Mi-figue, mi-raisin

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Parce que la première chanson interprétée, dans la soirée de samedi dernier à la maison de la culture par Salim Halil, n’a parlé ni au cœur ni aux sens d’un public, difficile en matière de musique, la salle, archicomble, s’est en un clin d’œil vidée d‘une grande partie de son auditoire. Autre lubie ou défaut professionnel : Pourquoi cette variation de voix que l’artiste faisait, sans nécessité passant du grave à l’aigu et vice versa ? Celle-ci aurait pourtant gagné à conserver sa tonalité qui se situait, selon nous, entre ces deux tons. Pour le reste, l’artiste s’est, heureusement, vite ressaisi, et les chansons, qui étaient toutes des reprises, et la musique fort belle et entrainante, ont sauvé les apparences.

Les sièges qui furent de nouveau occupés (enfin pas tout à fait) ont permis à la soirée de se poursuivre sans encombres. Il faut rendre hommage à l’orchestre autant qu’à l’artiste lui-même. Il a finalement réussi à créer suffisamment d’ambiance pour que des groupes de jeunes se forment dans tous les coins de la salle et se mettent à danser sur différents rythmes. Le fait que le chanteur quittait la scène pour se mêler au public, micro en main, a été très apprécié. Des chansons comme «Sidi Mansour», «Ya El Aouama» (Hé la nageuse), «Yahiaou Ouled Bladi» (Vivent les enfants de mon pays), ou encore «Souviens-toi» ont arraché au public des applaudissements.

Le rythme baissant, l’enthousiasme est tombé d’un coup et l’artiste a terminée sa dernière chanson devant une salle quasi vide. Autre dépit et autre frustration qui ne venaient pas que des chansons qui n’emballaient pas le public. La chanteuse algéroise qui devait partager l’affiche de ce spectacle a au dernier moment déclaré forfait. Pour combler cette lacune dans le programme, Salim Halil a chanté une douzaine de chansons, dont bon nombre, il faut le dire, n’étaient pas du goût du public. Ce chanteur algérois a commencé à chanter en 81. Influencé par le chanteur Salim Halali dont on soulignera l’étrange coïncidence patronymique, est un ancien élève de l’émission Al Han Oua Chabab. En 1988, il représentait la chanson maghrébine au festival de la musique en Tunisie et décrochait le prix Tanit. «L’équivalent de la coupe d’Afrique», a-t-il commenté en marge de cette soirée.

Son premier album est sorti en 91 sous le titre « Ana âakli datou » (Elle a pris ma raison). Suivit l’année suivante le deuxième album « Ya Lalla Adjbouni Aïnik » (O ma princesse, tes yeux m’ont séduit). Entre 1997 et 2004 il y eut les troisième et quatrième albums sous les titres respectifs de « Zaï kha » (prétentieuse) et « La Tebki, La diri Ousouas » (Ne pleure pas et ne te fais pas de souci). Le dernier album est tout récent et s’intitule « Aatouha Dala » (Laissez-lui son tour). Il nous dira que les cinq albums furent des succès. En tournée depuis 88, l’artiste a sillonné une partie de l’Algérie. Jeudi dernier, il se produisait à la maison de la culture d’Oran où le public lui aurait fait un très bon accueil. Il aurait rencontré la même ferveur en France lors de ces deux tournées en 88 et 2002.

Aziz Bey

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