président chargé du parc et des travaux, ainsi que celui chargé d’hygiène et de l’environnement sont écartés de l’exécutif et ne sont pas en grève».

Par ailleurs, selon les termes de la plainte, le P/APC est accusé de, «trafic de fiche de payement, gestion abusive et unilatérale concernant la réalisation de certaines pistes mettant en conflit le propriétaire et ce, sans l’aval de l’assemblée». Sur ce même registre, le maire en poste est accusé d’avoir dissipé un peu plus de 150 millions de centimes. «Si je suis un voleur, pourquoi les instances du parti ne l’ont pas invoqué publiquement, lors de l’avis de radiation», répond le maire à ces graves accusations pour une commune aussi pauvre, sous perfusion du PCD ! Selon les détracteurs du maire, plus de 4 millions de centimes, constituant les frais de mission, ont été détournés par M. Ibalidène. «Il a induit l’ensemble des élus en erreur. Sa fiche de paie n’a pas été notifiée ou approuvée par le trésorier intercommunal. Un état détaillé «trop perçu» de 97 millions, sans compter les charges de 50 millions» divulgue-t-on. Il s’agit, en effet, selon leurs dires, d’une malversation de 150 millions de centimes. Selon des sources de bonne foi, cette affaire est éclatée lorsque M. Iskounene laarbi, élu du FLN a dénoncé publiquement ces «infractions», lors de la délibération de novembre 2010. Interrogés sur le sort de l’APC qui risque un blocage, les élus rassurent : «le 23avril dernier, nous avons approuvé à l’unanimité la délibération portant sur le PCD, le budget de wilaya et le FCCL (Fond commun de collectivité locale). Dans ce cas, nous ne pouvons à aucun moment permettre la pénalisation du citoyen. Néanmoins, nous demandons le départ de ce maire».

«Je me suis trompé de parti»

«Saïd Saâdi a dit un jour qu’il s’est trompé de société. Moi, je dirai que je ne me suis pas trompé de société mais je me suis plutôt trompé de parti ! Et Dieu merci que j’ai eu mon indépendance», laisse tomber M. Ibalidène. Ce dernier divulgue avoir reçu par le passé des instructions de la section locale du RCD, de favoriser les militants de son parti dans les recrutements. «C’est immoral et contre la démocratie et surtout contre la ligne que le parti prétend défendre», souligne-t-il. «Quel parti politique sollicite auprès des institutions, afin de destituer un maire légitimement élu», s’interroge-t-il encore. Le P/APC est connu en fait, pour ses sorties étonnantes ! En effet, lors des élections présidentielles 2009, le maire a décliné les instructions du parti de boycotter les élections. «La population d’Ighram n’a pas voté pour le RCD, mais elle a voté pour des personnes. Preuve en est, le FFS est sorti majoritaire à Ighram dans l’APW», conclue-t-il.

Menad Chalal

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