Passé l’Aïd, le vieux Dezdeg rentre à At Rgad. «T’as pas vu Mumuh lbulitik ?» demande-t-il à toute personne qu’il croise sur son chemin. Mumuh est introuvable.
– Delxir kana ? lui demande Sadiya n l’euro.
– La semaine passée, il avait commencé par donner son appréciation de ce qui se passe à Ghardaïa, puis il n’a pas développé. En fait, il m’avait laissé sur ma faim.
– Demande à la Besace, lui sait sûrement où le trouver.
– Qui ?
– La Besace, celui qui avait un avenir prometteur dans la broderie, avant d’intégrer par effraction ajarnan. Mais dis-moi, c’est quoi au juste cette histoire de l’ancien Président agité n Fafa ? Le vieux lui explique les propos déplacés de Sarkozy depuis Tunis. «Il ne manquait plus que lui !» débite Sadiya sur fond de lassitude. Et c’est alors que Da Militant propose : «Et si on faisait un tour du côté de l’Elysée ?» Une demi-heure après, ils se retrouvent en décembre 2010 longeant l’avenue des Champs-Élysées.
– C’est donc là que ce cachottier de Saïdani a acheté une résidence !
– Ih, na Sadiya ! Tu penses que c’est ta cabane d’At Rgad qui l’intéresse, lui répond Da militant.
– Allons voir Sarkozy, leur rappelle le vieux Rezqi.
Il est près de 22 heures, les At Rgadiens sont dans le Palais de l’Elysée. Après un bon quart d’heure de «tourner manège», ils trouvent le pavillon des Sarko. Le président était au téléphone : «Oui, on m’en a informé. Il n’y a pas de quoi t’inquiéter mon ami. Ce n’est que du bruit. La République Française est de ton côté. Tu peux compter sur moi. Je t’enverrai Michelle Alliot Marie, tu verras avec elle ce qu’il y a lieu de faire. Je te laisse mon ami. Mes hommages à Madame Leila Trabelsi. Dis-lui que moi et Carla passeront la voir, ce nouvel an». Pendant ce temps, Carla interprétait «vava inouva» en italien.
– Elle est belle ta nouvelle chanson ma chérie, apprécie Nicolas.
– Oui, elle est belle mais elle n’est pas de moi.
– Ah, bon ! elle est de qui ?
– Idir !
– C’est un nouveau chanteur ? Je ne connais pas cet Italien.
– Non, il n’est pas italien. Il est kabyle.
– C’est quoi ça ?
– Kabyle d’Algérie
– Et ces kabyles algériens, font-ils leur printemps ?
– Ils l’ont fait sans toi, il y a très longtemps, en 1980.
– Écoute chérie, je te conseille de ne plus chanter ce Idir. La première dame de la France de droite ne doit pas reprendre les chansons de bougnouls, encore moins en public.
– Casse-toi pauvre con !
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr

