Bouira a connu, dans la matinée d’hier, plusieurs actions de protestation. Ces dernières avaient trait notamment aux logements sociaux, l’AADL, et le chômage.
C’est en quelque sorte les prémices d’une rentrée sociale qui s’annonce des plus houleuses. En effet, plusieurs dizaines de citoyens se sont rassemblés devant les sièges de la wilaya et de la daïra de Bouira, ainsi que la daïra de Bechloul, tous ayant pour seul et unique leitmotiv : «obtenir leurs droits».
Les souscripteurs AADL reviennent à la charge
Tout d’abord, il y a eu les souscripteurs de la formule de l’AADL datant de 2002, tous originaires de la commune d’Ain Bessam, au Sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, ont fait le déplacement jusqu’au siège de la wilaya, afin d’y tenir un sit-in. Ces citoyens en colère exigent des autorités concernées de «faire toute la lumière» sur leurs dossiers, qui sont en attente depuis des années. Selon les contestataires, 443 souscripteurs sur un ensemble de 1 500 bénéficiaires du programme AADL-2002, n’ont pas été convoqués pour régler les frais de la première tranche, malgré le fait d’avoir mis à jour leurs anciens dossiers. «Nous nous sommes déplacés aujourd’hui (mardi, ndlr) comme à chaque jour de réception.
Nous nous rassemblons pour nous enquérir de la situation de nos dossiers que nous avons dû réactualiser d’ailleurs. Toutefois, à ce jour, aucun courrier pour nous inviter à nous acquitter de la première tranche ne nous est parvenu», nous dira, désespéré l’un des protestataires, avant d’ajouter : «Nous sommes las d’attendre ! Nous voulons des explications sur le sort de nos dossiers. Où sont-ils passés ?», se sont-ils interrogés. D’autres manifestants ont regretté «l’absence totale de communication au sein de l’agence AADL de Bouira, qui se limite à trois ou quatre fonctionnaires qui n’ont aucune prérogative». Islam, un quadragénaire issu de la commune d’Ain Bessam, expliquera : «Au début du mois d’avril dernier, les responsables nous ont promis que nos dossiers allaient être examinés, mais à ce jour, aucune réponse, favorable ou défavorable ne nous a été transmise et on attend toujours!».
Il y a lieu de rappeler que les dossiers des souscripteurs ont été déposés en 2003 et depuis… plus rien ou presque. Il fallait attendre jusqu’en 2007 pour que la première tranche soit versée et le projet a été délocalisé parce que le terrain est litigieux. Il a fallu deux ans pour qu’un autre terrain soit trouvé.
Logements sociaux : L’interminable attente
Toujours dans le chapitre du logement, mais cette fois-ci celui des logements sociaux, plusieurs dizaines de citoyens, 200 selon nos estimations, ont tenu un rassemblement devant le siège de la daïra de Bouira. «C’est le silence radio sur ce dossier, d’où des déclarations contradictoires qui sont d’ailleurs vite démenties après», déclarent avec indignation les manifestants. Le mécontentement se lisait sur tous les visages. «Nous ne demandons qu’une seule chose : la distribution des logements sociaux dont la construction est achevée, conformément aux instructions du Président de la République, relayées par le Premier ministre et le ministre de l’Habitat», nous a indiqué un demandeur de logement rencontré sur le lieu.
«Cela fait 20 ans que j’ai déposé un dossier de demande de logement. Aujourd’hui, je suis devenu grand-père de 60 ans et je n’ai pas encore reçu de logement. La distribution se fait par sectarisme et favoritisme», tempête un vieux demandeur de logement qui a tenu à assister à ce rassemblement de protestation, malgré le poids de l’âge. Un autre dira d’un ton colérique : «Dans un premier temps, les responsables de la daïra nous ont indiqué que l’opération d’affichage est reportée pour ce mois de juillet 2015, mais nous sommes presque à la fin du mois d’août et l’on nous avance encore une autre date qui serait pour le mois d’octobre prochain. Alors là nous commençons à douter de l’existence d’un programme de logements de type social».
Las d’attendre, ces citoyens dont la majorité disent qu’ils «vivotent» dans des taudis de zinc, espèrent que les autorités concernées, à leur tête le wali et le chef de daïra de Bouira, mettent fin au suspense et aux «zones d’ombres» qui entourent ce dossier. «S’il y a des appartements à attribuer, qu’on passe à la phase suivante consistant à nous délivrer des décisions de pré-affectation et alors là nous pouvons encore attendre une année s’il le faut. Mais s’il n’y en a pas, qu’on nous le dise tout aussi clairement et qu’on arrête de jouer avec nos nerfs», ont-ils martelé
El Esnam : Le CNLST dans le viseur des chômeurs
Dans la daïra de Bechloul, à une trentaine de kilomètres à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, une centaine de jeunes chômeurs, essentiellement issus de la commune d’El-Esnam, ont observé hier matin, un rassemblement devant le siège de la daïra, pour réclamer ce qu’ils qualifient de droits au travail et aux recrutement au niveau des différents opérateurs économiques installés dans la région. Ainsi, c’est aux environs de 10h30mn que ces jeunes ont «envahi» le parvis du siège de la daïra.
