Les habitants d'Iâzavène crient leur soif

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Hier matin, peu avant sept heures, des dizaines de personnes venues du quartier d’Iâzavène, dans la grappe de villages de Tafoughalt, ont occupé à la circulation la RN 25 reliant Draâ El-Mizan, Bouira et les villes environnantes à Tizi-Ouzou. C’est au lieu-dit Tamda Ali que ces protestataires ont posé de part et d’autre des barricades, et ont empêché les usagers de circuler sur cet important axe routier. Ils les ont contraints à rebrousser chemin dans les deux sens. Une file de véhicules s’y est alors formée.

« Si nous sommes passés à cette action de rue, c’est parce que nous avons ressenti l’urgence », nous répondra un responsable de ce quartier, alors que d’autres jeunes mobilisés pour cette action surveillaient les barricades. « Personne ne passera sauf un malade. On contrôle tout », s’élèvera une voix de la foule qui nous demandera de ne faire aucune tentative pour le convaincre. Après de nombreuses sollicitations formulées par un automobiliste qui devait se rendre à un enterrement et qui avait à bord de son véhicule une vieille femme hypertendue, les jeunes poussèrent les troncs d’arbres et lui cédèrent le passage. Sinon, nous n’avons remarqué aucune autre autorisation quelque soit le motif invoqué le temps que nous sommes restés sur les lieux.

Après avoir décliné notre identité un représentant du quartier viendra nous faire part des revendications de ces citoyens. « Depuis plus d’un moins, l’eau ne coule dans les robinets qu’à raison de deux heures par semaine. D’ailleurs, nous recourons à l’achat de citernes d’eau au prix de 1 200 dinars. C’est un manque que nous n’avions pas attendu surtout depuis que notre village est desservi à partir du barrage Koudiat Acerdoune. Par contre, les autres quartiers de Tafoughalt sont alimentés le plus normalement du monde. Nous ne comprenons rien », nous dira notre interlocuteur. Et de poursuivre: « pourtant, nous avons un réservoir d’eau uniquement pour notre quartier. Ces derniers temps, le pompage manque beaucoup. Allez-y comprendre cette pénurie. Hier, quand les responsables ont entendu que nous allions fermer la route, le réservoir a été rempli.

Nous ne voulons pas des décisions intempestives. Nous réclamons notre part d’eau comme les autres ». Au moment où ce représentant parlait, un autre interviendra pour évoquer d’autres manques. « Le tracteur qui transporte les ordures ménagères ne passe jamais dans notre quartier. Les citoyens qui ont bénéficié de l’habitat rural n’ont ni l’assainissement ni l’électricité. Pourtant, des promesses nous ont été données à ce sujet. Même la route est entièrement délabrée. Quant au gaz naturel, nous ne voyons aucune entreprise y entamer les travaux.

Le moins qu’on puisse dire est que Iâzavène est délaissé. Nous ne savons pas si on fait partie de Tafoughalt », enchaînera le deuxième membre du comité. À l’heure où nous mettons sous presse, la route était toujours bloquée par les villageois en dépit d’un soleil de plomb. Quant aux automobilistes pris dans ce blocage, ils n’ont qu’à prendre leur mal en patience en attendant que la route soit dégagée. Cependant, à entendre les contestataires, aucun responsable ne s’est rendu sur place. Nous y reviendrons…

Amar Ouramdane

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