Le CET de la discorde !

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La commune d’Aghribs, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, vit depuis plus d’une quinzaine de jours au rythme d’un conflit né autour du projet d’un CET prévu dans la foret limitrophe de Bouhlalou.

Pour le maire des Aghribs, ce CET est une usine. Pour les opposants, il ne s’agit que d’une décharge publique sans centre de tri. En tout cas, le site devant abriter ce CET devient par la force des choses une arène, où chacune des deux parties en opposition opère un forcing pour avoir le dernier mot. Une démonstration de force générant un manège qui défraie la chronique dans la commune des Aghribs.

Le 23 juillet, lorsque des citoyens des deux communes Aghribs et Fréha se sont déplacés sur le site devant abriter le futur CET, implanté dans la forêt de Bouhlalou, pour arrêter les travaux, rien ne prédisait de la tournure qu’allaient prendre les événements. Ce jour là les opposants au CET ont demandé à l’entreprise chargée des travaux de tout arrêter.

L’entrepreneur qui avait déjà commencé les terrassements s’exécuta sans résistance. L’APC qui couvait le projet depuis des mois déjà en réunissant les comités de villages pour parer à ce genre d’actions, ne tarda pas à réagir en opérant un véritable raid à l’encontre des réfractaires…mais, il n’a jamais été question d’une quelconque discussion avec eux, selon en tous cas un des protestataires. La voie choisie ne prête à aucun doute : il fallait étouffer cette contestation avant qu’elle ne s’embrase, estime encore un des opposants au projet de CET à Bouhlalou.

Dans toutes les déclarations qui s’en suivirent, il ne s’agissait, pour les autorités locales, que d’un groupuscule de personnes. Un argument qui n’a pas pris feu puisque l’opposition s’agrandit davantage et explique qu’elle est d’accord pour un vrai CET de consensus et non dans le massif forestier de Bouhalou. Pour cette dernière, le CET sans un centre de tri n’est en fait qu’une décharge publique. Les protestataires annoncent que des visites ont été faites au CET de Ouled Falli à Tizi-Ouzou où des photos ont été prises.

D’ailleurs, les opposants annoncent que le centre de tri de ce CET, dont le grand réservoir devait être déjà fermé selon eux, n’est toujours pas opérationnel. Le 02 août, le maire et ceux qui le soutiennent pour la réalisation de ce projet du CET ont réinvestit le site où il où l’on a procédé à des prises de parole. À quelques mètres, les protestataires crient à tue-tête des slogans hostiles tout en assurant qu’ils ont atteint plus de 400 signataires. À la fin de la démonstration, la directrice de l’environnement leur demande de former une délégation et d’aller la rencontrer.

Une chose était sûre : les travaux n’ont pas repris. Deux jours après, soit le mardi 4 août, les opposants ont organisé à leur tour un meeting sur place. À la fin du rassemblement, ils ont décidé d’aller au siège de l’APC pour y faire des déclarations devant le maire et expliquer aux citoyens le pourquoi de leur position.

Chose faite, ils ont fait sortir de force le maire qui ne voulait pas les recevoir. Ils lui ont demandé de s’expliquer sur ce qu’ils considéraient comme étant des insultes à leur sujet, mais sans toutefois le laisser parler. Avant de repartir, ils ont déversé près de deux camionnettes de canettes de bière vides devant le siège, celles qu’ils ont ramassées sur le site.

Le vendredi 07 août, une autre démonstration de force eut lieu de la part des autorités locales cette fois, en présence des forces de l’ordre, de quelques comités de village et du chef de la daïra d’Azeffoun. Le P/APC voulait faire une démonstration d’adhésion populaire à son projet, mais en faisant un appel où il n’a pas omis encore de jeter le discrédit et l’amalgame sur cette opposition. Ce qui a failli dégénérer, car les opposants aussi ont placardé partout leurs appels pour y venir en masse.

Par la suite, ils ont empêché tout le monde de parler, il n’y eut aucun discours. Les organisateurs parlent dans la presse d’un cortège de trois cents voitures alors que l’opposition ironise en se demandant si tel était le cas, alors comment elle a pu chasser du site près de 600 bonhommes, si toutefois il y avait simplement 2 hommes par voiture.

Dans ce brouhaha, plusieurs voies s’élèvent pour demander aux antagonistes de chercher une solution à même d’arrêter cette campagne qui, selon certains citoyens, risque de dégénérer. D’ailleurs, quelques fissures commencent déjà à apparaître dans certains comités de villages, selon la des villageois eux-mêmes. Pourquoi donc l’implantation d’un CET prend des conséquences surdimensionnées ?

B. T.

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