Nos bergers ont plus d'un tour dans leurs sacs! Des astuces, ils en ont à revendre.
Depuis la nuit des temps, les bergers, confrontés aux multiples difficultés, s’ingéniaient à les surpasser avec des astuces, et surtout avec un savoir-faire dont, eux seuls connaissent les secrets. Les « bobos » qui touchaient leurs cheptels étaient soignés avec des recettes traditionnelles, allant même jusqu’à pratiquer des rites qui sont, de prime abord, irrationnels, mais qui finissaient, la plupart du temps, par être tout bonnement efficaces! Comme cette astuce pratiquée, jadis, et qui consistait à soigner la diarrhée ovine en attachant à la queue du bovin malade une bande de tissu rouge! «Mon grand-père procédait ainsi, à chaque fois qu’un ovin souffrait de diarrhée.
Et ça marche! La maladie disparaît comme ça sans aucune explication!», témoigne un jeune homme de la localité d’Ath Mansour. Ce n’est là qu’un exemple de ces innombrables pratiques « bergères » lesquelles, à en croire ce qui se dit à ce sujet, donnaient de bons résultats! Avant la généralisation des services vétérinaires au niveau des localités agropastorales, les bergers et les paysans recouraient, faute de mieux, à ces procédés traditionnels et sans effets secondaires.
Les vieux connaisseurs dans ce domaine, qui relève à la limite de l’empirique, ont beaucoup de choses à dire là-dessus! Mais bon, nos ancêtres avaient cette « science » parallèle à celle de la civilisation occidentale, qui laisse vraiment pantois le plus cartésien des cartésiens! Cependant, il nous semble que tout ce savoir-faire ancestral commence à se perdre parmi les éleveurs et les bergers, maintenant que les vétérinaires existent en grand nombre, et qui peuvent, avec tous les traitements dont ils disposent, pallier largement aux recettes de grand-mère!
Tiklilt, le fromage artisanal
Sur un autre registre, nos bergers sont, en vérité loin de ce cliché figé qui fait d’eux de « misérables » gens, errant partout avec leurs troupeaux, là où il y a de l’herbe! C’est dans nos montagnes hautes perchées que ces éleveurs stoïques ont inventé il y a des siècles, le yaourt traditionnel appelé Aguglu ou Abuglu, selon la région.
Les pots de yaourt industriel que nous achetons et qui sont bourrés d’arômes, de colorants alimentaires et autres produits chimiques, sont très loin des « Aguglus » fabriqués de manière artisanale par nos valeureux bergers avec du lait frais de brebis, de chèvre ou de vache. Ce yaourt nature est fabriqué de nos jours, dans les villages hauts perchés situés dans la commune d’Aghbalou, comme Ivahlal, Takerboust et Ath Hamdoun, où l’élevage des cheptels occupe une place primordiale.
Aguglu ou Abuglu n’a pas besoin de passer par ces machines complexes en subissant des transformations pour finir dans les pots, loin de là le processus est ce qu’il y a de plus simple. Nos valeureux bergers, pour fabriquer du yaourt 100% naturel, mettaient du lait frais dans un récipient, auquel, ensuite, ils rajoutaient quelques gouttes de la sève de figues immatures (Aqurdaâ) qui coule des pédoncules coupées à cet effet. En laissant reposer quelques minutes, l’onction devient alors un véritable yaourt en caillant fermement!
Ce yaourt se consomme durant l’été seulement, avec la disponibilité des figues. Nos bergers fabriquaient, également, un fromage artisanal appelé communément Tiklilt. Tous ces produits laitiers sont confectionnés naturellement sans aucun additif ni produit chimique, d’où leurs avantages sur le plan nutritionnel et sanitaire. Malheureusement, la production se limite strictement à la consommation locale et vivrière.
Toutefois, lorsque l’on sait qu’il existe de petits villages en France, par exemple, où les fromagers fabriquent des fromages de renom et de façon artisanale en plus, lesquels n’ont rien à envier à nos fromagers (bergers), cela fait mal au cœur.
Y.Samir

