Recueillement à Bouira…

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S’inscrivant dans un contexte de commémoration, la visite effectuée jeudi à Bouira et dans la daïra de Souk El Khémis, a permis au secrétaire général de la wilaya qui assure l’intérim en l’absence du wali, parti en congé, de mener simultanément deux actions : se recueillir sur les carrés des martyrs et y déposer des gerbes de fleurs, et procéder à des inaugurations et à des inspections dans les sites où il s’est rendu avec sa délégation.

Au carré des martyrs devant le siège le la wilaya, à gauche, il y a eu peu de monde finalement, ce matin, en dehors des directeurs de l’exécutif au complet qui rentraient des congés, de quelques élus, de quelques membres de partis et de quelques moudjahidines. À cette occasion, deux dates ont été soulignées pour justifier l’importance prise par cette journée dans la mémoire collective : le 20 août 1955 qui coïncidait avec le soulèvement constantinois à l’Est du pays et qui allait gagner l’ensemble du pays, et le 20 août 56 qui a donné à la révolution une assise politique pour appuyer la branche armée, le traité de la Soummam. S’étant rendu ensuite au complexe sportif Drid Ahmed, non loin de l’Ecotec, le responsable par intérim de la wilaya qui a pris connaissance de deux expositions de robes traditionnelles et de photos représentant les grandes figures de la Révolution de 54, a donné le coup d’envoi du tournoi de foot inter-quartiers.

Constatant que le complexe est confronté au problème d’éclairage, il a donné des instructions afin de lui trouver une solution rapide, et pour que la clôture en grillage soit renforcée. Enfin, avant de mettre le cap sur Souk El Khémis, chef-lieu de daïra, à une cinquantaine de kms à l’Ouest de Bouira, il a assisté à l’exécution de kata de karaté et de Taï Kwando par de jeunes athlètes (garçons et filles). À l’entrée de Souk El Khémis, où il est arrivé vers dix heures, le SG a visité une unité secondaire de la Protection civile dont la réalisation accuse un certain retard, car le projet d’un montant de 85 228 228, 62 DA n’est qu’à un taux d’avancement estimé à 20%.

Le délai de 15 mois lui paraissant trop long, il voulait le ramener à 12 mois en préconisant de doubler l’équipe composée de 25 ouvriers et d’accélérer ainsi la cadence des travaux. Même retard constaté au niveau du boulevard, long de 1,3kms. Le projet portant amélioration urbaine d’un montant de 52 868 700 DA, avons-nous compris, a démarré le 6 décembre 2014. Le taux d’avancement des travaux est de 50%, alors que le délai de 6 mois est dépassé de loin. Mais ce retard est justifié par le passage du réseau d’AEP.

Or, les essais effectués la veille sur le nouveau réseau de distribution n’ont pas été concluants. Ce qui a mis les habitants de cette localité dans une grande colère. Ils accusaient l’entrepreneur de bricolage et de lenteur exagérée. Selon certains citoyens, moins de 30% des foyers sont branchés. Le SG a répondu qu’à ce stade, les choses se compliquent toujours et s’est accordé deux semaines pour ramener l’eau dans tous les foyers. «Notre nous sommes fixés comme délai le mois de Ramadhan, s’est-il désolé. Mais l’essentiel est que maintenant, l’eau est arrivée».

Ainsi, les cités 10/700 logements et les 90 logements non encore branchées devront patienter encore quinze jours pour pouvoir disposer de l’eau courante. Une éternité pour cette population qui s’est longtemps alimentée en eau potable au moyen de citernes à partir du lieu-dit Chellala qui dispose d’un forage. Selon certains citoyens, la daïra de Souk El Khémis est oubliée, en dépit des grandes batailles dont elle a été le théâtre pendant la Révolution de 54. Le général De Gaulle, inquiet par la tournure prise par les événements au niveau de cette zone fortement boisée et accidentée, y serait descendu, refusant de croire que quatre avions furent abattus dans une des batailles de cette guerre qui s’est déroulée à Souk El Khémis en 57 ou 58. Là se trouvait l’une des plus grandes casernes de la région.

Un des citoyens, aujourd’hui à la retraite, affirmait avoir vu le Général descendre de son hélicoptère qui avait atterri à l’endroit où se trouve actuellement le cimetière des chouhadas, où, ce jeudi, une gerbe a été déposée par le SG dès son arrivée. L’hélicoptère du généralissime était escorté par sept autres. Il s’était rendu ensuite à la caserne, en face, de l’autre côté de la rue. Il est seulement dommage que ces souvenirs n’aient pas été évoqués devant les autorités. N’était-ce pas l’occasion ? Les mêmes récriminations attendaient le premier responsable par intérim au village El Mokrani, à une quinzaine de kms plus à l’Ouest encore. L’eau n’est parvenue aux foyers qu’à hauteur de 80%.

Ainsi, le plus gros village de la daïra, en l’occurrence El Houadchia, ne peut espérer être alimenté par le réseau mis en place, car dès que la station de pompage est mise en route, les conduites éclataient. Pour éviter ces incidents, il faudra une seconde station. Ce qui signifie qu’il faut lancer un autre projet. Se pose alors le problème de son financement. Le SG a suggéré de le prendre en charge par le biais du PCD, entres autres. Mais cela ne pourrait se réaliser avant 2016.

Le premier responsable a également écouté les doléances des habitants d’Erkoun, un hameau de 20 logements, manquant d’eau, de routes et d’électricité comme il a écouté cette frange de la population exclue du logement social (il y en a eu 30 de distribués) en raison de leur salaire élevé et qui ne peut non plus bénéficié de lots, les terrains à El Mokrani étant privés. Le SG a déclaré qu’il était disposé à accueillir toutes les propositions à ce sujet. Pendant qu’il visitait la nouvelle structure administrative, une opération d’aménagement de vingt locaux non exploités pour un montant de 15 000 000 DA, un ancien condamné est revenu pour nous sur ce drame passé il y a 50 ans.

Âgé aujourd’hui de plus de 90 ans, il a été fait prisonnier avec trois autres dans la bataille qui a eu lieu le 14 août 56 à El Karma Zarga, à 12 kms au Sud d’El Mokrani. En 1960, il a été miraculeusement gracié alors qu’il pourrissait à Sarkadji avec d’autres camarades. En prison, il n’a pas vu la bataille de Soufflat qui a dû avoir lieu en 57 ou 58. Ainsi se récrivait ce jeudi une des pages les plus glorieuses de notre Histoire.

Aziz Bey

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