En attente d'un nouveau souffle

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Le volet du développement rural aura-t-il un meilleur destin avec le nouveau ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi ? L’interrogation, exprimée positivement, comporte en elle-même une part d’espoir fondé sur l’itinéraire de ce commis de l’Etat dans la haute administration de notre pays.

En effet, le nouveau ministre a été un des initiateurs et un fervent défenseur du créneau du développement rural lorsqu’il était chef de cabinet du ministère délégué au développement rural. L’animation dont avait bénéficié ce département au début des années 2000 devait tout à ce cadre du secteur sur le plan de la conception théorique et du prolongement pratique et organisationnel. Les regroupements et les formations des agents de l’Etat, afin de mieux maîtriser les techniques d’intervention sur le terrain, étaient inspirés de ses orientations.

De même, les techniques et les procédures de montage des projets de proximité avec la nécessaire synergie intersectorielle, lui doivent beaucoup. En revenant aujourd’hui au secteur de l’Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi a suscité également l’adhésion de ceux qui ont apprécié le travail qu’il avait initié dans la définition des filières de production et dans le système de régulation. Ce sont des dispositifs qui restent à compléter, à renforcer et éventuellement à corriger.

Ces actions sont d’autant plus importantes que l’Algérie aborde, depuis plus d’une année maintenant, un virage dangereux de sa politique économique, fortement perturbée par la conjoncture de la contraction des recettes financières extérieures issues du pétrole. Pour le département de l’Agriculture, la question s’exprime en termes de sécurité alimentaire pour un pays qui paye jusqu’à 10 à 12 milliards de dollars d’importations de produits alimentaires.

Le faste du marché pétrolier pendant plus de dix ans a joué un mauvais tour à l’Algérie, en la maintenant dans une sorte de grave indolence qui a créé le vide dans la sphère de la production. S’agissant du volet spécifique au développement rural, ayant l’intitulé officiel de « Renouveau rural » au sein du ministère, les régions les plus reculées de l’arrière-pays ont trouvé là leurs chances de revitalisation à travers des actions spécifiques liées non seulement à la production agricole, mais également au développement durable, la lutte contre l’érosion des sol, le désenclavement par l’installation de réseaux de pistes, la création d’emploi par le développement de l’artisanat, le développement de la petite hydraulique et de l’élevage familial, l’installation des services publics qui manquent sur ces territoires (centres de santé écoles, centre culturels, AEP, gaz de ville,…).

Le mot intégration, contenu dans l’intitulé de ces projets (projets de proximité de développement rural intégré [PPDR]), est judicieusement choisi pour servir des populations éreintées par l’oubli, l’exode rural, l’insécurité des années 1990 et le sous-développement des services publics. En outre, ces régions de montagne ou de la steppe, qui sont loin des zones agricoles professionnelles de plaine, ont des spécificités que seul le volet du développement rural a su prendre en charge.

Le morcellement de la propriété ainsi que son indivision (qui ne permettent pas d’acquérir la fameuse carte d’agriculteur), sont généralement des facteurs de blocage lorsqu’il s’agit de solliciter des soutiens publics auprès de la Chambre de l’agriculture ou des services de l’administration agricole de wilaya.

De même, l’érosion des sols, lorsque la propriété est située sur les terrains en pente, est à l’origine de la baisse des rendements. Les PPDRI sont venus remédier aux insuffisances du secteur de l’agriculture professionnelle à prendre en charge ces spécificités qui affectent les territoires ruraux. Le choix de l’administration des forêts pour mener la politique de développement rural a été reçu comme un geste naturel, au vu de la proximité très forte existant entre les agents forestiers sur le terrain avec les riverains. C’était pour capitaliser et mieux fertiliser cet actif au profit des populations rurales que les cadres et agents forestiers ont été chargés de mettre en œuvre sur le terrain la politique du Renouveau rural.

Ce sont des centaines de milliers de ménages et près de 5 millions de personnes qui ont pu bénéficier des actions de développement rural pendant le quinquennat 2010-2014, aussi bien dans les actions individuelles (arboriculture fruitière, plantations pastorales, petit élevage, artisanat, habitat rural, puits, forages,…) que dans les actions collectives (ouverture et aménagement de pistes rurales, centres de santé gaz de ville, AEP, assainissement,…), outre les actions d’utilité publique portant sur la protection de l’environnement et la lutte contre l’érosion (reboisements, repeuplements, confection de banquettes, barrages de corrections torrentielles,…).

Sur le terrain, la mise en œuvre a présenté quelques difficultés qui ont retardé parfois la livraison des ouvrages et des équipements. Elles sont majoritairement issues d’une coordination intersectorielle qui tarde à s’installer au niveau des wilayas et des daïras. Les cadres qui mettent en application la politique de développement rural ont toujours souhaité une autre organisation qui serait dirigée par une instance indépendante des secteurs impliqués dans les PPDRI, afin d’assurer une coordination plus efficace et une meilleure fluidité dans le processus de prise de décision.

Amar Naït Messaoud

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