En marge de la 8ème édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles qui s’est déroulé à la Maison de la culture de Béjaïa du 9 au 14 août courant, le poète, compositeur et interprète Kamal Hamadi, qui fut le parrain de la manifestation, a animé, dans la matinée d’avant-hier jeudi au salon de la Maison de la culture, une table ronde sur la musique et la chanson kabyles.
En tant que parrain des 7 éditions précédentes, il exprime d’emblée sa satisfaction de constater que le festival s’améliore d’année en année, notamment en ce qui concerne la qualité du timbre des voix des lauréats, même si ceux de cette année ne sont pas encore connus. Il ajoute que ces jeunes que la nature a dotés de très belles voix et dont la plupart ont fait des études universitaires, s’ils sont suivis et bien pris en main, ils seront sans aucun doute les stars de demain, comme c’était le cas d’Idir ou d’Ait-Menguellet entre autres. Il précise cependant que si ces jeunes veulent vraiment réussir, ils doivent se contenter de faire ce qu’ils savent bien faire, c’est-à-dire se contenter de chanter et ne pas s’aventurer à s’ériger en parolier, musicien et autre. Il convient pour ceux qui veulent réussir dans cet art, de laisser ce travail à d’autres professionnels. Le conférencier donne l’exemple de la défunte chanteuse égyptienne Oum Keltoum, qu’on a surnommée «le rossignol de l’orient» alors qu’elle n’a pas écrit une seule chanson ni composé la moindre musique. Ces jeunes talents, insiste encore Kamal Hamadi, font des merveilles quand ils interprètent les chansons des autres et deviennent des catastrophes quand ils se les approprient en disant que «les paroles et la musique sont de ma composition». En tant qu’ancien tailleur, le parolier émérite dit que lorsqu’il confectionne une chanson pour Noura, elle ne conviendra pas pour Saloua par exemple, et une chanson «taillée» pour Saloua n’ira pas forcément pour les autres interprètes. En ce qui concerne la prise en charge financière des lauréats, Mme Salima Gaoua, directrice de la Maison de la culture et commissaire du festival, souligne que le directeur général de l’ONDA (office national des droits d’auteurs) déclare, pour les encourager, qu’il est prêt à prendre en charge financièrement les frais d’édition de leurs premiers CD. Kamal Hamad qui est là pour écouter, apprécier et orienter les jeunes talents pour l’amélioration de leurs prestations, est une véritable bibliothèque ambulante de l’histoire de la musique et de la chanson algériennes. Il vous parlerait, pendant des heures sans vous vous lassiez de l’écouter, de chacun des grands chanteurs algériens qu’il a côtoyés, comme Slimane Azem, Cheikh H’ssissène, Mohamed El-Anka ou Farid Ali. Il connaît dans les moindres détails les circonstances qui ont prévalu à la création de chacune des chansons algériennes emblématiques, comme Izriw ighelev lehmali qu’il a écrite pour Mohamed El-Anka ou Yema Azizene Oureterou de feu Farid Ali.
B. Mouhoub