Après quelques dizaines de minutes de «manif», une délégation composée d’une dizaines de repentants a été reçue par le premier responsable de cette institution en vue d’écouter d’abord les préoccupations de la frange juvénile de cette commune et par là même trouver ensemble les voies et moyens à mettre en œuvre pour absorber un tant soit peu ce phénomène qui prend sérieusement des propositions préoccupantes. Après avoir entendu les interventions de la majorité des éléments de cette coordination, le chef de daïra a illico presto appelé le maire d’El-Esnam et un responsable de la SNTF qui n’ont pas tardé à le rejoindre dans son bureau pour tirer au clair cette question du chômage dont se plaignent les jeunes de cette localité.
À leur sortie de la rencontre qui a duré jusqu’à la première heure de l’après-midi de cette même journée, les représentants des jeunes chômeurs d’El-Esnam nous ont fait part de leurs préoccupations soulevées. Sur ce, Hamid nous dira : «nous avons informé le chef de daïra de la situation qui prévaut dans notre commune, particulièrement le point relatif au chômage qui a pris la part du lion du débat. Beaucoup de nos jeunes trainent dans la rue et se trouvent malgré eux des assistés et dépendants, et ce, par le manque criant des postes d’emploi alors que notre région attire de plus en plus d’investisseurs». Pour en savoir plus sur cette problématique de recrutement, notre interlocuteur tente d’être explicite en affirmant que «le site de la station climatique de Tikjda en est la parfaite illustration. Beaucoup de postes d’emploi ont été créés mais, hélas, ils sont affectés à des gens venus d’ailleurs !».
D’autres points, et pas de moindre importance, ont été également soulevés par les représentants de cette coordination, à l’image de la voie ferrée qui devait, selon leurs propos, ouvrir ses portes aux jeunes de la localité. Avant de quitter les lieux, les jeunes chômeurs d’El-Esnam nous ont informés qu’un rassemblement devant le CNLST de Tikjda aura lieu le vendredi prochain à l’effet d’attirer l’attention de son premier responsable sur ce qu’ils qualifient de dépassements dans la gestion des postes d’emploi et leur affectation. Et pour en savoir plus sur cette question, nous nous sommes rapprochés du premier responsable de cette institution, à savoir le chef de la daïra de Bechloul, ainsi que le maire d’El-Esnam. Ce dernier nous a présenté tout un plan relatif à l’investissement dans sa commune et dira : «El-Esnam dispose d’une zone d’activités de treize lots. Malheureusement, certains ont été concédés dans le passé à des personnes n’ayant aucun lien aux placements financiers.
Aujourd’hui, cette même zone dispose d’une clouterie qui fait travailler quand même une main d’œuvre et prend en charge des familles. Un autre investisseur en boissons gazeuses ne tardera pas à lancer son activité et, enfin, un autre producteur d’ascenseurs qui, lui aussi, lancera son projet incessamment. Ce dernier, ajoute l’édile d’El-Esnam, dégagera 50 postes d’emploi destinés aux jeunes de la localité». Pour ce qui est des autres créneaux, le maire nous affirme qu’à la révision des PDAU, un élargissement de la zone d’activité interviendra par l’ajout de six hectares et demi à même de dégager 11 autres lots pour recevoir d’autres investisseurs. Et, selon toujours ses propos, le maire nous apprend qu’il a, en concertation avec un privé dégagé une assiette foncière pour faire venir un opérateur économique spécialisé dans la fabrication de l’aluminium. Quant au problème du centre national sportif de loisirs de Tikjda, le maire affirme que le taux de recrutement concernant les enfants de la région est, selon les chiffres qui lui ont été communiqués, de 52%.
De son côté M. Zeghmache, chef de daïra de Bechloul, affirme à propos du sit-in décidé par les membres de la coordination des jeunes chômeurs d’El-Esnam : «de notre part, nous allons discuter avec le premier responsable de ce centre mais tout de même, nous ne pouvons en aucun cas enfreindre la loi». Tout de même, le chef de la daïra s’est montré engagé à prendre à bras-le-corps les préoccupations de cette structure tout en associant les différents partenaires dans l’espoir de trouver une issue à cette situation complexe qui ne va nullement dans le sens d’une prise en charge de cette frange de la société menacée par les différents fléaux sociaux qui la guette quotidiennement.
Ramdane B./ S.M.

